Vitres fumées, Police et corruption, jusqu’à quand ?


La gendarmerie pointe du doigt la police pour corruption, annonce la Une des journaux, il y a quelques jours. Mais même sans ces grands déballages médiatisés, ce phénomène qui a trop duré, est subi surtout par les automobilistes. Quand un policier t’arrête en pleine conduite, tu ne le fais jamais tout sourire car dans la majorité des cas, on sait ce qu’il veut : te corrompre. Si les papiers sont en règle et que tu ne te montres pas coopératif, il fera le tour de ta voiture pour aller voir quelconque fait pour une contravention. Mais si tout est en bon ordre, quel automobiliste ne connaît pas la formule suivante : « tsy misy café kely nga patron ? » pour vous dire de lui donner des sous pour qu’il puisse s’acheter du café. Depuis l’arrêté n°95282007 du 16 janvier 2007, les vitres fumées ont été proclamées interdites. Ce qui veut dire que l’arrêté en question devrait être en vigueur depuis maintenant dix ans. Sauf que, depuis tout ce temps, la vente et l’achat des matériaux pour teinter les vitres sont libres. De mal en pis, les infractions et vols contre les véhicules s’aggravent de jour en jour. Car, il faut le dire et le dire tout haut, pour la majorité de ceux qui sont amenés à acheter et faire poser ces films, ils le font pour autoprotection. Si la police faisait proprement son job pour sécuriser les parkings et contenir les vols durant les embouteillages, qui prendrait la peine de se faire poser ces vitres fumées ? Le directeur de la Sécurité publique (DSP) est fièr en annonçant que la Police nationale est passée à l’acte dans la mesure où après avoir entrepris des actions de sensibilisation qu’elle a menées avec le Ministère chargé des Transports, l’Agence des transports terrestres et la Gendarmerie nationale. Mais est-ce que ces Ministères, agence et forces de sécurité ont conscience que ces mesures sont plus des portes ouvertes à une corruption généralisée ces derniers jours ? Un bon dimanche matin, des petits groupes de policiers se mettent sur les grandes avenues et arrêtent toutes les voitures avec ces vitres. Ils demandent les papiers de la voiture et l’autorisation pour ces vitres fumées. Très logiquement, ces autorisations ne sont pas présentes vu qu’elles seraient l’apanage des « personnalités » suivantes : « aux Chefs d’institution de la République, aux diplomates, aux parlementaires (députés et Sénateurs, mais non pas des assistants parlementaires), aux membres du Gouvernement et aux officiers généraux en activité ». Mais est ce que ces personnes ont un quelconque problème de sécurité pour vouloir demander une autorisation spéciale ? Le papier manquant, le policier commence à monter le ton en annonçant la gravité de la situation, que l’infraction est sérieuse et qu’il est passible de contravention, voire de fourrière. Le prix est annoncé : 72 000 Ariary. Le plus choquant c’est que les policiers annoncent que l’on peut s’arranger et que c’est payable à leur niveau pour éviter les va-et-vient. De la pure corruption perpétrée en plein jour sans peur. Combien de voitures passe-t-il sur ces axes chaque jour ? Combien d’automobilistes ont le courage d’aller au bout des choses et d’accepter la contravention au lieu de payer 30 000 ou 40 000 Ar à ces policiers ? Pour notre part, contravention acceptée, demandée voire exigée après avoir bien fait comprendre au policier J.P. de la troisième compagnie que ce qu’il était en train de nous proposer était de la corruption. En retour, nous lui avons demandé des informations sur ce qu’un citoyen doit faire pour régulariser ces vitres. Et là encore, notre homme dit pouvoir s’en occuper moyennant quelque 50 000 Ar sans que ce soit la police et encore lui-même qui en a le pouvoir. Une fois encore remis à l’ordre, le policier annonce que c’est à l’Agence des Transports Terrestres (ATT) qui s’en occupe. Après de multiples recherches sur internet, l’ATT est joint au téléphone. Cette première personne n’en savait rien et donna le numéro d’une seconde personne. Cette dernière explique que ce n’est nullement l’ATT mais le Ministère du transport. Elle donna le contact d’une troisième personne travaillant au sein du service des transports qui n’est pas non plus en charge de ces fameuses autorisations. De fil en aiguille, il s’avère que ce soit directement le Secrétariat Général du Ministère qui s’occupe de traiter les dossiers de demande. Au final, personne ne sait qui fait quoi et sous quelles conditions dans cette affaire. Quoi qu’il en soit, des policiers véreux se font la part belle sur le dos des habitants de la cité qui prennent des mesures d’autodéfense contre les attaques de leur véhicule. Par Mbolatiana Raveloarimisa
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