Bemiray - Tourisme - La croisière, une place à prendre


[caption id="attachment_75180" align="alignleft" width="300"] Les touristes des bateaux de croisière
comme l’Ocean Dream sont habitués au luxe.[/caption] Le tourisme de croisière constitue une niche profitable à exploiter à fond pour Madagascar, particulièrement pour Nosy Be et Sainte-Marie : un minimum d’infrastructures, dont un port capable d’accueillir un paquebot et des moyens de transport pour les déplacements sur de courtes distances (par exemple, le cyclo-pousse bien aménagé et non pas le pousse-pousse afin de ne pas choquer certains croisiéristes « humanitaires »), et un maximum de profits pour le secteur, grâce à l’artisanat, le culturel, la restauration et les visites de sites. Dans un tout autre ordre d’idée sans relation avec la croisière touristique, Tom Andriamanoro nous rappelle que des pirates avaient écumé les côtes malgaches aux XVIIè et XVIIIè siècles. Le passage récent à Taolagnaro du navire de croisière japonais Ocean Dream a braqué le regard des observateurs touristiques vers ce pays asiatique qui, sans encore être pour Madagascar un « réservoir » au même titre que le marché français ou italien, n’est pour autant pas à négliger. Des agences comme Madagascar Airtours ou Transcontinents l’ont compris, elles qui travaillent avec une composante japonaise depuis longtemps. Mais il a fallu attendre 1997 pour que s’ouvre à Antananarivo une agence ciblant prioritairement le Pays du Soleil Levant, et tenue par un Japonais. À ses débuts, l’agence Arics de Ren Kurokawa ne s’est guère vraiment focalisée sur la clientèle touristique, assistant plutôt des groupes spécialisés dont des équipes de tournage TV. Ces réalisations audiovisuelles ont petit à petit ancré Madagascar dans l’esprit du public japonais, avec pour pôle d’intérêt la nature en général, les baobabs et les lémuriens en particulier. Le web a contribué à multiplier les thèmes, et on a assisté à une percée du culturel pour ne citer que les Vezo, le hira gasy, ou encore le famadihana. Les Japonais sont de grands voyageurs, et on a poussé jusqu’à la caricature ces images de groupes de touristes tout sourire, l’incontournable caméra en bandoulière. Au début des années 70, leur horizon se limitait à des destinations comme Bangkok, Singapour, Hawaï, ou l’île de Guam. Tels des ronds dans l’eau, le cercle s’est élargi, avalant Londres, Paris, New York, San Francisco, et le reste du monde, à une seule condition : les Japonais ne choisissent jamais des pays à problèmes, notamment politiques ou sécuritaires. Et comme ce sont de gros travailleurs qui ne prennent qu’un minimum de jours de vacances, ils se désintéressent des séjours où ils risquent de perdre du temps pour rien sur de mauvaises routes. C’est pourquoi, concernant Madagascar, la formule des croisières maritimes est ce qui leur convient le mieux : ils arrivent, découvrent le maximum de choses dans un périmètre réduit, dépensent leur argent, et s’en vont avec plein d’images dans leur appareil. Sayonara ! Un navire de l’ONG Peace Boat , propriétaire de l’Ocean Dream, est passé à Madagascar juste avant les évènements de 2002 avec six cents passagers, et un autre en décembre 2016. Les croisiéristes de Peace Boat recherchent surtout les échanges directs, et paient moins cher qu’ailleurs leur tour du monde.               Problème de visa Dans le marché mondial de la croisière, notre zone du Sud-Ouest de l’océan Indien ne peut pas encore s’aligner sur Les Caraïbes et leurs circuits Miami-Miami de dix jours, ou le Pacifique Sud où des bateaux comme le Club Med 2 ou le Paul Gauguin sont basés en permanence à Tahiti. On pourrait aussi citer la Méditerranée, la Mer Rouge, et l’Europe du Nord où il y a un gros trafic en juillet-août autour des fjords de Norvège : qui ne serait pas tenté par le soleil de minuit dans un environnement tout de blanc et de bleu ? Madagascar bénéficie quand même de deux accès plus qu’appréciables : l’un par l’Afrique du Sud, les croisières partant alors de Durban pour toucher Taolagnaro et continuer sur La Réunion et Maurice ; l’autre par le Kenya avec de fortes potentialités puisqu’il peut intéresser les bateaux de l’hémisphère Nord immobilisés durant l’hiver. On peut alors dessiner un itinéraire exceptionnel partant du Kenya et ses parcs nationaux, descendant sur la Tanzanie et Zanzibar avant de mettre le cap sur les Comores et Mayotte, continuer sur Nosy Be et Antsiranana, et remonter sur les Seychelles : l’assurance d’avoir une série d’escales dans des pays très différents les uns des autres. La croisière à Madagascar a, en