Au nom de la liberté, n’oublions pas Raleva


Très certainement les décisions de la Haute Cours Constitutionnelle feront couler beaucoup d’encre en ce samedi. Il en sera de même sur les éventuels accrochages liés aux manifestations et démonstration de force ici et là dans la ville d’Antananarivo. Le contexte est très peu propice pour parler d’autres choses mais nous refusons de nous y conformer. Car Madagascar n’est pas seulement ce qui se passe à Antananarivo, sur la place du 13 mai, à Tsimbazaza et aux palais d’Ambohitsirohitra et Iavoloha. Aussi, nous aimerions ainsi pleurer le sort de Raleva qui n’a pas les moyens de crier et demander justice à la télévision, sur les places publiques. Le titre du communiqué de Amnesty International dit tout « Madagascar. Confirmation de la condamnation d’un militant écologiste». La cour d’appel de Fianarantsoa décide de maintenir une condamnation à deux ans de prison avec sursis contre le défenseur des droits humains, écologiste Raleva. Rappelons qu’il a contesté la légalité des activités d’une compagnie minière chinoise d’extraction d’or. Raleva est condamné pour «usurpation de titre». « À Madagascar le prix à payer pour contester les grandes entreprises est élevé » annonce Deprose Muchena, directeur du Bureau d’Amnesty International pour l’Afrique australe. Une fois de plus, les militants pour l’environnement et les droits Humains sont traités comme des criminels. Avec sursis ou pas, une condamnation est un acte qui souille la personne. Alors qu’en vérité, cette décision en plus d’être injuste est en faveur d’une minorité et lui donne la permission d’oppresser la population malagasy. Ce qu’on retient est que Raleva est juste le bouc émissaire pour donner un message clair et effrayant aux autres militants qui œuvrent en faveur des droits humains et de l’environnement : « ceux qui oseront s’ériger contre les intérêts financiers des politiques subiront le même sort ». Raleva a été reconnu coupable d'« usurpation de titre » en octobre 2017, après avoir remis en cause la légalité des activités d'une compagnie aurifère chinoise, Mac Lai Sime Gianna (M.L.S.G.) dont le gouvernement a par la suite ordonné la fermeture pour des raisons de non-conformité. Raleva a été arrêté le 27 septembre 2017 après avoir assisté à une réunion publique organisée par des représentants de la compagnie minière et par le chef de district. Durant cette réunion, il a exigé de voir les permis miniers délivrés à l'entreprise. Il a été libéré le 26 octobre dans l'attente de son procès. Les défenseurs des droits de l'environnement sont souvent incarcérés à Madagascar parce qu'ils s'interrogent sur des pratiques commerciales douteuses et leurs répercussions sur l'environnement, notamment concernant l'exploitation du bois de rose par les multinationales implantées dans le pays. Alors, attendons que les députés du changement ou ceux du vrai changement ou de l’on ne sait quel autre qualificatif passent à l’acte et soient vraiment les porte-paroles de la population qui crie à l’injustice face à ces pillages des ressources minières. Attendons voir s’ils iront aussi devant la cour d’appel de Fianarantsoa pour qu’une vraie justice soit faite pour ce citoyen exemplaire qu’est Raleva. En attendant que les « akanga aient des dents » (rehefa maniry nify ny ankanga), nous envoyons une très belle pensée à Raleva. Nous lui exprimons notre grande fierté d’avoir un vrai député comme lui, tout notre soutien à lui et à toute sa famille. Qu’il puisse trouver dans nos mots nos encouragements. par Mbolatiana Raveloarimisa 
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