Consanguins


Un Premier ministre de consensus entre des acteurs consanguins. Voilà l’équation que la Haute Cour Constitutionnelle a donné à résoudre au monde politique. D’abord un consensus ne pose pas de préalable. C’est un accord commun entre les concernés sans aucune balise, sans tenir compte des contraintes légales ou constitutionnelles. Là, on demande de trouver un Premier ministre de consensus tout en se référant à un cadre constitutionnel qui délimite le profil de l’oiseau rare. Le premier blocage se trouve à la définition de la majorité parlementaire à laquelle échoit la proposition du futur premier ministre de consensus. Faute de texte précis et clair, chacun y va de son interprétation. La HCC renvoie à un avis du 17 février 2014 stipulant que la proposition du Premier ministre revient au parti ou groupe de parti ayant obtenu le plus grand nombre de sièges lors des élections législatives. Un avis rendu par l’ancien bureau de la HCC, remplacé par la suite. Justement un autre avis définissant la majorité parlementaire et annulant le mandat impératif des députés a été rendu par le nouveau bureau rendant ipso facto caduque, celui de février 2014. C’était ainsi lors des nominations des trois premiers ministres de Rajaonarimampianina. On se demande pourquoi la HCC déterre aujourd’hui un avis que personne ne tenait compte y compris Mapar, le parti ayant la majorité parlementaire ? Pourquoi va-t-on changer de procédure maintenant alors que pendant quatre ans on s’est basé sur un avis aujourd’hui disparu ou désuet ? Autant l’arrêt de la HCC est plus un diktat qu’un jugement, autant les dispositions qu’elle impose prêtent à confusion. Il faudra vraiment avoir le talent d’un funambule pour trouver un Premier ministre à la fois de consensus et émanant de la majorité parlementaire. Dénicher l’heureux élu est une chose, débusquer quelqu’un qui remplit à la fois ces conditions tout en ayant les compétences requises pour le poste en est une autre. Il ne faut pas oublier que la mission du Premier ministre et de son gouvernement est de d’organiser des élections incontestables. Mais auparavant il doit pouvoir monter une gouvernement de consensus qui sera un ensemble cosmopolite dont les membres vont se surveiller systématiquement. L’homme devra ainsi avoir assez de poigne pour se faire respecter et assez de souplesse pour gérer des loups de différents horizons qui risquent de se manger entre eux au moindre partage inégal. Tout compte fait, la crise reste entière malgré l’arrêt rendu par la HCC. Il aurait dû faciliter les choses en ordonnant la nomination d’un Premier ministre sans saveur ni odeur et la mise en place d’un gouvernement apolitique pour préparer les élections. Les choses auraient été plus simples. Le consensus est le plus difficile à trouver quand on a affaire à des extrémistes dans un camp comme dans l’autre. Les médiateurs internationaux en savent quelque chose. Par Sylvain Ranjalahy
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