Bemiray - Religion - Les enfants du Prophète


[caption id="attachment_69807" align="alignleft" width="212"] Le Djihadiste Abu Mussab al-Zarqawi.[/caption] Dans ce numéro de Bemiray, Tom Andriamanoro consacre une large place aux Enfants du Prophète. Il donne notamment une brève chronologie qui, dit-il, peut aider à comprendre ce qui peut l’être de cet Islam assoiffé de sang, et dans lequel la grande majorité des Musulmans ne se reconnait pas. Dieu est un, mais l’Islam est plusieurs. L’Ummam, une communauté forte de 1,5 milliard de croyants, se répartit en trois grands ensembles : les Sunnites, majoritaires à au moins 85%, les Chiites (10 à 15%), et les Kharijites, quasi disparus hormis dans le Sud algérien. Les trois familles se subdivisent elles-mêmes en une multitude d’écoles, branches, ou confréries, chacune se réclamant de la vraie foi. Il existe des pays de tolérance où les différentes obédiences vivent en harmonie non seulement entre elles, mais également avec les autres religions, et sur le simple plan citoyen. C’est le cas de Madagascar où chaque mosquée va paisiblement sa route vers le paradis d’Allah, qu’elle soit à Ankorondrano, Andohan’Analakely, aux 67 Ha, ou du côté de Soavimbahoaka. C’est aussi le cas d’un pays comme le Sénégal, où aucune friction n’a jamais été perçue entre les confréries Mourides, Layènes, ou Tdjianes. Les croyants y vivent un Islam de paix et d’amour. Ce n’est malheureusement pas cet Islam-là qui occupe le plus souvent le devant de l’actualité mondiale. «Hussein nous voici », c’est à ce cri que des miliciens chiites se lancèrent à l’assaut du fief sunnite de Ramadi. Autre épisode de cette fureur réciproque, il y eut une fois sur Al Jareera, la chaine satellitaire qatari, un débat sur le thème : « Faut-il exterminer tous les alaouites de Syrie (Nb: une secte chiite hétérodoxe), femmes et enfants compris ?». Et ne parlons pas des faits d’armes sanglants d’Al Qaïda, de l’État Islamique, ou de Boko Aram de par le monde. À titre d’exemple-type de cet Islam dénaturé, on pourrait citer le djihadiste Al-Zarqawi qui, en 2003, prit la tête du combat anti-américain et étrenna les décapitations, dont celle de l’entrepreneur américain Nicolas Berg. Ennemi juré des Chiites, Al-Zarqawi les traitait de « serpents à l’affût, de scorpion fourbes, de poison mortel, de vipères au service de leurs maîtres juifs, acharnés à désunir la communauté musulmane ». Il finit sa vie sous les bombardements américains en 2006, laissant le flambeau à Baghdadi, patron de l’Organisation de l’État Islamique. Une chronologie sommaire peut aider à comprendre ce qui peut l’être de cet Islam assoiffé de sang dans lequel la grande majorité des Musulmans ne se reconnait pas. - 632 : Mort du Prophète Mahomet sans avoir laissé ni enfant mâle ni testament. - 680 : Meurtre par décapitation d’Hussein, fils du gendre de Mahomet, et devenu la figure de proue du Chiisme. - 765 : Naissance d’une grande famille chiite, celle des Ismaéliens. - 1171 : Fin de la dynastie fatimide en Égypte. Al-Azhar devient le pilier de l’Islam sunnite. - 1501 : Le Chiisme est déclaré religion d’État en Perse, l’actuel Iran - 1802 : Les Wahlabites détruisent les lieux saints chiites à La Mecque et à Médine. - 1970 : L’Arabie Saoudite rase les vestiges du cimetière Al-Baqi à Médine où est censée reposer Fatima, fille du Prophète et épouse d’Ali, le père d’Hussein. - 1979 : Révolution islamique d’Iran sous la conduite de l’Ayatollah Khomeiny. - 1980-1988 : Guerre entre l’Iran et l’Irak qui fera un million de morts. - 1982-1983 : Création, avec l’aide de l’Iran, du Hezbollah, milice armée chiite au Liban. - 1990 : Première guerre du Golfe. - 2006 : Début de la guerre confessionnelle en Irak. - Saddam Hussein est pendu le 30 décembre de cette année. - 2011 : Début de la contestation en Syrie contre Bachar Al-Assad. - 2013 : L’État Islamique en Irak et au levant (Daech) fusionne avec le front Al Nostra. - 2015 : Le président du Yémen fuit sa capitale devant l’avancée des rebelles houthis d’obédience chiite, armés par l’Iran. - Une coalition dirigée par l’Arabie Saoudite bombarde ces rebelles. - Juin de la même année est la date butoir pour la conclusion d’un accord sur le nucléaire iranien. Une guerre larvée couve en permanence entre les deux religions théocratiques que sont l’Arabie Saoudite sunnite et l’Iran chiite, faisant dire à un historien : « Les enjeux politiques ont été remplacés par des luttes confessionnelles qui apparaissent comme de meilleurs vecteurs d’influence. » Pendant ce temps, la toile n’arrête pas d’attiser la haine par de véritables appels au meurtre émanant d’un camp comme de l’autre. À Mahomet de reconnaître les siens, les vrais. [caption id="attachment_69808" align="aligncenter" width="300"] La guerre entre l’Iran et l’Irak, entre 1980 et 1988, fera un million de morts.