Jean Max RAKOTOMAMONJY - « Nous voulons une élection propre »


L’assainissement de l’environnement électorale, surtout, de la liste électorale est le combat commun des membres du collectif des candidats explique le porte-fanion du parti Leader Fanilo à la présidentielle. Quitte à rallonger les préparatifs il s’agirait d’éviter que le pays ne retombe dans ses travers. L’Express de Madagascar. Votre candidature a quelque peut surpris. Qu’est-ce qui vous a motivé ? Jean Max Rakotomamonjy. C’est peut-être une surprise pour les autres, mais pas pour moi. Dès mes débuts en politique j’ai pris part à des élections. Cela a commencer par une élection communale, une élection pour devenir conseiller provincial, sénateur et député. Formé en politique dans le parti Leader Fanilo avec feu le président Herizo Razafimahaleo, étant donné mon parcours, ma candidature est devenue logique, d’autant plus que c’est mon deuxième mandat à la tête du parti. Pourquoi le parti a choisi de présenter un candidat ? Cela découle du constat que la collaboration avec d’autres ne nous permet pas de mettre en œuvre notre projet de société, la vision du parti Leader Fanilo qui permettra, pourtant, de solutionner les problèmes du pays. L’une des valeurs du parti que nous perpétuons est, par ailleurs, que c’est par l’élection que l’on prend le pouvoir pour appliquer notre projet de société. Vous parlez de prise de pouvoir par les élections, vous faites pourtant partie des candidats qui réclament la réouverture de la liste électorale. Si j’ai posé ma candidature, c’est parce que je suis prêt à prendre part à l’élection présidentielle. Et je le réaffirme, je suis prêt à affronter les urnes. Mais elle doit être acceptée de tous, permettre la participation de tous et dont les résultats seront reconnus de tous. Certes, durant les décennies qui ont suivi le retour à l’indépendance, les approximations ont jalonné les élections et leurs résultats. Cette fois-ci, cependant, il s’avère que c’est la liste électorale, l’une des bases d’une élection crédible et transparente qui nécessite des corrections. Pourquoi ne faire cette revendication que, maintenant, à quelques jours du vote ? Ce n’est qu’après avoir déposé notre candidature que nous avons eu la faculté de faire des analyses de fond du processus électoral, d’avoir accès aux coulisses des préparatifs. Ce n’est que là que nous avions vu que l’audit de la liste électorale a été fait à partir d’un échantillonnage qui ne concerne qu’une seule région, la région Analamanga. Les électeurs non inscrits, les doublons et les erreurs sont pourtant légions dans plusieurs régions. Même à côté de la capitale, à Tanjombato. Mais pourquoi remettre en à cause le processus électoral ? Nous voulons une élection propre, acceptée de tous, où tous les électeurs peuvent jouir de leur droit de vote. C’est un droit consacré par la Constitution et les chartes internationales que nous avons ratifié. Nous voulons mettre en place l’Etat de droit et l’égalité des droits de tous les citoyens et l’égalité devant la loi. Il est temps de corriger les erreurs du passé. Avec autant d’anomalies dans la liste électorale, les résultats sont déjà biaisés. Celui qui en sortira vainqueur risque d’être mal élu. La loi, pourtant, impose le gel de la liste électoral. La loi est-elle au dessus du droit du citoyen ? Pour moi non. Corrigeons alors ce qui ne va pas. La Haute cour constitutionnelle (HCC), vient de souligner la distinction entre droit de vote et le droit à être électeur. Si tel est l’avis de la HCC, je regrette. Mais en tant que citoyen je me dois de défendre le droit de vote de mes concitoyens. Un droit qui leur est interdit d’être exprimé, aujourd’hui, pour diverses raisons. Le discours ces derniers jours, même vous l’avez dit au CCI Ivato, qu’il n’y a jamais eu de liste exacte dans le pays. A entendre votre précédente réponse, nous n’avions donc eu que des mal élus dans ce pays, dont vous ? Les crises cycliques dans le pays ont eu pour cause les élections. Notre démarche est, justement, pour éviter une nouvelle rechute. Nous craignons que cette élection n’entraîne une nouvelle crise, surtout à cause des failles de la liste électorale. A nous de voir, voulons-nous prévenir ou guérir ? Quelle est la finalité du mouvement du collectif des candidats ? Allez-vous contester les résultats ? Je vais vous dire une chose. Lorsque j’ai signé la charte de bonne conduite, j’ai dit que ce n’est pas seulement aux candidats que revient la charge de préserver la quiétude du processus électoral. C’est le rôle de tous les acteurs. A chacun de prendre ses responsabilités. Ils ont fait signer une charte aux candidats en