Question de sondage


Le mot sondage n’a jamais été aussi populaire sur la toile et dans les médias que depuis le jour où la valse des chiffres sur les élections annoncée par la Friedrich-Ebert-Stiftung (FES) Madagascar a fait peur à certains. Sondage, enquête, questionnaire, recherches, interview, on peut changer de vocable autant qu’on le souhaite pour ne pas frustrer les esprits. Il est vrai que les objectifs ne sont pas toujours les mêmes. Suivant la définition du dictionnaire Larousse, sonder consiste à mener une enquête statistique dont le but est de connaître, à un moment donné, la manière dont se répartissent les opinions individuelles à propos d'une question donnée. Dans ce cas, on recherche à rapporter ce qu’un échantillon pense d’un sujet. Mais sonder peut également être une tout autre histoire qui consiste à faire croire à la masse une vraie fausse idée qui viendrait d’une portion de la population qui, elle-même, a été choisie d’une manière à répondre d’une manière manipulée. La valeur d’un sondage réside essentiellement sur les intentions, la notoriété et les intérêts de son commanditaire. Depuis le temps que la FES est à Madagascar, on pourrait discuter de sa démarche mais d’aucun ne peut avancer une mauvaise intention, contrairement aux candidats qui commandent, publient et usent de soi-disant « sondages ». Et pourtant, les responsables sont muets par rapport à ces pratiques. Dans ce « moov » (pour faire un peu jeune), un autre sondage est en cours. Espérons que le sujet dont il traite ne sera pas non plus une excuse pour interdire la publication des résultats car le thème est également polémique : la question de l’avortement à Madagascar. Hier, 28 septembre, était la journée internationale d’accès à l'avortement sans risque et légal. Les activistes qui luttent pour le droit des femmes, la défense des droits de l’Homme ont marqué le jour en lançant un sondage d’opinion. Madagascar est, rappelons-le, parmi les rares pays au monde où les droits de la femme à disposer de son corps sont de plus en plus étriqués. Les lois concernant l’avortement se font rigides et criminalisent même les besoins d’intervention, pour des raisons médicales, pour les grossesses à risques fatales pour les mères. Les auteurs de ce sondage espèrent avoir un échantillon plus large que celui de la FES. La limite reste le fait que l’enquête est menée par le biais des réseaux sociaux qui, certes, ne représente pas l’avis de tous. Mais l’initiative est louable et pourrait être une amorce à de futurs appels à référendum. C’est peut-être un peu utopique mais il faut bien rêver qu’un jour, à Madagascar, on puisse demander l’avis des citoyens sur des questions qui touchent vraiment la vie de la société et non pour juste dire « oui » ou « non » à des manœuvres politiques d’une bassesse inqualifiable pour toucher et triturer la constitution. La meilleure manière de gérer ce genre de situation explosive aurait été de multiplier les sondages pour que les citoyens puissent apprécier les résultats par comparaison. La censure n’est jamais la bonne méthode ni l’option la plus intelligente. Il suffit d’aller sur les réseaux sociaux pour en avoir conscience. En interdisant la révélation des vrais résultats, ceux qui ont fait la bourde ont fait foisonner d’innombrables faux pronostics.
Plus récente Plus ancienne