Régions - Androy et Anosy - L’eau, un problème permanent


Les régions d’Androy et Anosy sont les plus atteintes de la pénurie d’eau. Elle est la bienvenue peu importe d'où elle vient. Elle coûte très chère car au bord de la RN 13, un bol d’eau potable est proposé au passant contre 200 ariary. [caption id="attachment_72559" align="alignleft" width="300"] Les ravitailleurs en eau par charrette.[/caption] À la conquête d'une source. L’eau potable devient un luxe dont la population ne peut pas jouir. La région Anosy et surtout l’Androy présentent depuis toujours de graves problèmes en termes d’approvisionnement en eau. En raison de son caractère précieux, les besoins qui en découlent se limitent à la consommation. Le bidon de vingt litres s’achète à 1 000 ariary, une fois acheminé dans les ménages de la commune d’Amboasary Sud. Les difficultés liées à la rareté de l’eau freinent l’épanouissement de la population. Les habitudes doivent se conformer au niveau de satisfaction restreinte. Cet mode de vie est intégré dans la sphère sociale. Au vu d’un désir partagé, le prix ne garantit pas le niveau de salubrité et ne différencie pas non plus sa provenance. La facture peut augmenter de façon exorbitante selon le gré des revendeurs pour des ménages éloignés des sources d’eau potable. « Nous pouvons vendre jusqu’à cinq barils de deux cent cinquante litres d’eau en une journée, l’acquisition d’un tracteur serait une aubaine car le marché est grand », raconte un jeune natif d’Amboasary Sud de la région Anosy. Selon l’Alimentation en Eau dans le Sud ou (AES), un organisme basé à Ambovombe sous tutelle du ministère de l’Eau, de l’assainissement et de l’hygiène (MEAH), et en même temps responsable de l’alimentation en eau potable dans la partie Sud de Madagascar, le prix du mètre cube aux bornes fontaines publiques s'élève de 4 040 ariary à 6 000 ariary pour les bornes particulières. [caption id="attachment_72560" align="alignright" width="300"] On s’empresse de recueillir l’eau de pluie.[/caption] Le long de la RN13, reliant Taolagnaro à Ihosy en passant par Ambovombe, le contraste est saisissant. La végétation verdoyante laisse place à une flore typique des climats secs avec des cactus en bordure de la route. La production agricole dépend grandement des rares précipitations. Selon des habitants du fokontany Ampotaka, dans la commune de Beloha, les dernières pluies sont tombées il y a deux ans. Cette localité figure parmi celles les moins avancées en termes d’approvisionnement en eau potable. « Nous éprouvons une grande précarité liée au manque d’eau, et nos cultures en pâtissent. Chez nous, la période de sècheresse peut durer jusqu’à sept mois. Mais si Dieu nous donne de la pluie, nous pourrons produire du maïs, des citrouilles, du sorgho (apemba), des lentilles (voanemba), etc. Et nous pourrons entamer les récoltes au bout de quatre mois », explique un habitant d’Ampotaka lors d’un regroupement des villageois. D’ailleurs, ces derniers ont lancé à l’attention de l'État, lors du passage du ministre Roland Ravatomanga, pour le suivi du projet d’adduction d’eau, et un appel en vue d’apporter des solutions au problème d'inaccessibilité à l'eau potable. Projet en cours En effet depuis plusieurs années, différents projets, à gros budgets, pour l’adduction d’eau potable ont été initiés dans ces collectivités mais ils n’ont résolu que peu, ou pas du tout, la situation. Ainsi, une initiative nippone financée par l’Agence de coopération internationale japonaise (JICA) a consisté à transporter de l’eau vers les zones qui n'y ont aucun accès. Sur certaines routes, plusieurs plaques affichent divers noms de projets d’approvisionnement en eau potable. Ce qui est signe des très nombreuses initiatives appliquées pour remédier à cette problématique d’accès à l’eau potable d’une part et d’irrigation agricole d’autre part. Utiliser le soleil pour avoir de l’eau potable. Cent quarante mille personnes dans les communes d’Amboasary, Maroalimpoty, Maroalimainty de la région Anosy, et Beloha et Tsihombe, de la région Androy, pourront jouir du projet d’adduction d’eau potable initié par le MEAH. Signalons que l’Anosy compte environ sept cent mille habitants, soit vingt-huit personnes au km2. Une importante délégation du ministère a effectué une descente de deux jours dans ces régions, une mission qui s'est achevée le 25 novembre dernier. L’objectif a consisté à contrôler, sur sites, l’avancement des travaux dans la mise en place d’un système moderne d’approvisionnement en eau potable par l’exploitation de l'énergie solaire, pour ces collectivités. [caption id="attachment_72561" align="alignleft" width="300"] Les habitants d’Ampotaka ont exprimé leur détresse face à une sècheresse de deux ans.[/caption] « Ce projet utilise la technologie de pointe », précise le ministre Roland Ravatomanga lors de la visite de la station de pompage au passage de la rivière Mandrare à Amboasary Sud. L'État malgache, soutenu par l’UNICEF, a financé le projet à hauteur de 32 milliards d’ariary. Il consiste à puiser de l’eau douce, à deux mètres de profondeur, sous le lit de la rivière Mandrare à Amboasary Sud, et à vingt-deux mètres pour la rivière Menarandra à Ampotaka, Beloha Androy. « Ce projet diffère des précédents par l'exploitation d’une énergie renouvelable provenant d’un champ de panneaux photovoltaïques, vu le fort ensoleillement de cette partie de l’île », explique Didier Betsaroana, responsable des travaux. Le choix des lieux de forage tient compte d’un facteur important. Certains puits produisent une eau salée d’où la nécessité de la mise en place du pipeline pour conduire l’eau vers les zones qui ont une faible accessibilité à l’eau potable, voire aucune. En termes d’adduction, plusieurs points de distribution sont prévus pour le ravitaillement de la population. Le ministère de tutelle estime que les travaux seront terminés fin 2018 ou au plus tard en début d’année 2019. Les populations de ces zones pourront alors jouir de cet approvisionnement.
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