Antaninarenina - Michaëlle Jean rencontre les chefs de partis de l'opposition


En visite à Madagascar, la secrétaire générale de l'OIF a rencontré les leaders des formations de l'opposition hier. Elle prône la préservation des acquis démocratiques. Prétexte. Michaëlle Jean, secrétaire générale de l'Organisation de la francophonie (OIF), a débarqué à Madagascar hier après-midi. Officiellement, cette visite a pour objet de voir les résultats du Programme d'appui et d'accompagnement à la création d'entreprise, mis en œuvre par l'Agence malgache de développement économique et de promotion d'entreprise (AMDP). Officieusement, l'escapade en terre malgache de ce chef de l'Exécutif de l'organisation francophone a plus trait à la politique que l'entrepreneuriat social. Michaëlle Jean a profité de ce passage dans la Grande île, qui a duré moins de vingt-quatre heures, pour jauger le niveau des tensions politiques. Après la cérémonie à laquelle elle a pris part aux côtés de Hery Rajaonarimam­pianina, président de la République à Iavoloha, la secrétaire générale de l'OIF a convié les chefs des formations politiques dont sont issus « les députés pour le changement » à l'hôtel Colbert Antaninarenina. Des rencontres non-inscrites dans le planning officiel de sa visite. Les anciens chefs d'État Marc Ravalo­manana et Andry Rajoelina, respectivement chefs de file du parti « Tiako i Madaga­sikara » (Tim), et du Groupe des partisans de Andry Rajoelina (Mapar) ont été aperçus à Antaninarenina. Tout comme Hajo Andrianai­narivelo, leader du parti « Malagasy miara-mihainga » (MMM), qui a également rencontré le numéro un de l'OIF. La teneur de la réunion que Michaëlle Jean a tenu successivement avec ces personnalités politiques ne devrait être connue que lors du point de presse qu'elle prévoit de donner avant son départ aujourd'hui. D'après les informations diffusées par une presse privée de la capitale hier, Michaëlle Jean souhaitait écouter ces chefs de parti. Préserver les acquis La déclaration qu'elle a faite à son arrivée à l'aéroport d'Ivato hier indique, toutefois, qu'elle avait aussi un message à transmettre aux protagonistes de la crise naissante. La secrétaire générale de l'OIF se joint au reste de la communauté internationale et lance un appel au dialogue. Une recherche de solution consensuelle et non violente qui ne mettra pas en péril le processus électoral dont la première échéance sera la présidentielle, en fin d'année. « Préservez de toutes vos forces ce que vous avez durement et fièrement regagné en 2013. Le retour des institutions et de l'État de droit et par-dessus tout, la démocratie, en sachant que tout est perfectible. Vos idées comptent. Exigez de les exprimer dans un climat apaisé, sans violence, sans risque de dérapage. Aujourd'hui, le monde retient son souffle et veut vous voir réussir. Le monde veut vous voir porter et vivre un processus électoral dans les meilleures conditions », soutient Michaëlle Jean. Les manifestations qui se tiennent quotidiennement sur le parvis de l'hôtel de ville Analakely, depuis le 21 avril, sont conduites par la coalition des soixante-treize « députés pour le changement ». Lors d'une virée à Mahajanga la semaine dernière, Marc Ravalomanana a déclaré que le mouvement sur l'ancienne place du 13 mai se situe à un niveau parlementaire, et ne concerne pas notamment le parti Tim, ni lui qui en est le président national. Le message que le mouvement est une initiative des députés et dépasse les clivages partisans est martelé sur la place du siège de l'administration de la capitale. « Les députés pour le changement », qui comptent intensifier les manifestations cette semaine, refusent le dialogue et la médiation, particulièrement internationale « tant que nous n'aurons pas l'autorisation de la population », affirment-ils. Étant donné cependant l'omnipotence, du moins des chefs de file du Mapar et du Tim sur leurs membres, il est peu probable que les parlementaires issus de ces formations aient pris pareille initiative sans le feu vert de leurs chefs respectifs. Reste à voir si les entretiens d'hier, ont convaincu les chefs d'amener les députés à changer de posture face à la médiation. Garry Fabrice Ranaivoson
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