Ba...gare routière


Voilà ce qu’on peut appeler de rejet de développement. Alors que tout le monde trouvait salutaire le déplacement du stationnement des taxis -brousse du Fasan’ny karana à Andohatapenaka et à Ambohimanambola, les coopératives de transport trouvent cela scandaleux. Après avoir accepté de déménager, ils sont revenus à leur capharnaüm préféré à coup de menaces de grève. Profitant du désordre politique et de l’impuissance de l’administration affaiblie par la crise et les manifestations du parvis de l’hôtel de ville, les transporteurs ont tout simplement déserté les nouvelles gares routières où les passagers ont été traités comme il faut, bénéficiant d’un égard particulier et de sécurité. La crise politique aidant, certains ont soufflé sur l’étincelle pour attiser la braise. Les autorités craignant un lynchage verbal, une incitation à la haine sur le parvis d’Analakely, ont préféré faire profil bas et avaler la couleuvre. Du coup, les nouvelles gares routières risquent d’être laissées à l’abandon faute d’utilisateurs. Aussi curieux que cela puisse paraître, la mairie d’Antananarivo a aidé les transporteurs à donner un coup de balai au Fasan’ny karana comme pour montrer sa désapprobation concernant les nouvelles gares routières en particulier celle d’Andohatapenaka. On se rappelle que le terrain avait été l’objet d’un vif litige entre la mairie d’Antananarivo et le ministère d’État chargé des projets présidentiels. Visiblement il reste des rancunes tenaces à travers ce soutien sournois de la mairie d’Antananarivo aux transporteurs. Le refus est donc plus politique que technique même s’il faut reconnaître qu’il existe un traitement inéquitable entre les coopératives de transport. Il faut que tout le monde sans exception rejoigne les nouvelles gares routières pour éviter une concurrence déloyale. Si des coopératives peuvent rester au Fasan’ny Karana ou à Ambodivona, sous prétexte qu’elles ont des enceintes privées qui ne gênent pas la circulation et l’ordre public, il n’est pas juste d’obliger les autres de déménager. Les usagers préféreront toujours garder leurs habitudes et éviter les longs déplacements à Andohatapenaka ou à Ambohimanambola, avec les coûts supplémentaires de transport qui vont avec. Les autorités doivent ainsi montrer leur intransigeance et mettre toutes les coopératives à la même enseigne. En outre, elles doivent raser le stationnement de Fasan’ny karana et puis le fermer à tout jamais. Autrement, il y aura toujours des transporteurs et des passagers qui s’y accrocheront. Et dans cette médiocratie généralisée, ils choisiront toujours le désordre, la saleté, la désorganisation du Fasan’ny Karana ou d’Ambodivona à la modernité, l’organisation et la propreté d’Andohatapenaka. C’est fondamentalement culturel. Il est impossible d’imposer des normes et des références à une population sans repère, dépourvue d’éducation, pataugeant dans une pauvreté du corps et de l’esprit. Il ne suffit pas ainsi d’assainir les infrastructures pour changer l’environnement, il fait d’abord assainir ceux qui vont l’utiliser autrement c’est peine perdue. Le développement de tout homme passe d’abord par le développement de tout l’homme aimait à ressasser Ratsiraka, durant l’époque révolutionnaire, pour bâtir une société sans souci où règne la justice et l’équité. Plus de quarante ans après, on voit bien que la révolution socialiste et toutes les autres révolutions qui ont suivi n’ont produit que des sous hommes incapables de préférer le moindre confort et de traiter ceux qui assurent leur existence, en l’occurrence les passagers, convenablement. On en est encore à la ba...gare routière digne des combats de survie de l’époque de la révolution industrielle. On peut donc mesurer le chemin qui reste à faire pour arriver au métro et au tramway.
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