Maurice - Michael Glover contre la formule des JIOI


L’ancien ministre mauricien des Sports trouve indécentes les sommes engagées dans les Xe JIOI. Il s’élève aussi contre la politisation de ces Jeux. Michael Glover est catégorique. Sous la formule actuelle, les Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI) vont disparaître. «Peut-être même que la Xe édition que Maurice accueillera l’an prochain sera la dernière», lance l’ancien ministre de la Jeunesse et des sports et directeur du comité organisateur des JIOI de 2003 sur notre sol. «Si on maintient les Jeux des îles dans leur formule actuelle, il est certain que nous assistons aux derniers Jeux. La principale raison étant le coût de l’organisation. C’est pourquoi les Comores et sans doute même Madagascar ne pourront pas les organiser dans les années à venir», martèle-t-il. Pour Michael Glover, après les Jeux de 2003 justement, il n’y a jamais eu de réelle volonté politique ni des comités olympiques des différents pays à revoir la formule des Jeux et de faire en sorte de baisser les coûts de l’organisation. «Les sommes engagées pour les Xe Jeux sont déraisonnables et leur politisation inacceptable. Rs 700 millions (49 milliards d’ariary) sans compter le coût du complexe de Côte-d’Or, c’est indécent. Il y a moyen de faire mieux pour beaucoup moins cher.» Afin de pérenniser les Jeux, feu Yves Fanchette et Michael Glover avaient soumis une nouvelle formule en 2003, mais quinze ans après, le dossier dort toujours dans un tiroir. «On avait proposé, entre autres, que l’on change les disciplines. L’on aurait mis au programme des disciplines demandant moins de moyens financiers mais populaires comme la pétanque par exemple», confie Michael Glover. «À la fin des années 80, nous avons créé les Jeux de la Commission de la Jeunesse et des sports de l’océan Indien (CJSOI) afin de permettre aux jeunes cadets de se rencontrer au cours de joutes sportives et culturelles sans que les coûts soient exorbitants. Et même les Comores ont pu les organiser!» rappelle l’ancien ministre de la Jeunesse et des sports. Il n’est pas favorable à l’option de «décentralisation» des JIOI. «Il n’y aura pas la même ambiance et cela ne fera qu’accélérer la mort des Jeux», assure-t-il. Michael Glover trouve, par ailleurs, aberrant le budget investi par l’État mauricien dans l’organisation des JIOI de 2019. « Il y a moyen de faire mieux pour beaucoup moins cher», tonne-t-il. Il se pose aussi des questions par rapport au rôle du COJI 2019. «À quoi sert le COJI ? Il délègue toutes ses responsabilités à des compagnies. Lever des fonds, s’occuper de l’hébergement et de la restauration par exemple sont des fonctions du COJI, mais là, il y a une compagnie qui recherche des sponsors et les hôtels qui servent de Village des Jeux. Donc, pour moi, ce COJI n’a pas sa raison d’être», fait-il ressortir. Interrogé sur la pertinence même des JIOI, l’ancien ministre de la Jeunesse et des sports répond: «Sans faire insulte aux athlètes, je dois admettre que les Jeux des îles sont aujourd’hui démonétisés par rapport aux nombreuses compétitions inter­nationales auxquelles ils participent. Remporter une médaille d’or aux JIOI n’est plus une référence.» © lexpress.mu
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