Conjoncture - Les évêques rongés par la résignation


À cause de la politique, l’argent est roi, l’égoïsme est la règle. Les évêques déplorent une cassure du lien social. Blasée. Dans une déclaration, hier, la Conférence des évêques de Madagascar (CEM) dresse, de nouveau, un tableau sombre de la vie nationale. D’un ton désabusé, elle se fait porte-voix des jeunes au lendemain de la Journée mondiale de la jeunesse Mada­gascar (JMJ-Mada), à Mahajanga, en octobre. Un événement qui est tombé pile en période électorale. « Éclairée par la lumière reçue durant la JMJ, la jeunesse se pose des questions sur l’avenir du pays. Trouvera-t-elle un bonheur mérité un jour ? Les valeurs malgaches recouvreront-elles leur place ? Pourrons-nous encore avoir confiance aux ainés, responsables au sein de la société ? », déclarent les évêques. Partant du constat de la jeunesse, la Conférence épiscopale affirme que l’égoïsme prend le dessus sur la quête du bien commun, l’argent est roi. Les participants de la JMJ ont constaté le délitement des liens sociaux. De plus en plus, la violence devient la règle. Pourtant, selon la CEM, les personnes qui devraient servir de modèle dans la société s’embourbent dans des querelles stériles aux dépens des simples citoyens. Destruction Comme lors de ses précédentes déclarations, la Conférence des évêques est sévère et directe dans les roustes verbales qu’elle inflige, surtout aux figures de la société. « Les valeurs qui font de nous des Malgaches, sont détruites. La vérité est morte. Les droits humains de plusieurs êtres humains ne sont plus respectés », affirme la CEM. À l’écoute de la déclaration des évêques, hier, la cause et le coupable du bourbier dans laquelle s’enfonce le pays, sont la mauvaise pratique politique par les politiciens. « Les politiciens ont détruit l’état d’esprit des simples citoyens », fustige la Conférence épiscopale. À entendre ses membres, la politique se résumerait à des affaires de gros sous, à des luttes d’intérêt et à des invectives mutuelles. « La vue des moyens faramineux déployés durant la campagne électorale intrigue et amène les plus démunis à s’interroger sur leur sort. L’harmonie de la famille est martelée et escomptée alors que c’est la politique du dénigrement, de la scission qui domine », regrette la CEM. Elle relève que, dans la frénésie politique, les valeurs que sont le dialogue, la tolérance, la recherche d’un consensus dans la quête du bien commun sont en perdition. La déclaration de la Conférence épiscopale d’hier, fait écho aux précédentes qui déplorent également la déliquescence des valeurs et la destruction des liens sociaux. Pourtant, les cris d’alerte et les dénonciations lancés par les évêques semblent n’être que des prêches dans le désert comme ils l’ont reconnu dans une de leurs déclarations. Résignée, visiblement, la CEM en appelle aux chrétiens et aux personnes de bonne volonté: « Sauvez notre patrie ! » Comme la population a voté, la Conférence des évêques de Madagascar demande alors que le choix de la population soit respecté. À la personne qui sera élue à l’issue de la joute électorale, elle demande juste qu’elle « respecte la parole donnée ». La CEM demande à celui qui sera élu de concrétiser les points qu’elle a proposés dans sa déclaration en date du 29 mai, dans laquelle elle relève les urgences sur lesquelles, selon elle, les prochains tenants du pouvoir devraient s’atteler à solutionner. La sécurité, le problème foncier, le relèvement de l’éco­nomie, la lutte contre l’inflation, le rehaussement du pouvoir d’achat, l’amélioration du système de santé, la lutte contre la corruption, figurent parmi les urgences identifiées par les évêques. La construction d’infrastructures routières, l’exploitation des ressources naturelles pour le bien-être de l’homme et de tout homme, l’emploi pour les jeunes, ou encore traiter la question de la Constitution, sont aussi relevés.  
Plus récente Plus ancienne