Bemiray - Monde - Le Brésil, entre mythes et réalités


Le chroniqueur de Bemiray nous emmène à la découverte de ce grand pays émergent d’Amérique qu’est le Brésil., son histoire, son présent, son futur menacé par la destruction de la forêt amazonienne qu’elle partage avec la Colombie, le Venezuela et la Colombie. Tom Andriamanoro revient à Madagascar, chez le peuple Zafimaniry dont l’art est, lui aussi, en danger car il subit de fortes influences étrangères. [caption id="attachment_72336" align="alignleft" width="300"] La forêt amazonienne subit la pression des grosses compagnies minières attirées
par les richesses de son sous-sol.[/caption] Dites « Brésil » et on vous répondra « Pelé ». Mais il n’y a pas eu que le Roi, car de son temps il y eut d’autres noms prestigieux pour ne citer que celui du dribbler magique Garincha ou du gardien Gilmar. Et puis vinrent d’autres joueurs mythiques au fil des générations : Zico le Pelé blanc, Socratès, Raï, Ronaldo El Phenomeno et Ronaldinho, pour aboutir très provisoirement à Neymar car la liste ne sera pas close tant que le Brésil sera le Brésil. Jamais un pays n’a été assimilé à un sport qui n’est même pas brésilien, mais a été importé à la fin du XIXe siècle par des migrants britanniques et allemands. Et dire que le football n’aura jamais d’autres rois que Pelé, alors qu’en 1921, le président Epitacio Pessoa publiait un décret interdisant aux Noirs d’être sélectionnés en équipe nationale pour raison, semble-t-il, d’image et de prestige. Une mesure conservatoire sans lendemain durable puisque, s’il est un pays prédestiné par l’Histoire à être multiracial, c’est bien le Brésil. De 1550 à 1850, le Brésil a absorbé près de 40% de la traite qui avait transité par l’Atlantique. Les Noirs étaient tout sauf résignés. À preuve, ils inventèrent la capoeira, un subtil mélange d’arts martiaux, de danse, et de chants. Il s’agissait pour eux de pouvoir s’entraîner au combat sans éveiller l’attention des gardes. La capoeira était assidument pratiquée dans les quilombos, ces refuges secrets d’esclaves en fuite dans des endroits difficilement accessibles. Les premières immigrations européennes remontent elles aussi au XVIe siècle, mais le pic fut atteint vers les années 1870 avec quelque 100 000 arrivées par an, principalement des Portugais, des Italiens, des Allemands, des Espagnols, auxquels s’ajoutèrent par la suite des Européens de l’Est et du Nord. La répartition de la population est actuellement de 47% de Blancs, 43% de Métis, 7% de Noirs, 2% d’Asiatiques, et 0,3 d’Amérindiens. [caption id="attachment_72337" align="alignright" width="300"] Les esclaves noirs avaient inventé la capoeira
pour s’entrainer au combat sans éveiller l’attention
de leurs cerbères.[/caption] Une grande réserve d’eau Le Brésil, cinquième pays le plus peuplé du monde, est composé de vingt six États et d’un district fédéral. Le Président, élu pour un mandat de quatre ans, est rééligible une seule fois. Dans ce pays très chrétien à majorité catholique, les Églises exercent une forte influence dans la vie politique, et interviennent même dans les débats des campagnes électorales. Au Parlement, les Évangéliques ont un groupe de quatre vingt douze députés. Du temps du Président Lula, issu du Parti des Travailleurs, élu en 2002 et réélu en 2006, le pays a accédé au rang de puissance émergente grâce au développement d’une classe moyenne qui soutenait massivement les réformes entreprises pour effacer les dernières séquelles de vingt ans de dictature militaire de droite soutenue par la CIA. Mais l’Histoire affectionne les trajectoires en courbes, et grande fut la stupéfaction de certains observateurs en assistant au revirement du Brésil vers l’extrême droite avec l’élection, le 29 octobre, de Jair Bolsonaro. Celui-ci ne tarda pas à offrir le ministère de la Justice au juge Sergio Moro, principal artisan d’une opération anti-corruption tournant autour du géant pétrolier Petrobras, qui conduisit à la condamnation et à l’emprisonnement de l’ancien Président Lula. Le Brésil a une richesse qu’il partage avec d’autres pays conne la Colombie, le Venezuela, ainsi que le plateau des Guyanes. Une richesse qui, s’il ne sait pas l’entretenir, risque de devenir son talon d’Achille. Il s’agit de l’Amazonie, une immensité de 5 500 000 km² traversée par le fleuve Amazone. C’est la deuxième plus grande forêt du monde, derrière la Taïga, et elle fournit 12% des réserves en eau douce du globe. C’est pourquoi le WWF a lancé un programme de sauvetage, le Living Amazon Initiative , et que l’Unesco a fondé plusieurs réserves de biosphères et inscrit des Parcs amazoniens au Patrimoine mondial de l’Humanité. Cette déforestation est en fait la résultante des conceptions du développement qu’ont les pays qui se partagent l’Amazonie. Concernant principalement le