Bemiray - Septième art - La préhistoire du cinéma africain


Bemiray de ce jour s’intéresse à la genèse du cinéma africain, plus exactement du rôle du « père blanc » Alexandre Van den Heuvel dans la vulgarisation du cinéma. Tom Andriamanoro mentionne, par ailleurs, quelques idées d’Emmanuel Macron, en 2016, à propos de la France. Enfin, le chroniqueur fait l’éloge du travail d’orfèvre. [caption id="attachment_77802" align="alignleft" width="300"] Les Festivals du film de Carthage, Tunisie, et d’Ouagadougou, Burkina Faso, existent depuis plus d’un demi-siècle.[/caption] Hors de notre propos les gadgets qui se tournent en un mois et se dupliquent et se vendent comme des beignets à chaque coin de rue des capitales africaines. Parlons du vrai cinéma, celui qui a aujourd’hui ses moments forts qui s’appellent le Festival de Carthage en Tunisie, ou le Fespaco de Ouagadougou dont l’édition 2019 a baissé ses rideaux tout récemment. Une presque éternité s’est écoulée depuis le temps où, comme le racontait le père Alexandre Van den Heuvel, pionnier d’un « cinéma missionnaire » au Congo belge, les spectateurs pensaient que plus ils étaient près de l’écran et mieux ils voyaient ; le temps où la question circulait d’un banc à l’autre pour savoir où était passé l’éléphant que l’on venait de chasser ; le temps aussi où un chef de village s’était levé pour désigner une jeune femme du film en tonnant : « Il me la faut celle-là ! » Le père Alexandre était aussi journaliste. Il dirigeait La Croix du Congo, premier journal à avoir donné la parole aux Noirs. Conscient des avantages offerts par l’image mobile, il fit véritablement figure, sans le savoir, de prophète et d’initiateur du cinéma religieux en utilisant les moyens pauvres d’un cinéma de bricolage, mais avec une intelligence que les « vrais » cinéastes, dotés des moyens appropriés, se doivent de méditer. À l’écrivain Paul Lomami, il prédisait bien avant la Deuxième guerre mondiale : « Paul, tu verras, un jour il y aura des antennes au-dessus de chaque maison des quartiers noirs ». Au vu de sa contribution au cinéma africain balbutiant, certains commentateurs n’hésitaient pas à verser dans l’exagération en comparant son œuvre à celle de ces pionniers d’Hollywood que furent un Carl Laemmie ou un Adolf Zukor. Lui répondait simplement avec le sourire : « Mais non, nous voulions simplement faire de la propagande pour notre foi ». Les Pères blancs C’était effectivement le but de ces cinéastes-missionnaires : faire de la propagande religieuse dans cette colonie, et de la propagande missionnaire en Belgique. Car au Congo belge dans ces années 30, la production cinématographique se réduisait à des films ethnographiques et des scènes de chasse. Et comme il était hors de question d’espérer attraper des mouches avec du vinaigre, le père Alexandre ne dédaignait pas mettre la main à la pâte profane pour mieux vulgariser le cinéma. Louant une salle dans l’après-midi, car les Noirs avaient des restrictions de circulation la nuit tombée, il organisait des séances populaires avec au programme des succès comme…Blanche Neige ( !) ou les Dieux du stade avec notamment l’athlète noir Jesse Owen. Mais la finalité était la vulgarisation du cinéma comme vecteur efficace pouvant être utilisé à des fins religieuses. « C’était mon travail cinématographique avant 1940 en plus de mon travail principal de vicaire ». Des équipes de tournage passaient, de temps à autre, depuis les années 20 pour des documentaires comme Voyage au Congo d’André Gide et Marc Allégret, ou La Croisière Noire de Léon Poirier, une épopée partie d’Europe pour se terminer à Madagascar. Dans l’après-guerre, le cinéma au Congo belge allait bénéficier de la contribution du Fonds du bien-être indigène (FBI), une organisation dont le but était de rembourser à cette colonie son effort de guerre fourni dans des domaines aussi différents que le caoutchouc, l’huile de palme, les vivres, le cuivre, l’uranium. Le FBI intervint principalement dans la production et la diffusion de films traitant de l’éducation et du développement. Il s’agissait d’une allocation annuelle d’environ 1 250 000 francs belges dont une partie était affectée à l’organisation de circuits pour ces films non commerciaux, ainsi qu’au volet matériel, allant des appareils de projection aux groupes électrogènes. [caption id="attachment_77804" align="alignright" width="300"] Affiche de la série africaine « Les palabres de Mboloko ».