fait, été pendant longtemps pénalisée par le problème de visas, la Grande île ayant été le seul pays de la zone à les faire payer alors que les séjours à terre dépassent rarement les quatre heures. C’est pourtant un tourisme qui profite exclusivement et directement à la population et aux opérateurs locaux, depuis les tireurs de pousse-pousse aux hôtels en passant par les artisans, les guides, les groupes artistiques. À espérer qu’il s’agit là d’une période bel et bien révolue… Réservons le meilleur pour le Ponan, fer de lance de la croisière écotouristique de luxe dans l’océan Indien. Propriété de la Compagnie des îles du Ponan, elle-même filiale de la compagnie maritime CMA-CGM, le Ponan est un trois-mâts de luxe de 88 mètres de long. Lors de son voyage inaugural en février 2005, une escale avait été programmée à Toamasina, offrant l’occasion de visiter un véritable bijou avec notamment ses trente-deux cabines doubles, ses salons et son restaurant gastronomique où l’esthétique le dispute au bon goût. La compagnie vend du Paris-Paris comprenant donc le préacheminement et le retour en avion sur la capitale française. Le dépaysement est garanti pour les croisiéristes du Ponan avec un accès à des sites préservés sous la conduite de spécialistes de la faune et de la flore. Autre avantage appréciable, entre deux escales les passagers peuvent s’adonner à tous les sports nautiques à partir d’un pont arrière ouvert. Rétro pêle-mêle Nous sommes en 2008. L’évènement est passé inaperçu sur le plan national, et pourtant cette année-là, la Vieille ville de Fianarantsoa qu’on appelle Tanàna Ambony intègre la liste réactualisée tous les deux ans des cent sites les plus menacés du World Monument Watch. Lancé en 1995, ce programme du World Monument Fund, basé à New York, attire l’attention internationale sur le patrimoine culturel mondial menacé par les conflits, le vandalisme, la négligence, ou également la pauvreté des populations concernées. Les sites sont sélectionnés par des experts indépendants à partir de soumissions faites par des gouvernements, par des organismes non gouvernementaux, ou par des professionnels de la conservation. Toutes les périodes de l’histoire de l’humanité sont éligibles, depuis l’Antiquité à l’ère contemporaine, et peuvent concerner aussi bien des sites archéologiques que des ensembles résidentiels ou des travaux d’ingénierie. Dans la liste 2008, Tanàna Ambony côtoie des sites comme Herschel Island au Canada, West Bank of the Nile à Luxor en Égypte, Pella Macedonian Tombs en Grèce, ou le Bumbusi National Monument au Zimbabwe. [caption id="attachment_75183" align="alignleft" width="300"] Un bateau de pirate du XVIIIè siècle.[/caption] Histoire - L’âge d’or de la piraterie Leurs nationalités ? Les pirates étaient anglais, hollandais, français, espagnols dans leur majorité, avec quelques exceptions suédoises, danoises, portugaises, ou italiennes. Il y avait même quelques mulâtres dans les rangs des « Frères de la Côte », une association créée par les boucaniers des Caraïbes. Avec la course au butin pour seule raison de vivre, très peu d’entre eux réussirent un retour à une vie normale. La destinée d’un pirate était de mourir soit au combat, soit de privation et de maladie, soit pendu sur quelque place publique. Vulgaires bandits des mers ou acteurs de la rivalité entre puissances maritimes, ils n’avaient par contre pas de leçon à recevoir en matière de démocratie. Le capitaine était élu à la majorité et n’avait de réel pouvoir de commandement que lors des abordages et du partage. Les blessures étaient dédommagées selon leur gravité : cent piastres pour un doigt ou une oreille, quatre cents pour le bras gauche et cinq cents pour le droit, mille piastres pour les yeux, ainsi de suite. Parmi les grands noms des Caraïbes figurent ceux de Henri Morgan, un ivrogne qui réussit à se faire anoblir à Londres, de L’Ollonais qui finit grillé à petit feu, de Bartolomeo Roberts qui captura, dit-on, plus de quatre cents bateaux, et surtout de Barbe Noire, Edward Teach de son vrai nom, qui cultivait son apparence diabolique. Quand les eaux des Caraïbes se firent malsaines, ils émigrèrent dans celles de Madagascar où ils trouvèrent tout ce dont ils avaient besoin, notamment de bons itinéraires commerciaux en direction de l’Asie ou de La Mecque. [caption id="attachment_75182" align="alignleft" width="300"] Ce lingot d’argent de plus de 40 kg sorti du fond
de l’océan à Sainte-Marie se serait trouvé
