Insécurité - Quatre gendarmes jetés en prison


En une semaine, quatre gendarmes ont été placés en détention provisoire. L’un est impliqué dans l’attaque de Mahitsy et trois dans une affaire de rapt à Tsaratanana. Tolérance zéro. Ce terme qui, selon le rapport du conseil des ministres de mercredi, a été utilisé par Andry Rajoelina, président de la République, concernant la lutte contre la corruption, semble être appliqué à la lettre au sein de la gendarmerie nationale. Aucune incartade ne semble être tolérée dans les rangs des bérets noirs. À part les sanctions disciplinaires, ceux qui sont impliqués dans des faits illégaux sont laissés aux soins de la justice. Cette semaine, par exemple, quatre gendarmes ont été placés en détention provisoire. Ils sont impliqués dans des affaires qui ont défrayé les chroniques ces derniers jours. Le dossier le plus récent est celui de l’attaque à main armée, à Mahitsy. Un gendarme fait partie des neuf accusés dans cet acte de banditisme ayant conduit à la mort d’un prêtre, le 9 février. Ils ont écopé d’un mandat de dépôt à l’issue de leur comparution devant le juge d’instruction. Pour le béret noir, une autre enquête pour corruption, cette fois-ci, pourrait être instruite devant le Pôle anti-corruption (PAC), d’Antana­narivo, selon les informations. Son patrimoine ostensiblement conséquent par rapport à ses revenus motiverait de sérieux doutes sur sa probité. Les trois autres éléments de la gendarmerie nationale placés en détention provisoire, cette semaine, sont impliqués dans le rapt d’un infirmier à Manakana, dans le district de Tsaratanana, le 8 janvier. Incarcérés à Ambatondrazaka, ces trois gendarmes seraient accusés d’avoir fourni des armes aux ravisseurs. Ils auraient été confondus par les enquêteurs grâce aux échanges téléphoniques qu’ils avaient eus avec les bandits, le 7 janvier, soit un jour avant l’acte de kidnapping. Dix en dix jours Un élément des bérets noirs était déjà sur le banc des accusés, le 15 février. Il faisait partie des neuf personnes traduites au parquet, toujours dans le cadre du kidnapping de l’infirmier à Manakana, Tsaratanana. Ce gendarme est inculpé pour avoir fourni des munitions au réseau de ravisseurs. Plus que toute autre entité au sein de l’administration publique, les éléments de la gendarmerie nationale sont présents jusque dans les zones les plus reculées du pays. Entité sécuritaire de proximité par excellence, le moindre écart de conduite des gendarmes touche directement les sensibilités des citoyens, notamment, dans les localités rurales. C’est en partie l’une des raisons qui propulsent systématiquement les bérets noirs en tête des charts lorsqu’il s’agit de perception de la corruption, bien qu’il s’agisse, essentiellement, de petites corruptions. En réaction au décès du prêtre à Mahitsy, monseigneur Odon Marie Arsène Razanakolona, archevêque d’Antananarivo, a asséné une vive remontrance aux forces de l’ordre, lundi, à Andohalo. Des semonces qui, étant donné le contexte, s’adressaient particulièrement aux bérets noirs. « (…) beaucoup ont été vus et suspectés d’être des complices de bandits et de voleurs de bœuf, leur louant des fusils et leur vendant des balles, en terrorisant les paysans de la brousse, sans parler des rackets envers les chauffeurs des taxis brousse sur les routes de Madagascar (…) », a lancé l’archevêque d’Anta­na­narivo, rappelant une déclaration de la Conférence des évêques de Madagascar. La confiance mutuelle entre les gendarmes et la population est, pourtant, cruciale dans la lutte contre l’insécurité. Décidé, visiblement, à réhabiliter l’image de la gendarmerie nationale, surtout, en ces temps où la guerre contre l’insécurité semble encore en faveur des bandits, le commandement veut démontrer sa fermeté. L’intransigeance contre la corruption est affirmée. Ainsi, même les petites à l’instar des rackets sur les routes seront sévèrement punies. Pareil­lement, pour ceux qui sont de mèche avec les malfaiteurs. Un numéro et un compte Facebook pour recueillir les doléances des citoyens ont même été mis en place. En marge d’une simulation de l’opération épervier, à Ambatoroka, mercredi, le général Richard Ravalo­manana, secrétaire général de la gendarmerie nationale, a indiqué que ces dix derniers jours, dix gendarmes avaient été incarcérés. Outre l’implication dans des réseaux criminels, la corruption serait, aussi, le motif des tourmentes judiciaires de ces éléments des bérets noirs.  
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