Lutte contre le blanchiment d'argent - Madagascar demande la fin du suivi renforcé


Galère. Des opérateurs économiques sont las de la multiplication des contrôles sur les transactions financières internationales. À l’issue d’une évaluation mutuelle menée par l’Eastern and South African Anti Money Laundering Group» (ESAAMLG), Madagascar fait partie des pays à suivi renforcé depuis juin 2018. Ainsi, toutes les transactions financières internationales avec Madagascar sont soumises à une série de contrôles supplémentaires moyennant des frais et un délai plus long. Avec la récente adoption de la loi sur le blanchiment d’argent, le Service des renseignements financiers (SAMIFIN) initie des démarches pour sortir de cette situation. « Un rapport de progrès sera présenté en avril afin de demander la sortie de Madagascar de la liste des pays à suivi renforcé et de ne pas glisser dans la liste grise ou noire », révèle Boto Tsara Dia Lamina, directeur général du SAMIFIN. Dans son rapport d’évaluation mutuelle présenté en octobre, l’ESAAMLG a livré son analyse du système malgache de lutte contre le blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. L’évaluation porte sur la conformité technique et le niveau d’efficacité du système en place. Dans sa méthodologie, les évaluateurs apprécient le cadre juridique et institutionnel, et des pouvoirs et procédures des autorités compétentes du pays par rapport aux recommandations du GAFI. Le niveau d’efficacité est mesuré en fonction des résultats obtenus. À l’issue de cette évaluation, Madagascar n’a respecté que trois critères sur les quarante recommandations du GAFI. « Il en découle le classement de la Grande Île dans la liste des pays à suivi renforcé », explique le DG du SAMIFIN. L’adoption de la loi sur la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme a été adoptée par le Parlement fin décembre. Une avancée non négligeable d’autant qu’une partie des recommandations du GAFI y est satisfaite. « Avec cette nouvelle loi, en attendant son effectivité, il est opportun d’entamer une nouvelle procédure pour améliorer le classement de Mada-gascar,»,continue le magistrat. Toutefois, la loi sur le recouvrement des avoirs illicites a été reportée sine die. Étant complémentaires, la carence de l’un des deux textes est déterminante dans le critère de conformité technique. «Il sera difficile d’éradiquer la corruption et le blanchiment des capitaux tant que les auteurs peuvent encore jouir des fruits de leurs actes. Ils auront toujours le pouvoir de continuer à perpétrer des délits car ils peuvent financer la corruption et des actes réprimés par la loi. Même si ces individus sont détenus, ils retrouvent la sérénité dès qu’ils sortent de prison», conclut Boto Tsara Dia Lamina. Dans son discours à la nation lors de l’investiture, le président de la République Andry Rajoelina a affirmé sa détermination à lutter contre la corruption. Par ailleurs, l’adoption de la loi sur le recouvrement des avoirs illicites est inscrite dans le document Initiative pour l’émergence de Madagascar (IEM). La volonté politique des députés est ainsi attendue pour traduire cet engagement du président de la République en actes.  
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