[/caption] [caption id="attachment_69809" align="alignleft" width="300"] Dans la tauromachie malgache, les risques sont du côté des lutteurs[/caption] Tauromachie - La corrida de la discorde La paix ne se fera pas de sitôt dans un pays comme la France entre partisans et adversaires de la tauromachie. À ceux qui avancent des arguments culturels, les anti-corridas n’hésitent pas à parler de torture codifiée. La mise à mort devient même une délivrance pour l’animal, son calvaire commençant avant même l’entrée dans l’arène. La corrida est généralement reconnue comme un acte de cruauté tolérée dans certaines localités du Sud de la France. Les partisans se refusent au contraire à tout ramener à la condition « imposée » au taureau, puisqu’il s’agit de tout un ensemble festif allant des cérémonials à la gastronomie d’après spectacle. Même les chiffres de la fréquentation des arènes se contredisent, puisqu’ils vont de un million de passionnés aux trois-quarts de la capacité offerte par un haut-lieu comme Nîmes. En Espagne, une trentaine de villes se sont déclarer abolitionnistes. Toute cette tempête laisse de marbre la tauromachie betsileo ou « Savika », autrement plus spectaculaire et sans mise à mort . Au contraire, tous les risques sont du côté des lutteurs, lesquels exhibent avec fierté leurs blessures reçues au… champ d’honneur. [caption id="attachment_69810" align="alignright" width="329"] Les pirates sakalava n’avaient pas de pavillon, contrairement aux Anglais et Américains qui les avaient précédés. Ici le capitaine Kidd lance un lourd fût au pirate William Moore qui décèdera à la suite d’une fracture.[/caption] Histoire - Pirates sans pavillon Vers la fin du XVIIIe siècle et dans les premières décennies du XIXe, des « hommes de la mer » malgaches organisaient régulièrement des raids loin des côtes de l’île. Ces expéditions ont toujours étonné les historiens par l’audace, pour ne pas dire l’inconscience, de ceux qui y participaient. Leur destination était d’abord l’Archipel des Comores puis, à partir de 1800, la côte orientale de l’Afrique. Pour atteindre ces objectifs et en revenir, ils utilisaient des pirogues à balancier qui, aux yeux des navigateurs de l’époque, n’avaient aucune qualité nautiques pouvant permettre de tenir la haute mer. Eugène de Froberville décrivait l’organisation d’une de ces razzias en ces termes : « Lorsque le projet s’était répandu dans les provinces orientales de Madagascar, quelques chefs influents, après avoir déterminé leur contingent, se rendaient dans diverses parties de l’île, s’y informaient du nombre d’hommes et de pirogues que chaque région pouvait fournir à l’expédition, et marquaient ces quantités par des nœuds sur des lanières de cuir destinées à constater le nombre total de guerriers. Les promesses étaient solennellement prononcées, et religieusement exécutées. » L’époque du grand départ variait du mois d’août au mois d’octobre. Le lieu du rendez-vous général était fixé sur la côte Nord-Ouest vis-à-vis des îles Comores. Les pirogues des environs de Toamasina, montées de trente à quarante hommes, partaient les premières. Elles remontaient la côte et recrutaient celles des villages qu’elles longeaient. Arrivées à Vohémar, elles trouvaient un rassemblement considérable d’autres pirogues avec lesquelles elles reprenaient la route du Nord, en suivant la ligne des côtes, et en se renforçant de nouvelles embarcations. Elles doublaient le Cap d’Ambre et arrivaient soit à Nosy Be, soit dans l’une des baies avoisinantes où les pirogues venues de la côte occidentale les attendaient. Un chroniqueur du nom de Guinet de raconter la navigation de cette armada dans le Canal de Mozambique : « Dès le rassemblement effectué, c’était généralement un Antalaotra qui prenait la direction de la flotte composée, m’a-t-on-dit, de cinq cents à six cents pirogues en planches. C’est cet Antalaotra, à bord d’un petit boutre, qui donnait les