Mayotte - Tension accrue aux barrages


Le filtrage aux barrages a été durci, avant-hier, par les grévistes décidés à ne rien lâcher. Les habitants empêchés de circuler commencent à s’énerver. Dix neuf heures, boulevard des Crabes à Dzaoudi, sur Petite-Terre. Cela fait plus de deux heures que les passagers de la barge en provenance de Mamoudzou se retrouvent bloqués sur le barrage tenu par l'intersyndicale et les collectifs de citoyens, qui avaient annoncé le matin un durcissement du mouvement. Si les véhicules de secours et les personnels de santé sont autorisés à passer en montrant patte blanche, les piétons, qui subissaient jusque-là en silence les micro-coupures commencent à perdre patience. «Je dois aller travailler, laissez-moi passer», crie ce jeune homme excédé, qui commence à haranguer les gens pour forcer la barricade faite de branchages. Les barragistes restent fermes, quand ils ne sont pas menaçants, interdisant aux gens de filmer la scène sous peine de leur arracher leur téléphone. Crise «Tu ne filmes pas toi, avant-hier on a pris trois tablettes», nous adresse l'un des grévistes agressifs. Avec l'arrivée d'une deuxième barge, ce sont bientôt près de deux cents personnes qui sont massées là, empêchées de passer par une vingtaine de manifestants. Les noms d'oiseaux volent en shimaoré. L'incompréhension gagne la population, alors qu'un véhicule de gendarmes passe. «Comment vous pouvez laisser faire ça», leur demande un homme sorti du travail à Mamoudzou et qui veut rentrer chez lui. «C'est la France ça ' On empêche les gens de circuler sur une route nationale et les forces de l'ordre ne font rien» Réponse embêtée du gendarme : «On ne peut rien faire, on vous comprend bien mais on ne peut pas forcer les barrages sans en avoir l'ordre.» Entre des manifestants sûrs de leur cause et de leur méthode, un État qui ne sait plus avec qui dialoguer à part des élus désavoués par les leaders de la grève et une population prise en otage, l'équation ressemble à la quadrature du cercle. Le deuxième tour de la législative partielle, que l'intersyndicale a encore appelé «à bloquer par tous les moyens» dimanche prochain, s'approche dans la confusion la plus totale. © JIR  
Plus récente Plus ancienne