Brésil, il s’est construit un gigantesque réseau autoroutier au détriment de sa biodiversité pourtant exceptionnelle. Qu’on en juge : quatre-vingt-quinze espèces de fourmis y ont été répertoriées sur un seul arbre, presque autant que pour tout un pays comme l’Allemagne… À ces pseudo-exigences du développement, s’ajoutent les flux d’agriculteurs pauvres qui viennent principalement du Nord-Est et s’adonnent à des défrichages sauvages, ainsi que les grandes multinationales attirées par les richesses du sous-sol, notamment le fer, le cuivre, le manganèse, la bauxite, et l’or. Les experts prévoient qu’à ce rythme, 55% de la surface de l’Amazonie auront disparu d’ici 2030, et la quasi-totalité en 2050. De quoi faire réfléchir même si on n’est pas du pays du roi Pelé… [caption id="attachment_72338" align="alignleft" width="300"] L’Organisation de l’Unité Africaine est née le 25 mai 1963,
date qui fut fêtée comme étant la Journée de l’OUA.[/caption] Rétro pêle-mêle Et l’OUA perdit une voyelle …. L’Organisation de l’Unité Africaine est née le 25 mai 1963, une date qui fut fêtée dans tous les pays africains sous la désignation de « Journée de l’OUA ». Les États africains indépendants estimaient alors nécessaire une forme d’union face aux derniers soubresauts de l’esprit colonial. Plus que tous les autres, Hailé Sélassié recherchait une sorte de pacte d’assistance afro-africaine, traumatisé qu’il était par l’occupation brutale de son pays par l’Italie. Cette intention se dévoya en cours de route pour faire de l’Organisation un club très fermé de chefs d’États paradant chaque année d’une capitale à l’autre. Au fil de son inactivité, le fastueux palais de marbre et de verre érigé à Addis Abeba était progressivement occupé par la Commission économique pour l’Afrique des Nations Unies. L’édifice d’ailleurs se dégradait à vue d’œil. Et puis dans la nuit du jeudi 1er mai 2001, dans la ville de Syrte en Lybie, l’OUA patronnée par les pétrodollars de Kadhafi devint l’Union Africaine. Le mandat du Tanzanien Salim Ahmed Salim n’était pas renouvelé en raison, dit-on, de sa tiédeur religieuse. Il était remplacé par l’Ivoirien Amara Essy, bras droit de Laurent Gbagbo. Le but du changement était de constituer une entité calquée sur l’Union Européenne, que Kadhafi se serait fait un plaisir de présider. Cela ne s’est pas réalisé, et on conserva le principe de la présidence tournante. M. Ratsiraka aurait eu son tour en 2004, ce qui peut expliquer son acharnement à s’accrocher au pouvoir en 2002. Car être à la tête de l’organisation panafricaine est moins une charge éreintante qu’un titre de prestige. CHRONIQUE - Travail du bois - L’Art zafimaniry [caption id="attachment_72340" align="alignright" width="228"] Le véritable art zafimaniry se découvre à travers les objets à usage domestique.[/caption] On croit connaître cet art devenu synonyme de bon goût en matière de design, on ne connaît en réalité que ses imitations devenues une mine d’or sur le marché de l’ameublement. C’est pourquoi, il y a bien longtemps de cela, une Revue de Bord du nom de Vahiny a très bien fait de solliciter un avis autorisé sur la question. Il émane du Professeur Jean-Aimé Rakotoarisoa qui était alors le directeur du Musée d’art et d’archéologie. Aujourd’hui encore, il n’est pas trop tard pour rendre hommage à cet ingénieux peuple des Zafimaniry dans leur région inhospitalière des environs d’Ambositra, dont les sentiers d’accès se transforment, en saison des pluies, en autant de torrents de boue. L’art zafimaniry fut révélé au grand public dans des circonstances quasi accidentelles. En effet, à la suite d’une longue période de disette, les Zafimaniry ont été obligés de vendre une partie de leur mobilier au marché d’Ambositra. L’arrivée de ces objets richement sculptés, constitua une grande révélation pour les amateurs d’art tant malgaches qu’étrangers. Des expositions furent organisées jusque dans la capitale, et très vite, les objets zafimaniry furent recherchés avec convoitise. Les Zafimaniry eux-mêmes ne mirent pas longtemps à comprendre tout le profit qu’ils pourraient tirer de cet engouement. Il y eut une prolifération de ce qu’on appela « l’art zafimaniry », un terme couvrant en fait une gamme hétérogène d’objets fabriqués effectivement par des Zafimaniry, mais sous des influences étrangères. Des clients n’hésitaient pas, par exemple, à laisser des modèles à recomposer dans le style zafimaniry. On ne s’étonnera pas si la célèbre chaise zafimaniry se rencontre presque à l’identique en Europe du Nord et en Afrique, là où ont séjourné des missionnaires norvégiens. Le véritable art zafimaniry se découvre à travers les objets à usage domestique : ustensiles de cuisine, boites à grains, bols et coffres… Il est aussi très présent dans les éléments de construction comme les portes, les