Transport aérien - Dialogue de sourds chez Air Madagascar


Les dirigeants d’Air Madagascar décident d’aller de l’avant malgré les contestations du personnel. Tous les services d’assistance au sol seront confiés à sa filiale MGH. Air Madagascar ne fera plus rien au sol. La compagnie aérienne nationale malgache se contentera désormais de faire voler ses avions pour transporter ses passagers. Les dirigeants de la compagnie auraient confirmé, hier, au cours d’une réunion d’urgence organisée au ministère chargé du Transport que tous les services d’assistance au sol, même ceux destinés à ses propres vols, resteront confiés à sa filiale, la Madagascar ground handling (MGH). Une source au courant du dossier indique par ailleurs que « d’autres solutions plus drastiques devraient être prises d’ici au début de la semaine pour éviter que les incidents de ces derniers jours ne se répètent ». Invités hier à s’expliquer et à proposer des solutions face aux risques que représentent les contestations du transfert des services de handling à la société MGH, les dirigeants d’Air Madagascar sembleraient donc décidés à prendre les taureaux par les cornes. Refusant de revenir sur leur décision de « démembrer » la compagnie, ils entendent au contraire accélérer la cadence dans le transfert de certaines compétences à sa nouvelle filiale. Si jusqu’ici certains services d’assistance devaient encore être assurés par Air Madagascar, ce ne devrait donc plus être le cas dans les prochains jours. Cette décision risque pourtant d’envenimer la situation déjà tendue entre la direction de la compagnie et son personnel, notamment celui qui est chargé du handling. La société MGH a beau être une société appartenant à 100% à Air Madagascar, les employés de la compagnie aérienne ont encore confirmé, hier, leur refus de travailler pour ladite société de handling. « Nous ne sommes pas d’accord. Nous refusons d’être les prestataires de MGH », ont-ils martelé au cours d’une rencontre improvisée avec quelques journalistes. À en croire les employés de la compagnie qui ont rencontré la presse, hier, ils avaient demandé à « assurer les services d’assistance au sol sur toutes les compagnies utilisant la plateforme d’Ivato jusqu’à la fin du Sommet de la francophonie, pour ensuite reprendre le dialogue après le Sommet », mais « la direction a refusé nos propositions »,  soutiennent-ils. La direction générale, quant à elle, avait aussi indiqué avoir soumis des propositions mais « celles-ci ont toutes été refusées », confie une source autorisée. Craintes Après l’euphorie de la sortie de l’Annexe B de l’Union européenne, Air Madagascar se retrouve à nouveau dans la tourmente. Les services d’assistance au sol touchant à la sécurité, le retour des sanctions n’est pas à exclure si aucune mesure n’est prise dans les meilleurs délais. Du côté du personnel d’Air Madagascar, des appels  sont déjà aussi lancés à l’Aviation civile de Madagascar (ACM) pour que celle-ci annule l’agrément donné à MGH pour assurer le handling, ainsi que la décision qui interdit l’intervention de deux sociétés de handling sur la plateforme d’Ivato. Jeudi, un avion de Turkish Airlines s’est retrouvé bloqué deux heures à l’aéroport faute d’agents pour le tracter vers la piste, tandis que les passagers d’un vol Air Austral ont dû rejoindre à pied leur avion faute de bus. « Nous n’avons fait que suivre les règles qui interdisent à Air Madagascar d’effectuer des services d’assistance au sol », se justifie le personnel, niant ainsi prendre en otage les compagnies assistées. Les agents d’Air Madagascar expliquent leur contestation par leur crainte de voir leur compagnie s’enfoncer davantage dans le gouffre des problèmes financiers dans la mesure où le handling permettait à celle-ci de gagner jusqu’à 750 000 euros par mois. « Mais ils craignent aussi de ne plus pouvoir bénéficier des différents avantages que leur offre Air Madagascar s’ils sont transférés vers MGH », confie une source au courant du dossier. Notre interlocuteur se demande néanmoins si la décision de transférer les services de handling à une autre société, fût-elle une filiale de Air Madagascar, est opportune compte tenu de l’état de la trésorerie de la compagnie. « Se délester d’un département qui permet d’engranger du cash très vite ne paraît pas une décision judicieuse vu la situation de la compagnie », explique-t-il. « Mais il n’est pas exclu que les dirigeants n’aient décidé de démembrer la compagnie pour tirer le maximum de bénéfices de l’ouverture séparée des capitaux de chacune des sociétés de ce qui compose désormais le groupe Air Madagascar », analyse-t-il. Lova Rabary-Rakotondravony
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