Antanimbarinandriana - Guerre ouverte entre le pouvoir et la CUA


Les tenants du pouvoir, chef d'État en tête, ont profité de l'inauguration de la bibliothèque d'Antanimbarinandriana pour fustiger la CUA. Cette dernière avait ordonné la suspension des travaux. La hache de guerre est déterrée. Une armada de hauts responsables politi­ques, Hery Rajaonarima-pianina, président de la République en tête, était présente à Anta­nimba­rinandriana hier, pour assister à l'inauguration de la bibliothèque d'une l'École primaire publique (EPP), tandis que les autorités de la Commune urbaine d'Anta­na­narivo (CUA) ont brillé par leur absence. À l'écoute des allocutions successives, cette présence massive des tenants du pouvoir, vraisemblablement, avait surtout pour but d'amplifier les charges que le pouvoir allait lancer à la CUA. Les sous-entendus ont été légion. Le chef de région d'Analamanga, le ministre de l'Éducation, et surtout le chef de l'État ont asséné semonces sur semonces contre les responsables municipaux, notamment le couple Ravalo­manana qui les dirige. « Ce n'est qu'aujourd'hui que j'ai vraiment pris le temps d'observer cette bibliothèque. Qu'est-ce qu'il a de mal   Si vous en avez les moyens, faites-en autant car nous, nous allons en construire plusieurs autres telles que celle-ci », a fustigé le locataire d'Iavoloha, en attaque de son discours d'hier à Antanimbarinan­driana. À lui d’enfoncer en conclusion : « Ce n'est pas dans la jalousie et la provocation que nous allons développer la capitale, mais en rivalisant dans la construction d'infrastructures ». Suite à une descente à l'EPP d'Antanimbarinan­driana en début d'année, Lalao Ravalomanana, maire d'Antananarivo et son staff ont « ordonné » la suspension des travaux. Brandissant une disposition de la loi sur l'urbanisme, la CUA avait soutenu qu'une demande d'autorisation préalable auprès de la CUA était nécessaire avant d'entamer des travaux. Contre-attaques L'État central avait contre-attaqué par le biais de Narson Rafidimanana, ministre auprès de la présidence chargé de l'Aménagement du territoire et Paul Rabary, ministre de l'Édu­cation nationale. Lors d'une visite à Antanimbari­nandriana le 9 février, Paul Rabary a répliqué à l'Exécutif de la capitale, en déclarant qu'une autorisation de la Com­mune n'était pas nécessaire, car les terrains des EPP sont gérés par son département. En réaction, le 2 mars, Marc Ravalomanana, ancien Président et conseiller spécial de son épouse, a décoché une claque contre le ministre sociologue, soutenant : « Il ose dire que le maire de la capitale n’a rien à dire sur les décisions d’une EPP, mais il est malade ! ». Dans son élan, l'ancien chef d'État a également taclé le couple présidentiel. « Nous ne sommes plus en période de préparatifs du sommet de la Francophonie. Ce n’est pas parce qu’il s’agit de projet présidentiel, ou piloté par la Première dame, qu’il faudrait passer outre les textes », a-t-il fulminé. La construction de la bibliothèque d'Antanimbari­nandriana est, en effet, diligentée par Voahangy Rajao­narimampianina, Pre­mière dame, pourtant absente durant la cérémonie d'inauguration d'hier. « Je tiens à remercier mon épouse, la Première dame, pour cette réalisation (…) c'est un bel exemple d'engagement social, d'élan de solidarité. Il n'est pas question d'empêcher la réalisation de projet social comme celui-ci », a, néanmoins, lancé le président Rajaona­rimampianina hier. Dans ses assauts contre la CUA, le locataire d'Iavoloha a vilipendé : « Je n'ai plus besoin de présenter cette réalisation. Elle a déjà écrit son histoire. Ceux qui se sont opposés à sa construction l'ont fait et l'ont fait connaître au public ». La guerre froide entre le couple Ravalomanana et l'État, par le truchement de la CUA s'est déjà embrasé au sujet des droits de propriété sur le terrain d'Andohata­penaka. Un nouveau front s'ouvre alors, avec cette querelle de compétence dans la construction d'une simple bibliothèque. Garry Fabrice Ranaivoson
Plus récente Plus ancienne