[/caption] Les « Pères blancs », comme on appelait le père Alexandre et ses confrères, développaient eux-mêmes les productions en noir et blanc, et envoyaient la couleur en sous-traitance chez Kodak en Amérique, « car les Américains travaillent bien. En Angleterre c’est trop vert, en Afrique du Sud c’est bon mais un peu trop dur et cher ». Un mot sur la filmographie dont disposaient les « pères cinéastes ». On citera entre tant d’autres titres Mission du Congo pour les jésuites, Congo terre de beauté, des films de propagande médicale, des films sur les sœurs et les scouts, les syndicats, les sports, les professions, ainsi et surtout que la série des Palabres de Mboloko tournée pour illustrer les contes ancestraux. Mboloko c’est un peu l’équivalent du renard des fables européennes, à cette différence que c’est une antilope qui parvient à rouler les éléphants et les crocodiles… [caption id="attachment_77805" align="alignleft" width="300"] L’ancien secrétaire d’État américain, Henry Kissinger (au c.),
un diplomate de renom.[/caption] Rétro pêle-mêle La photo a jauni. On est en 1974 et Henry Kissinger, secrétaire d’État américain sous la présidence de Gerald Ford, prenait en main le dossier du Sahara occidental. Sa ligne politique était de ne pas se laisser embourber dans un conflit qu’il maitrisait encore très mal. Le Maroc pourtant déployait tous les efforts pour impliquer les États-Unis, arguant du fait qu’en cas d’indépendance du Sahara, elle se trouverait encerclée par deux régimes pro-soviétiques, et l’Algérie socialiste aurait un accès à l’Atlantique. Kissinger entreprit une tournée auprès de toutes les parties prenantes et s’entretint notamment avec le président algérien Houari Boumediene. Une photo immortalisa la rencontre, montrant le traditionnel échange d’une chaude poignée de mains en présence d’un homme plutôt petit de taille, souriant, et visiblement satisfait : le ministre algérien des Affaires étrangères. Son nom ? Abdelaziz Bouteflika, c’était il y a quarante cinq ans… [caption id="attachment_77806" align="alignleft" width="300"] Le président français Emmanuel Macron a échangé ses vues avec la directrice du FMI, Christine Lagarde.[/caption] Politique - Le cap à tenir selon Emmanuël Macron Quel que soit le style choisi, causerie ou velirano, un homme politique est toujours jugé à l’aune de sa capacité à tenir parole. Dans un entretien qu’il a accordé, en 2016, au magazine L’Express, l’actuel président français a livré à bâtons rompus ses idées sur ce qu’il voulait pour son pays. Nous en avons tiré quelques-uns des thèmes abordés, dont l’intérêt des réponses fournies peut largement dépasser les frontières hexagonales. La France dans dix ans ? On ne dessine pas le visage d’un pays de manière subreptice ou sans que son peuple le choisisse. La jeunesse ? La promesse à faire à la jeunesse ne consiste pas à lui dire ce qu’elle doit être, mais à lui donner la possibilité de choisir pour elle-même quand elle sera en responsabilité. Son choix de société ? J’ai toujours primé un choix clair en faveur d’un libéralisme économique et politique, avec un socle de solidarité collective, de régulation, et la conviction que le principe de liberté rend plus fort. L’effort collectif tel que l’évoquait (déjà) Pierre Mendès France en 1953 ? L’effort collectif efficace suppose une compréhension collective du problème. Je crois en l’intelligence du peuple. Il est prêt à la réforme profonde, à condition qu’on lui explique où on va, et qu’on lui rende compte de manière régulière. Le goût du travail ? La réalité que j’ai mesurée à chacune de mes rencontres et à chacun de mes déplacements, c’est que les gens ont envie de travailler, tous ! Et, en particulier, les jeunes des quartiers. Le capital ? Dans notre pays,; on aime la rente, l’argent qui dort plutôt que celui qui produit, alors que nous avons besoin justement de plus de prise de risque. On n’aime pas l’enrichissement par le travail et le mérite individuel. Or, on ne peut pas avoir une véritable souveraineté industrielle et économique si on n’a pas de capital français. L’Europe ? Elle a été fondée sur une triple promesse : éliminer la guerre, faire prospérer l’économie, permettre à tous de circuler librement. Aujourd’hui, les gens ont le sentiment qu’elle nous fait souffrir plus qu’elle ne nous apporte. Ma conviction profonde est qu’elle est pourtant notre meilleure solution. Ce que Michel Audiard dirait d’Emmanuel Macron ? Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière. [caption id="attachment_77807" align="aligncenter" width="300"] Emmanuel Macron menait déjà une politique économique libérale quand il était ministre au sein du gouvernement