directions à suivre. Pendant les jours de calme on nageait. Dès que la brise se faisait sentir, on mettait à la voile. La nuit, on faisait peu de toile et, pour ne pas se séparer, les pirogues s’amarraient deux à deux. Tous se guidaient sur le fanal que le boutre conducteur hissait en tête de mât. En cas de mauvais temps, la nuit on maintenait les embarcations au vent avec les avirons. Puis, à la grâce de Dieu ou du diable. » Cette navigation n’était pas, en effet, sans danger, naturel ou humain. C’est ainsi qu’en 1806, un navire portugais de soixante canons, l’« Embuscade », fut envoyé pour détruire la flotte malgache. Mais c’est l’inverse qui se produisit. Le vent étant tombé, l’« Embuscade » ne put manœuvrer et fut pris à l’abordage pour les Malgaches qui massacrèrent tout l’équipage. Mais la chance n’était pas toujours du même côté. En 1819, une flotte de plus de cent pirogues avec plusieurs milliers de combattants fut entièrement détruite par un cyclone, à en croire une lettre de l’évêque portugais du Mozambique. [caption id="attachment_69811" align="alignleft" width="300"] Une vue de la plage proche du Cap Spartel à Tanger, en août 2015.[/caption] Rétro pêle-mêle Le Maroc est aujourd’hui une destination touristique à part entière alliant la mer, la montagne, et une riche tradition culturelle. Et pourtant dans les années 90, le tourisme marocain se débattait encore dans des problèmes à première vue inextricables : mauvaise coordination des actions du ministère et de l’Office du Tourisme, accueil gangrené par les affairistes, mauvaise gestion du patrimoine foncier, taux de TVA sur les produits touristiques de 14% contre 6% pour la Tunisie et 0% pour Israël, séparation des départements du Tourisme et des Transports empêchant le Tourisme d’avoir un droit de regard sur les tarifs de Royal Air Maroc, valse des ministres du Tourisme (cinq en quatre ans ), Code des investissements obsolète… Un exemple à suivre de réussite, car le Tourisme n’est pas seulement une question de sites et d’illusion d’être le plus beau pays du monde. Lettres sans frontières PEARL BUCK In la famille dispersée La graine L’école ne tarda pas à devenir la plus grande distraction de la vie d’Yuan, car il aimait vraiment l’étude. Il acheta une grande pile de nouveaux livres qu’il tenait sous son bras, des crayons, et finalement, une plume étrangère comme en avaient les autres étudiants, et l’attacha au revers de son veston. Tous ces livres étaient un enchantement pour Yuan. Il tournait avec avidité leurs pages propres et inconnues et il désirait ardemment imprimer chaque mot dans sa mémoire et étudier, étudier encore pour l’amour de l’étude. Il se levait à l’aube, aussitôt éveillé, se jetait sur ses livres, apprenait par cœur les choses qu’il ne comprenait pas, des pages entières qu’il fixait ainsi dans sa mémoire. Et quand il avait pris son déjeuner matinal et solitaire, il se précipitait, marchant rapidement dans les rues encore à demi-vides, et était toujours le premier à entrer dans la salle de classe. Et si le professeur arrivait aussi un peu en avance, Yuan en profitait pour s’instruire et, dominant sa timidité, il lui posait toutes les questions qu’il pouvait. Ce qu’il préférait, c’était l’étude des plantes : le développement des graines, des racines et des feuilles, apprendre comment la pluie et le soleil pouvaient façonner la terre, à quel moment il fallait planter certaines semences, comment choisir les graines, et comment augmenter la moisson. Et Yuan apprit tout cela et plus encore. Il écrivait alors très peu de vers car il était trop occupé pour se laisser aller à la rêverie, et s’il écrivait, les mots venaient en chaos et il ne pouvait les assembler comme il le faisait jadis. « C’est intéressant et assez bien écrit, mais je ne comprends pas tout à fait ce que vous avez voulu dire », lui dit un jour son professeur. Yuan ne pouvait pas dire non plus correctement ce qu’il avait voulu dire, et il balbutia : « Je crois que j’ai voulu dire que, quand elle est enfoncée en terre, il arrive un moment, un endroit peut-être, où la graine cesse d’être matière pour devenir une sorte d’esprit, une énergie, une sorte de vie, un moment entre l’esprit et la matière… » --- Ah oui, lui répondit le professeur d’un air de doute. Je crains que ce ne soit pas très clair dans votre esprit.
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