volets des fenêtres, les poutres, ainsi qu’au dos de matériels comme les métiers à tisser. Un objet très caractéristique est le kapeky, appelé communément briquet zafimaniry. L’intérieur renferme un morceau de fer, du silex et de l’amadou. Pour avoir du feu, il faut frapper le silex avec le fer et les étincelles ainsi produites brûlent l’amadou. L’impact du christianisme, pour sa part, s’est traduit par la fabrication en série de statuettes inspirées des Saintes Écritures : Crucifix, Jésus, la Vierge, les apôtres, et même aussi des diables. Le succès de l’art zafimaniry a aussi eu des conséquences négatives. Le bois nécessaire à la sculpture commença à manquer. Les hommes devaient s’absenter de plus en plus longtemps pour en trouver. Chaque journée passée à la recherche du bois est une de perdue pour les travaux agricoles. Dans ces conditions, on assista à une régression de la production. Pris par le virus du gain, les Zafimaniry eux-mêmes se mirent à fabriquer des faux. Ayant compris que, notamment, la clientèle européenne recherchait des objets d’apparence ancienne, ils se sont mis à « vieillir » artificiellement leurs œuvres par divers procédés permettant d’imiter la patine naturelle. Les chercheurs ont essayé d’interpréter l’art zafimaniry par l’analyse de ses motifs. Certains croient y discerner une influence européenne pour ne citer que la rosace, la croix de Saint-André, et même l’Union Jack. D’un autre côté cependant, on y retrouve des éléments décoratifs propres à certaines îles indonésiennes. Et lorsqu’on demande à un Zafimaniry pourquoi il sculpte tel ou tel motif, il se contente de répondre que les ancêtres le faisaient déjà ainsi… [caption id="attachment_72339" align="alignleft" width="220"] Le portraitiste Henry Room dont un tableau a été offert
à Madagascar par la London Missionary Society
à l’ambassadeur Razafy-Andriamihaingo en 1958.[/caption] HISTOIRE - Un tableau venu de loin Le 3 avril 1964 eut lieu dans la Salle du Trône de Manjakamiadana, la remise d’un tableau peint par Henri Room, et représentant la Reine Adélaïde recevant une mission diplomatique malgache au château de Windsor en 1837. Alors qu’il était ambassadeur de Madagascar auprès du Royaume Uni, Pierre Razafy Andriamihaingo s’était vu proposer ce tableau par la London Missionary Society pour décorer l’ambassade. Il négocia plutôt sa donation pour le Musée du Palais de la Reine, et l’obtint. La cérémonie de remise vit la présence du président Philibert Tsiranana et de son épouse dont c’était la première visite en ces lieux, du ministre des Affaires étrangères, Albert Sylla, ainsi que de plusieurs membres du corps diplomatique dont les ambassadeurs du Royaume Uni et de France à Madagascar. Une atmosphère plus intime était apportée par le groupe de musique folklorique Ny Antsaly, créé par Pierre Razafy Andriamihaingo en 1958, et qui joua les hymnes nationaux anglais et malgache à la valiha. Ny Antsaly a été un digne représentant du génie musical malgache dans le monde entier, présent dans tous les grands festivals, comme celui de Venise où il parvint à arracher des larmes à l’assistance malgré la différence de langues. Une tea party digne de la meilleure tradition anglaise clôtura la manifestation avec pour cadre les jardins du Palais. Le tableau d’Henry Room fut par la suite transféré au Palais d’Argent Tranovola et, semblerait-il, dans des locaux ministériels, ce qui lui aurait permis d’échapper à l’incendie qui ravagea le Rova. Lettres sans frontières -Les grandes inspirations de la chanson française Jacques Brel  Le plat pays Avec la mer du Nord comme dernier terrain vague Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues Et des vagues rochers que les marées dépassent Et qui ont à jamais le cœur à marée basse Avec infiniment de brumes à venir Avec le vent de l’Est écoutez-le tenir Le plat pays qui est le mien Avec des cathédrales pour uniques montagnes Et de noirs clochers comme mâts de cocagne Où les diables en pierre décrochent les nuages Avec le fil des jours pour unique voyage Et des chemins de pluie pour unique bonsoir Avec le vent d’Ouest écoutez-le vouloir Le plat pays qui est le mien Avec un ciel si bas qu’un canard s’est perdu Avec un ciel si bas qu’il fait l’humilité Avec un ciel si gris qu’un canard s’est pendu Avec un ciel si gris qu’il faut lui pardonner Avec le vent du Nord qui vient s’écarteler Avec le vent du Nord écoutez-le craquer Le plat pays qui est le mien Avec de l’Italie qui descendrait l’Escaut Avec Frieda la blonde quand elle devient Margot Quand les fils de novembre nous reviennent en mai Quand la plaine est fumante et tremble sous juillet Quand le vent est au rire quand le vent est aux blés Quand le vent est au Sud écoutez-le chanter Le plat pays qui est le mien.
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