de Manuel Vals.[/caption] [caption id="attachment_77808" align="alignleft" width="300"] Des lingots d’or saisis à l’aéroport d’Ivato, signes de l’attrait et de la valeur de ce métal précieux au point de générer des trafics.[/caption] Bijouterie - Le travail de l’or, une valeur noble Madagascar a toujours été un grand pays producteur d’or. La lointaine histoire a même retenu que des navires venaient d’Orient pour négocier le précieux métal. Du temps de la royauté, les bijoutiers étaient surtout des natifs de Manandriana, une localité connue pour sa production. On est ici dans la bijouterie de père en fils, et dans certaines grandes adresses d’Antaninarenina, le quartier des bijoutiers, des lignées d’employés remontent à trois générations. [caption id="attachment_77809" align="alignright" width="300"] Les beaux colliers d’or montrent
le talent de l’orfèvre malgache.[/caption] Vert, jaune, rouge, il revient au bijoutier de trouver la composition idoine à partir de l’or pur 24 carats pour en arriver à 18. L’art de l’or à Madagascar doit la qualité qu’on lui connaît à l’heureuse convergence de la tradition artisanale malgache et à des apports novateurs des Indo-pakistanais qui ont ouvert d’autres horizons, avec de nouveaux modèles et des techniques plus audacieuses. Il en est ainsi du filigrané très complexe puisqu’on y tire l’or fil par fil. La corporation des bijoutiers de Madagascar est consciente de la nécessité de toujours actualiser les connaissances, notamment par le biais de la participation à des Salons comme ceux de Bangkok ou de Beijing, des rendez-vous qu’un professionnel de la place qualifie de grandes leçons d’humilité. Le mot de la fin à une de ses consoeurs pour qui « dans le monde fascinant de l’or, la qualité est à la croisée de la matière, du travail fait main, et de la passion ». Lettres sans frontières- C’est l’heure de faire ses comptes La journée d’hier a été donnée à la famille, à l’intimité et à l’espérance. Maintenant, c’est l’heure de faire ses comptes et de ceindre ses reins pour un nouveau départ. Je vois se multiplier les fils d’argent dans mes cheveux noirs, et les avertissements plus sérieux se succèdent dans ma vie. Ma vie est restée dans son sillon. Je suis toujours chez ma sœur, vieux garçon, rêveur, tantôt indifférent, tantôt triste et, depuis mon voyage, remis en gaieté. Mes cours, la société de quelques amis, les livres et le voyage, c’est tout le tissu de mon existence. Je me retire de ce qui se retire de moi, et ainsi mon isolement grandit d’année en année. Je ne suis de rien, personne n’a besoin de moi, je m’exerce à la vie impersonnelle, pis-aller devenu nécessaire. Pourtant, j’ai eu l’occasion de faire du bien à quelques personnes, du plaisir à quelques autres. J’ai même fait un effort sur moi-même et écrit quelques petites choses. La timidité, la paresse et le dégoût m’ont beaucoup fait perdre du temps. Heureusement, le courage m’est revenu cet hiver. Je crois que je veux changer de principe : essayer de vivre plus positivement, plus utilement, plus productivement, tandis que, jusqu’ici, j’ai surtout esquivé le chagrin, l’inconnu et l’effort. Je n’ai gagné que sur deux points : je comprends mieux l’homme et je me détache peu à peu des bagatelles. Mais dans cette contemplation passive, mon caractère a pris toujours plus d’irrésolution, toujours plus d’appréhension de la vie subjective et de la décision tragique. Une pensée, une œuvre, une famille ! disais-je l’an dernier. Ce vœu est encore inaccompli. Je n’ai point concentré ma pensée, écrit un livre, ni choisi une compagne. Je ne suis pas encore sérieux et j’éternise le provisoire. Et maintenant, l’époque des sacrifices est venue. La patrie est en danger, la guerre est déclarée. Tout s’ébranle, s’émeut, s’enthousiasme. Et moi, je rêve encore ! Je ne suis pas bien éveillé.
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