Session parlementaire - Dernier acte d’une Assemblée rocambolesque


La session extraordinaire du Parlement se clôturera le 5 février. Une date qui coïncide avec la fin du mandat des députés. Un baroud d’hon­neur ? La session extraordinaire qui a démarré, hier, est la dernière pour l’Assem­blée nationale suivant la configuration de ses membres actuels. Comme l’édicte la Haute cour constitutionnelle (HCC), dans un avis publié le 16 février 2018, « les pouvoirs de l’Assemblée nationale et le mandat des députés qui la composent, issus des élections du 29 décembre 2013, arrivent à échéance le 5 février 2019 à minuit ». La date du 5 février, justement, coïncide avec la fin de cette session extraordinaire, comme le prévoit le décret de convocation adopté en conseil des ministres, la semaine dernière. L’acte de convocation du Parlement pour cette réunion impromptue prévoit, en effet, un délai de sept jours, à compter du 30 janvier, c’est-à-dire, à partir d’hier. Dans un discours arrosé de proverbes et expressions habituels, en ouverture de la session extraordinaire, Jean Max Rakotomamonjy, président de la Chambre basse, a indiqué que les députés procèderaient aux travaux législatifs suivant leur conviction et l’intérêt supérieur de la nation. Il a, aussi, réaffirmé l’échéance de leur mandat soulignée par la HCC. Cette session, de sept jours, pourrait être la dernière occasion pour les élus de l’institution sise à Tsimba­zaza de s’illustrer dans leur rôle de législateurs, de balise des actions du pouvoir Exécutif et d’évaluation des politiques publiques. Des attributions prévues par la Constitution. L’ordre du jour ce rendez-vous impromptu devrait, justement, leur en donner l’occasion. Visage pitoyable Cette législature qui arrive à terme a, en effet, montré une image déplorable de la pratique politique, notamment, au sein des institutions parlementaires. L’Observatoire de la vie publique (SEFAFI), dans un communiqué publié, hier, décoche un constat impitoyable sur le sujet. « La législature qui s’achève aura montré le visage le plus pitoyable qui soit de l’Assemblée nationale et du Sénat », peste le SEFAFI. L’organisation de la société civile assène, particulièrement, une semonce sur le nomadisme auquel se sont adonnés avec désinvolture la majorité des députés. Une transhumance politique favorisée par la Haute cour constitutionnelle, selon le SEFAFI, dans une décision où l’institution d’Ambo­hi­dahy a levé le principe du mandat impératif. La majorité des élus à l’institution de Tsimbazaza, l’ont été sous des couleurs « indépendantes ». La plupart d’entre eux se targuaient d’incarner « le renouveau de la classe politique et des pratiques politiques ». Ce qui n’est pourtant pas le cas. Le nombre important d’indépendants siégeant à l’Assemblée nationale semble avoir ouvert la boite de Pandore qui renfermait toutes les dérives politiques et parlementaires. Les tentatives de motion de censure contre le gouvernement et celles de mise en accusation aux fins de déchéance du président de la République, engagées par les députés ont cadencé la vie politique durant le précédent quinquennat. Des soubresauts qui ont commencé dès le début de la législature. Le mandat des députés a, en effet, été marqué par la destitution des membres de son bureau permanent. Le coup d’envoi d’une série de péripéties où les alliances conjoncturelles, les prises de position au gré de divers intérêts, notamment, financiers tendaient à devenir la règle. Même dans les rares moments où les députés ont joué leur rôle constitutionnel, des intérêts particuliers ont toujours pris le pas sur l’intérêt supérieur de la nation. Bien que leur mandat soit peu exemplaire, les chuchotements entendus et les gesticulations vus à Tsimbazaza, indiquent que plusieurs veulent rempiler pour cinq ans de plus à la Chambre basse. Face à cette perspective, le SEFAFI s’interroge, pourtant, « les partis politiques oseront-ils présenter ces “vendus”, aux prochaines législatives ? Et les citoyens rééliront-ils des élus qui ont trahi leurs électeurs et se sont laissé corrompre, au vu et au su de tous ? ». 31
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