dans les cales d’un navire pirate. [/caption] Trafic pendulaire Les naufrages étaient fréquents sur la côte Est de Madagascar, et les possibilités de repli nombreuses entre Toamasina et Vohémar. En 1697, un capitaine de la Compagnie des Indes orientales rapporta que les pirates édifièrent, à Sainte-Marie, une cité de plus de 1 500 habitants protégée par cinquante canons. On y trouvait auberges, salles de jeux, maisons closes, marchés aux esclaves… Sainte-Marie était en relation avec des maisons de commerce nord-américaines, ce qui générait un trafic pendulaire d’alcool et de produits utilitaires dans un sens, de butin à écouler dans l’autre. Frederic Philips qui, avec quelques autres, se trouvait derrière cette activité protégée par le gouverneur Fletcher, était considéré comme le négociant le plus riche de New York. Dans le groupe de tête des célébrités de l’océan Indien se trouvait William Kidd, fils d’un pasteur écossais, qui coula sa frégate à Sainte-Marie avant de retourner en Amérique où il fut pendu. Grand parmi les plus grands était aussi Olivier Levasseur dit La Buse, originaire de Calais. Avant de se soumettre au bourreau en 1730, il jeta à la foule un document contenant des indications mystérieuses qui furent vite interprétées comme la carte de l’emplacement de son trésor. Aujourd’hui encore, d’infatigables rêveurs le recherchent du côté des Seychelles, de La Réunion, de Madagascar. Un chef d’État est même tombé dans le panneau, faisant certainement tordre de rire La Buse dans son feu éternel. [caption id="attachment_75181" align="alignleft" width="300"] Le vanillier a été introduit à Madagascar vers 1870, via La Réunion.[/caption] Lu pour vous - Une petite histoire de la vanille Le n°20 de l’ancien Magazine de tourisme de l’association Go To Madagascar avait fait appel à l’opérateur économique bien connu, Claude Andréas, pour en savoir un peu plus sur l’or vert. Extraits. Les gousses de vanille sont les fruits d’une plante tropicale de la famille des orchidées, connue et utilisée par les Aztèques du Mexique pour parfumer et améliore le goût de leur boisson favorite à base de cacao. Cet aromate, rapporté en Europe dès 1510 par les conquistadores espagnols, va faire les délices des cours royales d’Espagne et de France. La vanille accompagnait alors aussi le café, une autre boisson nouvelle très à la mode au XVIIè siècle. La reine Marie-Thérèse, infante d’Espagne et épouse de Louis XIV, fut une grande ambassadrice de tous ces produits exotiques qui commencèrent leur longue carrière grâce à son appui. Quelques lianes de vanillier furent introduites sur l’île de La Réunion, appelée alors île Bourbon, en 1819, mais c’est en 1822 que commença réellement sa culture. De là, la vanille gagna les autres petites îles de l’océan Indien dont Sainte-Marie et Nosy Be et, en 1870, la Grande terre de Madagascar où sa culture se propagea très vite sur toute la côte Est La vanille « fragrans », celle qui donna naissance à la vanille Bourbon, a aussi été cultivée dans d’autres pays comme Java, Tahiti, la Nouvelle Calédonie, l’Indochine, ou Porto Rico, mais elle n’y atteignit jamais l’importance qu’elle rencontra à Madagascar. Lettres sans frontières - Tononkira Paroles pour chant, dis-tu, paroles pour chant, O langue de mes morts, Paroles pour chant, pour désigner Les idées que l’esprit a depuis longtemps conçues Et qui naissent enfin et grandissent Avec des mots pour langes - Des mots lourds encore de l’imprécision de l’alphabet, Et qui ne peuvent pas encore danser avec le vocabulaire, N’étant pas encore aussi souples que les phrases ordonnées, Mais qui chantent déjà aux lèvres Comme un essaim de libellules bleues au bord d’un fleuve Salue le soir. Paroles pour chant, dis-tu, paroles pour chant, Paroles pour chant, pour désigner Le frêle écho du chant intérieur Qui s’amplifie et retentit, Tentant de charmer le silence du livre Et les landes de la mémoire, Ou les rives désertes des lèvres Et l’angoisse des cœurs. Et les paroles deviennent de plus en plus vivantes Que tu croyais en quête du chant ; Mais elles deviennent aussi de plus en plus fluides et ténues, Comme cette brise qui vient des palmes lointaines Pour mourir sur les cimes sourcilleuses. Elles deviennent davantage des chants, Elles deviennent elles-mêmes - ce qu’elles ont toujours été Jusqu’ici, en vérité. Et je voudrais changer, je voudrais rectifier Et dire : Chants en quête de paroles Pour peupler le silence du livre Et planter les landes de la mémoire, Ou pour semer des fleurs aux rives désertes des lèvres Et délivrer les cœurs, O langue de mes morts Qui te modules aux lèvres d’un vivant Comme les lianes qui fleurissent les tombeaux.  
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