Émerurgence


Un procès pour plagiat est dans l’air. Ils sont au moins trois citoyens qui aiment bien leur pays à rêver de l’émergence de Madagascar dans le concert des Nations. Le plagiat n’est pas forcément condamnable. Si la copie vaut mieux que l’original, il n’y a pas à s’en plaindre. Qu’importe la paternité du concept et de l’idée, l’essentiel est que, visiblement, tout le monde, de quel bord qu’il soit, pense du bien du pays. Ainsi depuis plusieurs années, Holijaona Raboans, l’ancien conseiller du Président Albert Zafy lance Émergence Madagascar qui est une vision pour mettre Madagascar parmi les pays émergents. Créer cent mille emplois en cent jours est un des projets d’émergence Madagascar parmi les soixante et une actions d’urgence à entreprendre. Hier à Iavoloha, le Président Rajaonarimampianina a développé Émergence 2030, une vision de développement qui englobe les grandes lignes de sa politique pour les dix prochaines années. Pendant une heure, retrouvant tableau blanc et estrade, cadre idéal du métier où il excelle le plus, celui d’enseignant, il a montré que Madagascar a tout le potentiel pour réussir et démontré que cela peut se faire. Rien à dire sur sa dissertation qui ferait pâlir d’envie les meilleurs pasteurs des sectes aussi bien en élocution qu’en conviction. Mais autant on peut croire les yeux fermés la bonne parole sans avoir besoin de la prouver selon l’évangile de Saint-Marc, autant il est facile de tracer un plan, de fixer des objectifs sans annoncer comment y parvenir. Didier Ratsiraka n’avait-il pas claironné en 2013 qu’il avait trois solutions pour sauver le pays et peut trouver facilement des millions de dollars de dons mais cela n’engageait que ceux qui croyaient. Il manquait des précisions, un cadrage chiffré, des actions claires, des décisions volontaristes dans Émergence 2030. Il fallait dire comment faire pour atteindre une croissance de 7% dans une conjoncture de plus en plus difficile où aussi bien la balance de paiement que la balance commerciale sont nettement déficitaires. Il fallait annoncer combien de milliards de dollars l’État allait investir, d’ici douze ans pour booster l’industrie, pour pousser l’agriculture en général et la riziculture en particulier. Quelle part du Pib l’État consacrerait à l’éducation, à la santé, aux infrastructures routières ? Quelles actions seront entreprises pour lutter contre la corruption, pour lutter contre le chômage, pour réduire la pauvreté, pour instaurer la bonne gouvernance, pour lutter contre l’insécurité...? C’est du moins ce que l’opinion attendait dans ce « show présidentiel » . Il y avait toutes les lettres mais il manquait surtout les chiffres qui rendent un projet concret et précis. On verra, ce jour, à Paris si l’ancien président de la Transition, Andry Rajoelina pourra faire mieux dans son Initiative Émergence Madagascar qu’il présentera à la diaspora. On se demande quelles solutions il va proposer pour les problèmes qu’il a laissés au bout de cinq ans de Transition. Ce qui est certain, c’est qu’il conçoit peut-être mieux aujourd’hui ce qu’est un État ou une nation après s’être retourné sur les bancs de l’école pour combler ses lacunes à l’image de Goerges Weah. L’ancienne vedette de Paris SG a compris que la notoriété, la popularité ne suffisent pas pour diriger un pays. Le nouveau président libérien est allé décrocher trois Mba aux États -Unis pour compléter son « ardoise ». On verra laquelle de toutes les copies convient à la situation qui prévaut à Madagascar où il faut, d’abord et surtout, trouver des solutions aux urgences du moment. Oui pour un plan de développement à long terme mais une Émerurgence 2018 ne serait pas mal. Par Sylvain Ranjalahy
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