L’habit, les maux, le moine


Il est parfois utile de rappeler certains détails. Il y a quelques semaines en Irlande, lors d'un procès pour viol sur mineur, l'avocate de l'accusé, afin d'innocenter son client, a présenté le string de la victime aux juges. Par cet objet, elle cherchait à induire le consentement de la jeune femme agressée. Le verdict de ce procès fut donné: l'accusé a été déclaré non coupable et fut acquitté par le tribunal. La députée irlandaise Ruth Coppinguer s’est saisie de l’affaire. Devant le parlement irlandais, elle a brandi un string afin de dénoncer la défense de l'avocate dans cette affaire, l'invalibilité de la preuve et l'acte humiliant qu'a commis celle-ci envers la victime. L’affaire est bien évidemment devenue virale. En guise de réponse, de nombreuses femmes ont posté des photos de leurs sous-vêtements sur Internet avec le hashtag #thisisnotconsent et des centaines de personnes ont manifesté à Cork, en Irlande, afin de mettre au clair au moins une chose: ce que les gens portent ne définit pas leur consentement. Les vêtements ne sont pas du consentement. Non veut dire non, oui c'est oui. « Voilà ce qui se passe quand on ne couvre pas assez les jeunes filles », lit-on pourtant, trop souvent, lorsque l’on se promène dans les méandres tortueux des polémiques en tous genres qui fleurissent sur la toile malgache. Cette notion de culpabiliser la victime a la dent dure. L’aguicheuse n’a qu’à s’en prendre à elle. Hommes comme femmes s’accordent, fait rarissime, sur le sujet. En aucun cas, l’esprit de domination, l’abus de pouvoir, n’est ici remis en cause. Il est encore difficile, au nom de la vertu, de faire admettre l’iniquité du mode de raisonnement. Dans une société malgache prédominée par le fait religieux, les arguments doivent se bétonner, démontrer par A plus B que la frivolité revendiquée est punissable car outrecuidante. Et quand bien même ne serait-elle pas revendiquée, quand bien même le ou la « coupable » ne le serait que du délit d’exister, la société n’est pas encore prête à tolérer une telle liberté. Voilà pourquoi, de temps en temps, une piqûre de rappel est nécessaire. Car tout n’est toujours pas bien clair dans les esprits. Durant deux semaines, initiative heureuse, plusieurs mouvements de la société civile appellent à se mobiliser contre la violence liée au genre. Des femmes, des hommes, confrontés à des croyances et des préjugés dont on a du mal à se défaire. Ces deux semaines sont salutaires car elles auront le mérite d’en parler. Délier les langues, ouvrir les esprits, un premier pas pour se dire que si l’habit ne fait pas le moine, il ne définit pas non plus d’emblée la péripatéticienne. Rondro Ramamonjisoa
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