Corruption - Le ministre des Finances s’esquive


Le grand argentier de l'État élude une interpellation sur les soupçons de corruption autour de l'organisation du sommet de la Francophonie. Dérobade. Avant la mêlée à propos des 4x4, des sujets autrement plus importants d'intérêt général ont été abordés, jeudi, durant les débats autour du projet de loi de finances 2017, à l'Assemblée nationale à Tsimbazaza. Le rapport des Organisations de la société civile (OSC), faisant état de « soupçons de corruptions » dans l'attribution des marchés publics pour l'organisation du sommet de la Francophonie, a été évoqué. « Interpellé », par le député Paul Bert Rahasi­manana sur le sujet, en vertu de « l'orthodoxie » financière, François Marie Gervais Rakotoarimanana, ministre des Finances et du budget, a éludé la question en refilant la patate chaude à d'autres entités qu’il a soigneusement omis de nommer. « Je peux vous assurer que lorsque le ministère des Finances est en charge de l'attribution des marchés publics, aucun paiement ne se fait et ne se fera sans appel d'offres. Mais sur ce sujet, le ministère des Finances n'est pas le seul à gérer l'argent », réplique-t-il, sans plus. Dans un rapport publié, mercredi, à l'issue de deux jours d'atelier, les OSC ont « souhaité attirer l’attention des autorités étatiques nationales ainsi que celle de l’Orga­nisation internationale de la Francophonie sur les dysfonctionnements que nous avons été en mesure de constater au niveau de la passation des marchés publics du XVIe sommet de la Francophonie ». Une affirmation faite sur la base de l'étude de 107 marchés publics pour le rendez-vous d'Anta­nanarivo qui n'incluent pas les grosses infrastructures. Gênant Le rapport soutient ainsi que sur les 107 marchés d'un montant total de « 25,6 mil­liards d'ariary, soit 8 millions de dollars, 54 ont été attribués par appel d’offres ou appel à manifestations d’intérêt et 53 par voie de consultation ». Le document ajoute, du reste, que « pour près des deux tiers des marchés, seuls un ou deux prestataires ou fournisseurs ont candidaté à leur obtention, un chiffre qui démontre une absence évidente de mise en concurrence effective. En revanche, seul un marché a fait l’objet d’une procédure de dévolution d’exception, en l’occurrence  un appel d’offres restreint. (…) Nous exprimons nos interrogations par rapport au faible nombre de soumissionnaires à ces marchés. (…) Dans plusieurs cas constatés, le montant du contrat final dépasse largement le montant estimatif initial ». Dans ce sens, les OSC « exigent » un audit à réaliser par des autorités compétentes. À entendre la réponse du ministre des Finances à la Chambre basse, son département pourrait être enclin à ne pas s'impliquer dans cette affaire « gênante ». Il y a quelques mois, des agents ayant plusieurs années d'expérience dans l'Inspection générale de l'État, ont été traînés devant le conseil de discipline pour avoir fouiné dans un dossier de passation illicite de marché public, impliquant de hauts responsables étatiques et leurs proches. Le rapport de la société civile indique que les dossiers de travail ont été fournis par la délégation générale de l’organisation du sommet de la Francophonie au secrétariat général de la Présidence. Questionné sur le sujet par des journalistes, à l'aéroport d’Ivato, hier, le président Hery Rajaonari­mampianina n’a pas caché une certaine irritation. « La régularité dans la passation de ces marchés peut être prouvée. Avant de faire de telles affirmations, je pense qu'il aurait fallu une discussion préalable. La vie de la nation a besoin de dialogue. Et j'estime que le respect est très important », soutient-il. La réaction présidentielle indique qu'effectivement le sujet « dérange ». Garry Fabrice Ranaivoson
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