23 octobre 1817 - 23 octobre 2017


23 octobre 1817 - 23 octobre 2017 : voilà 200 ans, Madagascar émergeait, en même temps que ses représentants émargeaient, sur la scène diplomatique internationale. Bien sûr, la France par exemple, au nom de ses improbables «droits historiques», refusera longtemps de reconnaître ce fait accompli diplomatique jusqu’au traité de protectorat, du 17 décembre 1885. En son article 12, la juridiction ancienne sur l’île de la monarchie d’Antananarivo s’y retrouve implicite : «Sa Majesté la Reine de Madagascar continuera, COMME PAR LE PASSÉ, de présider à l’administration intérieure de toute l’île». Son Altesse Royale Princesse de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, fille de la reine d’Angleterre, se retrouve à Madagascar pour marquer ce bicentenaire. Après le symbole de la réouverture d’une ambassade malgache à Londres, c’est donc la cathédrale anglicane d’Ambohimanoro, fondée en 1889, qui accueillera un culte qui y sera dédié. L’archevêque de Canterbury, primat anglican et chef spirituel de 80 millions d’anglicans de par le monde, était déjà venu le 23 novembre 1965. Fille et représentante du Chef de l’église anglicane, la Princesse Anne ne verra pas Ambatoharanana : avec ses vieilles pierres, son micro-climat ombrageux, cette enclave anglicane de l’Avaradrano a pourtant quelque chose de «so british»... Le bicentenaire du traité de 1817 ne doit pas oublier Robert Townsend Farquhar (14 octobre 1776 - 16 mars 1830). En devenant Gouverneur de l’île Maurice, le 4 décembre 1810, il allait également changer le cours de l’histoire de Madagascar en choisissant d’apporter son soutien à Radama, qui venait de succéder à son père Andria­nampoinimerina, décédé cette même année 1810. D’abord, Farquhar manda Barthélémy Huet de Froberville (1761-1835) pour étudier Madagascar (les documents en sont conservés au British Museum). En 1816, Bibye Lesage (Londres 1780 - Port-Louis 1843) vint à Madagascar sur ses ordres. Un ancien Traitant, Chardenaux, fit également le voyage d’Antananarivo et revint à l’île Maurice accompagné des jeunes frères de Radama, les jumeaux Rahovy et Ratafika, le 10 septembre 1816. James Hastie (Irlande, 1786 - Antananarivo 1826), ancien sergent des armées britanniques, leur sera adjoint comme précepteur avant d’être nommé agent du Gouverneur de Maurice auprès de Radama. C’est James Hastie qui négocia avec Radama et ses conseillers les termes du traité qui fut signé le 23 octobre 1817. L’ancien directeur des archives nationales de Madagascar, Jean Valette, évoque «Le traité conclu entre Radama 1er et Lesage le 4 février 1817» (Revue française d’histoire d’outre-mer, année 1974, volume 61, n°225, pp. 572-578). Mais, c’est bien le traité d’octobre 1817 qui conféra le titre de «Roi de Madagascar» à Radama : «reconnaissance juridique par une grande puissance d’un état de chose encore assez théorique», dira Jean Valette («Études sur le règne de Radama 1er», Imprimerie Nationale, 1962, p.11). Un traité additionnel de 1820 permit à de jeunes gens malgaches, lointains prédécesseurs des boursiers «Chevening Scholarship», d’aller étudier en Angleterre. Ainsi, partit en 1821 le groupe conduit par le prince Ratefinanahary et son secrétaire antemoro Andriamahazonoro. Parmi les boursiers se trouvaient les jumeaux Rahaniraka et Raombana, qui reviendront au pays en 1829 pour exercer à la Cour de la reine Ranavalona. Radama aura tourné le dos, le 28 juillet 1828. Farquhar avait déjà définitivement quitté l’île Maurice le 20 mai 1823. James Hastie mourut en terre malgache le 18 octobre 1826. La carrière malgache de James Cameron, missionnaire-artisan de la London Missionary Society, symbolise d’autres engagements britanniques, moins spectaculaires mais tout aussi fondateurs : né le 6 janvier 1800, en Écosse, James Cameron arriva à Antananarivo, le 6 septembre 1826 pour en partir le 18 juin 1835, après la proclamation de l’édit de Ranavalona interdisant le christianisme, le 1er mars 1835. Mais, il reviendra, le 7 septembre 1863,  vivre à Antananarivo jusqu’à sa mort, le 3 octobre 1875. Sans la rencontre des deux volontés de Farquhar et de Radama, les missionnaires David Jones et David Griffiths, le soldat James Hastie et le bâtisseur James Cameron, n’auraient pas pu contribuer à la grande oeuvre fondatrice d’il y a 200 ans : la fixation de la langue, gravée dans la Bible en malgache (1835) et l’exception diplomatique malgache, «un État comme vous l’étiez avant», comme reconnut enfin le général de Gaulle, le 22 août 1958, à Mahamasina. Nasolo Valiavo Andriamihaja
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