Oif course


Les nationalistes irréductibles comme le vaillant James Ratsima n’ont pas tout à fait tort à défaut d’avoir entièrement raison. Quand un pays est incapable d’organiser une élection en toute indépendance et souveraineté avec ses propres fonds, il ne peut pas être maître de son destin et de son développement. Quel que soit le président élu à la prochaine présidentielle, il n’aura pas les coudées franches pour appliquer et concrétiser ce qu’il a promis pendant la campagne électorale. On parle beaucoup de financement étranger de certains candidats à cette élection sous la bénédiction de la Haute Cour Constitutionnelle, c’est l’État en lui-même qui se trouve prisonnier de l’assistance étrangère. La presse se réjouit que la liste électorale ait été auditée et validée par lOrganisation internationale de la Francophonie comme si aucun organisme national ne pouvait faire cet exercice. Il fallait donc une caution internationale depuis l’établissement de la liste électorale à la publication des résultats en passant par les opérations électorales pour qu’une élection soit crédible et acceptée par tous. Cette validation suppose donc que les résultats seront incontestables. Pourtant il y a beaucoup à dire sur cette liste électorale. Des le début, il semblait suspect que la Commission électorale nationale « indépendante » ait fixé à dix millions le nombre d’électeurs à atteindre contre sept millions huit cent mille en 2013. Comment peut-on faire pareille projection alors que la révision de la liste électorale n’avait même pas commencé ? Surtout que l’élection n’allait avoir lieu que dans quatre ans ? Au final, la Ceni n’est pas loin de son objectif avec un chiffre définitif de neuf millions neuf cent treize mille cinq cent quatre vingt dix neuf électeurs contre sept millions huit cent trente neuf mille deux cent soixante-huit en 2013. Soit une hausse moyenne de 25 % sur tout le territoire. Ce qui est exceptionnel entre deux élections. À croire qu’il y a plus d’électeurs que de naissances. C’est d’autant plus surprenant que le recensement électoral a été fait de façon expéditive depuis 2013 où beaucoup d’électeurs n’avaient pas été inscrits dans la liste. N’empêche, quand on sait que des millions d’enfants naissaient sans copie d’acte d’état civil, donc sans carte d’identité nationale, on ne peut que se poser des questions face à cette augmentation conséquente. Et quand on détaille cette hausse subite, on s’étonne du fait que les plus fortes augmentations se trouvent dans des régions à faible densité de population et classées zones rouges en matière d’insécurité où l’inscription dans la liste électorale est loin d’être une principale préoccupation des habitants affairés à protéger leurs personnes et leurs biens des méfaits des dahalo. Ainsi, à Androy le nombre d’électeurs est passé de 203 004 en 2013 a 314031 en 2018, soit une hausse exceptionnelle de 54,69 %. À Ihorombe le nombre d’électeurs est passé de 102 307 à 153 566 soit une hausse de 50,20 %. Et à Atsimo Andrefana, le nombre d’électeurs est passé de 387 980 à 552 837 soit une majoration de 42,23 %. En revanche les plus faibles augmentations sont constatées dans des régions très peuplées comme le Vakinankaratra où le nombre d’électeurs est passé de 702 569 à 804 834 soit une petite hausse de 18,82 % et l’Amoron’i Mania, où le nombre d’électeurs passe de 251 618 à 297 894, soit une augmentation de 18,39 %. Quel est l’objectif de cette manœuvre, à qui peut profiter le crime ? Voilà toute la question, étant donné que les nouveaux électeurs, fictifs ou réels, ne sont pas préalablement fichés pour voter pour un candidat défini à l’avance. Mais quel que soit le résultat, les nationalistes et les partisans de la refondation auront prévenu. Le mandat du nouveau président ne sera pas placé sous le sceau de l’indépendance et de la souveraineté. Il sera redevable à ceux qui l’ont fait élire. Et ce ne sont pas les électeurs.
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