Présidentielle - La HCC promet des résultats propres


La Cour se veut rassurante. Elle affirme qu’au dessus de toute autre considération, elle compte faire respecter la sincérité du vote. Rassurer. C’est ce que la Haute cour constitutionnelle (HCC), a voulu faire, hier, par la publication d’un communiqué, suivie d’une brève déclaration à la presse faite par le directeur de cabinet du président de cette institution. « Toutes les opérations sont menées afin de faire respecter la sincérité du vote. Pour la Cour, le respect du choix des électeurs prime sur toute autre considération », affirme la Cour d’Ambohidahy, dans le communiqué de presse publié, hier. Une missive dans laquelle elle ajoute que « les manipulations, mensonges, injures, diffamations, désinformations et autres ne peuvent en rien entraver cette noble mission ». Avec cette dernière phrase, la Cour semble répliquer aux manifestants qui campent devant ses grilles, depuis lundi, ou encore les diverses publications et au­tres déclarations d’acteurs politiques ou des sympathisants zélés de candidat. Une phrase qui pourrait s’adresser aux candidats eux-mêmes. À peine les résultats provisoires du premier tour de la présidentielle publiés, les tentatives de pression politique ont été redirigées vers la HCC. Recomptage Face à la presse, hier, Andrianirina Ratsarazaka Ratsimandresy, directeur du cabinet du président de la HCC, a indiqué que la proclamation des résultats définitifs du premier tour de la présidentielle se fera le 28 novembre. Pour rassurer toute la flopée de candidats et leurs partisans sur-enthousiastes qui remettent en doute les résultats provisoires, il ajoute que « la HCC scrute chaque procès-verbal (PV) de chaque bureau de vote dans tout Madagascar ». Dans le communiqué, il est indiqué que « depuis la réception des premiers plis électoraux récupérés auprès des SRMV [Section de recensement matériel des votes] ou de la CENI [Commission électorale nationale indépendante] le samedi 10 novembre 2018, la Haute cour constitutionnelle a commencé à procéder à une vérification systématique des procès-verbaux et des feuilles de dépouillement de tous les bureaux de vote sans exception ». La Cour semble aussi vouloir indiquer que le peu de temps imparti par la loi pour la proclamation des résultats définitifs n’est pas un handicap qui l’empêche d’être pointilleux. La missive évoque même une possibilité de recomptage des voix. « Les anomalies et autres irrégularités font l’objet de traitement pour correction. En cas d’anomalie grave, la Cour procède à la demande de documents électoraux complémentaires, pouvant aller jusqu’à réclamer les bulletins de vote en vue de procéder à un nouveau comptage », rapporte le communiqué. La HCC semble toutefois laisser entendre qu’une confrontation de ses documents électoraux avec celle de la CENI ou des requérants pourrait se faire, selon le cas et le degré d’anomalie. Selon le directeur Ratsa­razaka Ratsimandresy, deux-cent douze requêtes ont été déposées à la Cour d’Ambohidahy. Parmi eux, des demandes d’annulation totale du scrutin, ou encore, d’une confrontation de tous les PV et un audit du logiciel de traitement des résultats qu’utilise la CENI. Toujours dans le but de rassurer et répondre aux diverses opinions, probablement, le directeur de cabinet soutient que « la HCC a ses PV et la CENI les siens. Chacun traite les leurs. Même le logiciel que nous utilisons est différent. Vous verrez ce que la HCC proclamera ». À l’entendre les PV de la HCC seraient-ils alors différents de ceux de la CENI ? Il s’agit pourtant de PV autocopiant, donc issus d’un même document et contenant les mêmes données. Les vérifications faites par la HCC se font, en principe, sur la base des chiffres publiés par la CENI. Le point sur le logiciel risque, par ailleurs, de ne pas plaider en faveur de la CENI. Bien que fortement critiquée, il faudra que la Commission électorale organise et traite les résultats provisoires d’un éventuel deuxième tour. Lors de précédentes élections, la HCC a déjà démontré qu’elle n’hésitait pas à redresser des votes ou prononcer des annulations partielles en cas d’anomalies graves. Seulement, vu la diversité des requêtes qui lui ont été adressées, quelle que soit sa décision, il y aura des mécontents. Également critiquée suite à ses décisions durant les péripéties politiques de ces derniers mois, la HCC pourrait être amenée à densifier les arguments de son verdict afin de l’imposer à tous.
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