Hajaina ANDRIANASOLO - « Les néologismes reflètent une langue en évolution »


Le 21 février est la journée internationale de la langue maternelle à l’occasion de laquelle est interrogée Hajaina Andrianasolo. Elle est la première femme Présidente de l'Union des Poètes et Ecrivains Malgaches (HAVATSA UPEM), académicienne et enseignante au niveau de la Mention Études Malgaches à l'Université d'Antananarivo. • Quelle place doit tenir la langue malgache dans le cadre de cette journée internationale de la langue maternelle ? - Il faut rappeler que la revalorisation institutionnelle de la langue malgache remonte à 2003. Cette année-là, les mem­bres de HAVATSA UPEM se sont concertés sur l'octroi de la place qui sied à la langue malgache. Les personnes présentes à la réunion ont été convoquées le même jour au Palais d'État d'Ambohitsorohitra par le chef de l'État en exercice à l'époque. La langue malgache sitôt devenue affaire d'État, a par la suite fait l'objet d'étude ayant abouti à la publication du tout premier volume de l'encyclopédie « Rakibolana Rakipahalalana ». La langue maternelle a sa place jusqu'à maintenant tant qu'elle est parlée, par la mère, de l'enfant dans le lieu de naissance de ce dernier. Par extension, on parle de « tenindrazana ». • Comment circonscrire ce concept de "tenindrazana" face à la mondialisation? - Tenindrazana ne signifie pas faire allusion aux défunts. Ce concept ramène à l'idée de provenance. Dans chaque localité où qu'elle se trouve, une langue sert de lien entre les habitants, entre parents et enfants, entre voisins. La langue maternelle n'est donc pas une langue globale parlée dans l'ensemble d'un territoire, il s'agit plutôt de la langue qui permet à une partie de la population de vivre au quotidien. Il faut retenir que cette idée de «tenindrazana» relie même chaque personne à sa terre natale. Pour le cas de Madagascar, c'est une opportunité d'avoir des gens qui se comprennent malgré les différences d'accent mais cette diversité est valable dans tous les pays comme la France ou le Canada. • Est-ce-que les déformations dues aux technologies et au mode de vie urbain ne portent pas atteinte à l'authenticité de la langue maternelle ? - Les nouveautés apportées à une langue enrichissent celle-ci. Il n'y a lieu ni de dégradation ni de transformation. Les néologismes reflètent une langue en évolution. Les nouveaux mots parlés ne font pas un bloc linguistique à part, si l'on prend en compte les argots ou les expressions dans le jargon. Tout ce qui est neuf et qui fait désormais partie du langage quotidien, intègre la langue maternelle. Rien n'affecte l'authenticité d'une langue car celle-ci est appelée à évoluer avec les modes de vie. Tsiory Fenosoa Ranjanirina
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