Présidentielle - Les escarmouches commencent


La publication de la liste officielle des candidats à la présidentielle semble avoir décomplexé certains d’entre eux. Les discours s’intensifient et les meetings s’enchaînent. Déclen­cheur. La publication de la liste officielle des candidats à la présidentielle par la Haute cour constitutionnelle (HCC), a visi­blement sonné le coup d’entrée de tous les candidats dans une précampagne où tous les coups sont permis. En l’absence de règles, les prétendants à la magistrature suprême ne semblent s’imposer aucune limite pour appeler ouvertement les électeurs à voter pour eux. Les assauts verbaux contre les adversaires ont commencé. S’étant limité aux tournées politico-religieuses, jusqu’à l’annonce officielle de sa candidature, le 19 août à Toamasina, Marc Ravalo­manana, porte-étendard du parti Tiako i Mada­gasikara (TIM), est passé à l’offensive, samedi. Tout en tenant un discours de programme, l’ancien chef d’État ne s’est pas privé pour écorcher la gouvernance des deux Présidents qui l’ont succédé. Andry Rajoelina, candidat du parti Tanora Malagasy vonona (TGV), lui est sur le front depuis plusieurs semaines. Il était, notamment, à Fandriana, durant le week-end. Dans ses meetings, les invectives à l’endroit de ses adversaires étaient légions. D’autres candidats s’y sont également mis, même Hery Rajaonarimampianina, président de la République, porte-fanion du parti Hery vaovao ho an’i Madagasikara (HVM). Dans une partie de son discours, le locataire d’Iavo­loha a fustigé ses détracteurs, hier, à Fianarantsoa. Les candidats, toutefois, essaient de garder une certaine retenue dans leurs propos. Ce sont surtout, leurs partisans qui sont les plus virulents. Principes fondamentaux Sur les réseaux sociaux, par exemple, les débats et les passes d’armes, pour plusieurs, virent aux insultes entre les ouailles de quelques prétendants à la magistrature suprême. Les injures sont, aussi, adressés directement aux candidats. Sous un certain angle, l’absence de cadre juridique balisant la précampagne est une bonne chose, selon les observateurs. Il permettrait de prendre de l’avance pour exposer les programmes des candidats, étant donné qu’un mois de campagne électorale officielle serait insuffisant. Seulement, en l’absence de règle, une anarchie tend à s’imposer tacitement. La loi organique sur le régime général des élections impose pour la période officielle de campagne électorale le respect de l’unité nationale et du Fihavanana malgache. Le texte dispose, aussi, le respect de l’intégrité physique, de l’honneur et de la dignité des candidats et des électeurs, ou encore, celui de l’intégrité de la vie privée, ainsi que, la non-incitation à la haine et à la discrimination. L’am­biance de la précampagne passe outre, pourtant, ces principes fondamentaux, prévus par la loi organique précitée. Ces balises sont posées pour préserver l’apaisement et l’accep­tation par tous de l’issue du processus électoral car Madagascar est toujours dans l’apprentissage de la démocratie, selon les explications. D’autres principes fondamentaux, que sont la neutralité de l’administration et l’impartialité des lieux de culte sont, aussi, mis à l’index, actuellement. Bien qu’il soit toujours Président en exercice, les inaugurations et sorties politiques à profusion du candidat Rajaona­rimampianina, se confondent de plus en plus avec des meetings de propagande. Des événements diffusés en direct sur les médias nationaux et dominant leurs journaux télévisés et radiodiffusés. Des ministres s’y mettent aussi, pour le compte de leur camp politique respectif. Des candidats comme Fanirisoa Ernaivo, du parti Zanak’i Madagasikara (ZAMA), par exemple, dénonce ces faits qui trancheraient avec l’article 46 de la Constitution. « Il est interdit à toute personnalité exerçant un mandat public ou accomplissant des fonctions au sein des institutions candidate à l’élection présidentielle, d’user à des fins de propagande électorale, de moyens ou de prérogatives dont elle dispose du fait de ses fonctions », prévoit l’alinéa 4 de cette disposition. Une interdiction qui pourrait, pourtant, ne prendre effet qu’en période de campagne officielle.
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