conjoncture - Le corps diplomatique à Iavoloha


Les ambassadeurs ont rencontré le chef de l'État hier. Connaître la position et les intentions du Président face à la crise en gestation en est la raison. Clarifications. Plusieurs voitures d'ambassadeurs ont emprunté le by-pass en direction du palais d'État d'Iavoloha, hier après-midi. Ils se sont ensuite donné rendez-vous sur l'aire de stationnement de la station Jovena Iavoloha, avant de converger vers le palais présidentiel. Selon les informations, confirmées par une source diplomatique, l'objet de ce déplacement était une rencontre entre Hery Rajaonarimampianina, président de la République, et le corps diplomatique. Les représentants de la communauté internationale auraient souhaité avoir des précisions sur la position du locataire d'Iavoloha vis-à-vis de la situation politique actuelle. Les ambassadeurs estimeraient que la position du chef de l'État sur le sujet serait quelque peu confuse. Ce qui rendrait difficile de se faire une idée sur ce qu’il pourrait advenir comme issue du bras de fer entre le pouvoir et l'opposition. Jusqu'ici, bien qu'il affirme être un homme de dialogue, les répliques du président de la République envers ses adversaires politiques sont énoncées sur un ton de fermeté. Qualifiant les actes de l'opposition de « coup d'État », il a lancé une « mise en garde » contre toute tentative de trouble, dans son discours à la nation dimanche. À la lecture du communiqué de presse du conseil du gouvernement d'hier, Solonandrasana Olivier Mahafaly, Premier ministre, et son équipe s'alignent sur la position présidentielle. Retenue et dialogue Le locataire de Mahazo­arivo qui, samedi juste après les affrontements entre les manifestants et les forces de l'ordre, a ouvert la porte au dialogue, parle lui aussi désormais de « coup d'État ». Dans une déclaration adressée à toutes les chancelleries hier, le ministère des Affaires étrangères les invite « à avoir une communication cohérente et coordonnée » avec la sienne. Dans cette déclaration, les manifestations d'Analakely sont indiquées comme une « démarche anticonstitutionnelle ». Le ministère des Affaires étrangères plaide que « Mada­gascar a besoin de tous ses amis pour défendre la démocratie, le respect de la Constitution et le fonctionnement régulier des institutions. Madagascar refuse tout ce qui est libertaire, attentatoire à la liberté. La liberté d'expression et celle de manifester ne signifient pas s'autoriser à prendre le pouvoir par la rue ». Les sources diplomatiques indiquent cependant que la communauté internationale reste « unanime sur l'appel à la retenue et le dialogue ». À la suite des évènements de samedi, les appels au respect des libertés et droits humains, et surtout au dialogue entre les belligérants politiques se sont succédé de la part de la communauté internationale. Une position qui aurait été exposée au président de la République hier. Pour certains représentants étrangers, les affrontements de samedi devraient être un électrochoc qui impulserait une recherche de solution concertée et consensuelle, qui mènera vers des élections crédibles et acceptées de tous, « pour aller dans le sens de stabilité ». La communauté internationale ne transigerait toutefois pas avec le principe du refus de toute prise de pouvoir extraconstitutionnelle. « L'obsession » internationale serait d'éviter de replonger dans les incertitudes et le chaos ambiants. « C'est le moment de se parler avec l’idée qu'on a une élection à préparer, qu'on réussisse le passage de cette épreuve démocratique. Que les élections soient inclusives et que tous les candidats puissent circuler librement et jouir d'une certaine égalité. Les lois électorales sont un préalable à régler », indique une source avisée. Garry Fabrice Ranaivoson
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