Tournée - Andry Rajoelina en campagne


Qui peut l’arrêter ? En tout cas ce n’est ni le ministre de l’Interieur, ni le Premier ministre encore, moins la Ceni. Il n’a fallu que l’accord politique assorti de la nomination d’un Premier ministre et d’un ministre de l’Interieur Mapar pour que Andry Rajoelina obtienne un feu vert pour sa campagne avant l’heure. Sa tournée entamée vendredi à Mahajanga puis enchaînée, à Mampikony et Port-Bergé n’a d’autre sens qu’une campagne électorale en bonne et due forme avec renforts d’artistes et déploiement de moyens extraordinaires, en l’occurrence jets privés et hélicoptères. Justement les lois électorales avaient prévu d’interdire le financement de la campagne électorale d’un candidat par une société ou entreprise étrangère mais la Haute Cour Constitutionnelle a extirpé cette disposition comme par hasard. Outre Rajoelina, d’autres candidats ayant un patrimoine ostentatoire, à défaut de l’avoir déclaré au Bianco, ne lésineront pas sur les moyens à l’instar de l’ancien Premier ministre Jean Ravelonarivo, de l’ancien directeur général du Trésor Orlando Robimanana dont on chuchote la candidature et qui disposerait d’un bon... trésor de guerre, du pasteur Mailhol nanti d’une caisse divine... La campagne électorale risque ainsi d’être réduite à un déploiement de moyens faramineux, faute d’idées et de projets. Interdit de meeting en mars puis frappé de Notam avec son jet privé, voilà donc Andry Rajoelina affranchi de toutes contraintes administratives ou politiques grâce à l’accord politique assorti de la nomination d’un Premier ministre et d’un ministre de l’Interieur Mapar. Personne ne pourra plus empêcher sa marche en avant, en tout cas, pas le Premier ministre, ni le ministre de l’Intérieur, encore moins la Ceni. Le Premier ministre a beau avertir les fonctionnaires de bien respecter la neutralité administrative, le voilà en face d’un cas concret où les responsables font preuve de permissivité. À quel titre un particulier, candidat déclaré à la présidentielle peut-il faire une tournée, à la manière d’un Prési­dent faisant des promesses à la population ? Si ce n’est pas de l’usurpation, çà y ressemble. À cette allure, tout le monde peut en faire autant et on assistera à une grosse confusion pré- électorale. La Ceni se cache derrière l’inexistence de règle ou de législation définissant la période de pré- campagne électorale. On risque de se retrouver dans une cacophonie totale. La date de l’élection fait déjà l’objet d’un litige. Mapar exige une élection anticipée selon l’arrêt de la Haute Cour Constitutionnelle et propose fin septembre début octobre pour la tenue de la présidentielle. L’idée est d’accélérer la démission du Président, faute d’avoir obtenu sa déchéance. Le HVM s’en tient aux dispositions constitutionnelles, suite à l’accord politique qui rendrait caduc l’arrêt de la HCC et campe sur fin novembre et fin décembre. L’objectif est de maintenir le Président à son poste le plus longtemps possible. Le Premier ministre après avoir promis l’annonce de la date la semaine passée a préféré prendre du recul, alléguant des paramètres pas encore au point, en particulier le financement qui dépend des partenaires étrangers. La date de l’élection ne sera donc annoncée qu’après la fête de l’indépendance. Le fait est qu’il faut compter les quatre vingt dix jours avant le scrutin pour la convocation des électeurs et les soixante jours avant l’élection pour la démission du Prési­dent. Des candidats veulent devenir Président avant l’élection.
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