Pour une révolution pacifique


De crise en crise, de l'interprétation à la violation des lois, de coups d'État en coups d'État, Madagascar est déchiqueté. Il est en train de sombrer dans des abîmes indescri­ptibles, sans aucun ménagement ni scrupules. Tous les «amoureux et amis du pays» se bousculent pour se parer de la meilleure étiquette de sauveur du pays, au nom de «la loi, du respect de la Constitution et de l'intérêt supérieur de la Nation». Je me permets de citer les propos de Ban Ki-Moon, le 03 février 2009: «Au lieu de coups d'État et de changements anticonstitutionnels, efforçons nous de faire en sorte que la démocratie prospère en Afrique». Démocratie, terme non maitrisé dans la mentalité et la culture malagasy, voire de certains pays d'Afrique, car c'est un mode de gouvernance imposé par l'Occident en contrepartie d'une aide financière pour les pays en voie ou à la recherche d'un développement. Il ne faut pas ainsi s'étonner si la démocratie continue d'être un vœu pieux. Madagascar des crises cycliques tous les 10, 9, 8 bientôt 5 ans. Sont elles devenues des nécessités pour rétablir un État de non droit? L'UA a proscrit l'accession au pouvoir par des voies anticonstitutionnelles et à même prévu des sanctions dans les cas d'une violation des principes démocratiques et de l'État de droit . Mais, elle a omis de prendre des dispositions pour ceux qui sciemment , par des moyens «constitutionnels» , font tout pour garder le pouvoir. La Communauté Internationale dont l'UA n'a pas su ou ne veut pas faire la part des choses entre, d'un côté, la nuisance des crises politiques et des coups d'État et, de l'autre, leur troublante nécessité. Plus troublant encore sa rapide réaction à venir au chevet de ces pays en crise qui génère une sensation de malaise auprès des acteurs de la vie politique, car ils se soldent souvent par des souhaits platoniques de voir s'installer un dialogue malgacho malgache pour aller vers une élection au suffrage universel à plusieurs adjectifs dont les plus connus sont libres, crédibles, transparents, inclusifs, équitables, acceptés par tous, honnêtes (selon la HCC), condition sine qua non de la démocratie et d'un appui budgétaire! Madagascar n'a, si on peut le dire, jamais connu ce genre d'élections. Mais on nous force à avaler la pilule amère. Les crises politiques et sociales ne sont pas à bannir d'office. Seule la déliquescence de l'État est à pointer du doigt comme fauteur de troubles et de crises. Elles ne viennent pas ou ne reviennent pas hanter le pays sans une cause tangible qui le ronge. Bien sûr, on serait tenté de dire que des perturbateurs existent, mais il n'y a pas de fumée sans feu ou comme diraient nos proverbes, «Hitsikitsika tsy mandihy foana fa ao raha». Comment en effet ne pas réagir quand la mauvaise gouvernance, la soif de pouvoir, la puissance de l'EGO, l'interêt alimentaire, le népotisme, l'ethnocentrisme,la justice du vainqueur, demeurent une véritable tare, profondément ancrée dans l'usage de la politique, non seulement à Madagascar mais dans le continent africain, l'Afrique des Indépendances en particulier. Comment combattre et faire entendre raison à tout gouvernant, de ne pas céder à la tentation de ces démons si bien enfoncés au coeur de l'État ? Prenons un autre cas. Nul ne saurait ojectivement nier, que les décisions rendues par la HCC le 25 mai 2018 sont des décisions politiques et qu'elle, la HCC, a outrepassé sa mission et son rôle. Le SMM a déclaré que «les membres de la HCC enfrei­gnent les règles déontologiques de sa profession judiciaire» et l'a accusée, urbi et orbi, de «déni de justice, en refusant de statuer sur l'objet de la requête qui lui a été soumise en émettant une décision de justice qui s'apparente à une convention politique». Il a été très clair, «la HCC entretient un climat d'impunité en constatant une infraction tout en s'abstenant de prononcer la sanction prévue par la loi à l'encontre de son auteur». Si ce n'est pas de la tolérance, cela y ressemble et on ne s'étonnera pas, si par ailleurs des infractions seront jugées non réprehensibles, car cette décision fera jurisprudence. Mais ici encore, la loi n'étant pas faite pour tout le monde, ne croyait surtout pas que cette tolérance s'appliquera au commun des mortels. Il devient alors évident que sous certaines condi­tions et dans certaines circonstances, l'on devrait qualifier d'exceptionnelles, les crises qui surviennent et pourraient être une issue nécessaire et libératrice d'un peuple appauvri ou d'un pays en voie de suicide politique. Elles deviennent une oeuvre qui représente un courage politique suprême. Les crises ne devraient pas cependant faire recette et devenir un mode d'alter­nance au pouvoir. par Ralitera Andrianandraina, ex Directeur de la HCC
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