Macron l’Africain ?


Macron ne laisse pas de marbre la jeunesse africaine. Il faut dire que depuis toujours, plus encore après le fameux « discours de Dakar » de l’un de ses prédécesseurs à propos de l’Homme africain, tous les passages d’un ancien Président français en Afrique sont scrutés à la loupe. Le discours d’Emmanuel Macron, au Burkina Faso, n’est pas en reste. Celui-ci a d’ailleurs suscité de vives réactions avant l’heure. Les grands philosophes du continent comme Achille Mbembé et Felwine Sarrse se sont prononcés d’une manière ferme comme pour lancer un appel. « Africains, il n’y a rien à attendre de la France que nous ne puissions nous offrir à nous-mêmes ! ». Sans équivoque, les deux penseurs estiment que « la France reste un problème pour le continent » comme le rapporte le journal Le Monde. Fadel Barro, fondateur du mouvement Sénégalais « Y-en-a-marre », leader d’opinion incontournable en Afrique, s’est également exprimé sur le sujet par une petite vidéo. Il annonce que ce genre de discours devient une aberration. Imaginons, dit-il, qu’un président Africain aille en Europe, prononcer un discours sur l’Europe. Il s’est surtout indigné du fait que le président français a prévu un discours « historique » à l’endroit de la jeunesse africaine. Sa position est clair : « la jeunesse africaine n’attend absolument rien de son discours. C’est à la jeunesse africaine d’orienter ses actions, c’est à la jeunesse de continuer le destin qu’il s’est choisi. » Le discours de Macron à l’endroit des jeunes, qui s’est tenu hier devant un parterre de jeunes à l'université d’Ouagadougou, n’a pas, du moins pour le moment, suscité des réactions négatives. Macron a su « éviter » les polémiques concernant la question démographique qui a secoué le continent il y a quelques mois de cela. Les déclarations issues de cette rencontre sont symboliques, allant dans le sens de la volonté de collaboration. Parmi les principales annonces, la déclassification des dossiers sur l’assassinat de Sankara. De quoi réjouir les jeunes et moins jeunes activistes du continent. Une annonce qui arrive à point car cette année, Le Burkina et l’Afrique commémorent les 30 ans de l'assassinat de Thomas Sankara. Ainsi, le président français a promis que tous les documents français concernant l'assassinat du président burkinabé Thomas Sankara en 1987 seraient « déclassifiés ». Ce qui permettrait de dévoiler des pans entiers de ce mystère. Le journal Le Monde rapporte que M. Compaoré, qui vit en exil en Côte d'Ivoire depuis 2014, est soupçonné d'avoir participé au complot par de nombreux Burkinabés qui y voient aussi la main de la France, ancienne puissance coloniale qui aurait été gênée par la politique anticolonialiste de Sankara. Un autre grand pas de la part du président français qui reconnaît les crimes de la colonisation. D’après lui, « les crimes de la colonisation européenne sont incontestables » et qu’« Il y a eu des fautes et des crimes, des grandes choses et des histoires heureuses ». D’autres annonces ont été aussi faites, mais ces deux sont pour l’Afrique des fondements d’une relation qui évolue dans le sens positif. Alors, est ce que Macron a réussi à avoir le cœur de la jeunesse africaine ? Il est encore trop tôt pour y répondre. Toujours est-il qu’il a su, hier, éviter le piège de la condescendance, du paternalisme ou encore du donneur des leçons. Par Mbolatiana Raveloarimisa
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