pensant que d’eux viendront les contestations. Mais ça pourrait également venir de la population. Ce sont les candidats qui contestent le processus électoral, pour l’instant. S’il arrive à terme, quelle serait votre réaction ? Je ne suis pas devin pour dire comment allons-nous réagir. Mon devoir est d’interpeller pour prévenir d’éventuels troubles puisque la nation a déjà trop souffert. La population n’a que trop subi les conséquences des crises. Nous voulons, également, mettre en place l’Etat de droit qui implique le respect de droit de chaque citoyen. Vous-même reconnaissez ne pas être devin. Pourquoi alors, ne pas poursuivre le processus ? A vous entendre marteler le risque d’un péril, on tend à penser que vous voulez légitimer un scénario de crise déjà écrit. Nous tirons les leçons de l’histoire. Nous avons déjà vécu les conséquences d’une élection mal préparée. Nous constatons que c’est ce qui risque de se reproduire, aujourd’hui. Aussi, notre état d’esprit actuel entre dans la logique du principe «mieux vaut prévenir que guérir». Dans ce cas, quelle démarche comptez-vous menez si à l’issue du délai de 72 heures donné aux responsables étatiques, vous n’obtiendriez pas de réponse satisfaisante ? Je le redis, les responsables dans ce pays doivent écouter d’une oreille attentive l’expression de la voix de, ne serait-ce que d’une fraction du peuple. L’histoire du pays témoigne que les réactions précipitées ou l’entêtement n’a jamais été la bonne posture à prendre dans le pays. C’est la population qui prête son pouvoir aux responsables étatiques. La procédure par laquelle certains d’entre eux sont arrivés au pouvoir, d’autant plus, est contestable. Lorsqu’il y a des candidats qui parlent de manifestation populaire, d’autres de la mise en place d’une Transition, quel est alors, l’objectif du collectif ? La démarche commune du collectif des candidats est de réclamer l’assainissement de l’environnement électoral, surtout, la réouverture et le toilettage de la liste électorale, voilà. Il ne s’agit nullement d’un coup d’Etat. Nous ne réclamons pas non plus d’entrer dans le gouvernement. Parmi les candidats signataires de la résolution, il y en a peut-être, qui ont d’autres idées. Mais la motivation commune est l’amélioration du processus électoral. Le candidat Rakotomamonjy et le Leader Fanilo sont-ils pour le report de l’élection ? Je ne demande pas le report de la présidentielle. Le fait que je sois candidat indique que je suis prêt pour cette élection. Le pays n’est, néanmoins, pas condamné à subir les conséquences néfastes des mauvaises pratiques. De ce fait, cela (un report, ndlr), s’avère nécessaire et est faisable. Aussi, si cela est nécessaire et faisable, pour l’intérêt supérieur de la nation, il faudrait s’engager dans ce sens. Le candidat Rakotomamonjy et le Leader Fanilo prendraient-ils part à une éventuelle contestation populaire du processus électoral à l’issue du délai de 72 heures ? Jusqu’à maintenant, j’en appelle à tout un chacun de préserver l’apaisement et d’éviter les provocations. C’est la raison pour laquelle je demande aux responsables de faire preuve d’humilité et écouter toute la population. De prendre en considération les appréhensions autour du processus électorale afin d’éviter les réactions extrêmes. Un rapprochement est nécessaire. Je suis ravi du fait que le Président de la République par intérim ait accepté de nous recevoir, aujourd’hui (hier, ndlr). En cas de maintien du calendrier, le candidat Rakotomamonjy va-t-il se désister ? La loi ne prévoit pas de désistement à ce que je sache. Je me suis porté candidat pour affronter les urnes et parce que j’ai un projet de société que j’estime répondre aux problématiques de la population et du pays. Il n’y a alors, aucune raison pour se désister. Qu’importe le moment où se tiendra cette élection, nous sommes prêts. Nous faisons la démarche actuelle, parce que nous voulons le meilleur pour ce pays. Que les responsables démontrent aussi qu’ils sont prêts à mettre en place un Etat de droit et le respect des droits de chaque citoyen. Le candidat Rakotomamonjy et le Leader Fanilo accepteront-ils les résultats du vote du 7 novembre ? Il y a certains qui affirment qu’ils savent déjà le résultat de l’élection. Il y a ceux qui parlent de petits candidats. Nous, en tout cas, nous ne connaissons pas les résultats. Et si ils sont déjà connus à quoi sert de procéder au vote. L’élection doit être un processus normal et légal. Je ne peux pas prédire ce qu’il en sera. J’espère juste qu’il n’y aura pas de trouble à cause de l’entêtement des responsables à tous les niveaux.  
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