Médaille d’or...dures


Antananarivo ville la plus sale d’Afrique et troisième ville la plus sale du monde selon un classement Forbes datant de 2008. Dix ans après, ce classement ne devrait pas subir trop de changement. Antananarivo aurait même conforté son avance. Quoi de plus normal. Avec toutes les montagnes d’or...dures qui s’entassent d’un bout à l’autre de la ville, le contraire aurait étonné. On aura tout fait pour ravir cette médaille d’or continentale et de bronze mondiale. Une performance qui montre, si besoin est, le manque de vision des dirigeants successifs, la profondeur prise par l’incivisme, les conséquences des luttes politiques intestines au centre desquelles se trouve la capitale depuis la première République. Et comme ces quinze dernières années, Antananarivo est un tremplin idéal pour sauter vers la présidence, on se garde bien de faire des cadeaux au maire de la capitale. Au contraire, on ne lui facilite pas la tâche. On le prive de subventions pour qu’il ne puisse pas accomplir les tâches élémentaires qui incombent à la mairie et on le double dans les responsabilités communales. Ainsi le Pds Edgard Razafindravahy a remué ciel et terre pour qu’on rétablisse le statut spécial d’Antananarivo supprimé par un certain Marc Ravalomanana, pour que les communes puissent contracter directement avec les bailleurs de fonds. Des efforts restés vains face à l’écueil politique tout comme l’idée de création d’un fonds communal des communes. Le fait est que les recettes classiques de la mairie, comme les patentes, les tickets de marché ainsi que les frais administratifs perçus pour les services en tous genres, ne suffisent plus à assurer les tâches élémentaires de la mairie comme le ramassage d’ordures, la réfection et l’entretien des routes. Les moyens mis en service pour une population de cinq cent mille habitants sont restés les mêmes alors que le nombre d’Antananariviens a quintuplé avec ce que cela suppose d’incivisme et d’indiscipline, corollaires indécrottables de la pauvreté. Aujourd’hui, on a retiré à la mairie les services de la voirie mais les résultats ne sont pas mieux. C’est même pire avec cet exploit mondial. Comment peut-il en être autrement quand on sait que les derniers bacs à ordures à Tana datent de 1999 ? Tant qu’à faire, si l’État veut vraiment bien faire les choses à la place de la mairie, il a intérêt à s’y investir. À moins qu’on fasse appel aux investisseurs étrangers zanatany pour le faire. Ce qui n’est pas évident, étant donné qu’il n’y a aucun profit dans ce domaine au contraire de la communication, l’énergie ou les mines devenues leur chasse gardée. Il faut bien comprendre que c’est l’honneur de tout le pays qui se trouve éclaboussé par ce classement et non pas seulement le blason d’Antananarivo ou celui d’un candidat annoncé à la présidentielle. Reste à savoir si les politiciens ont le quotient intellectuel suffisant pour le comprendre et arrêter de jouer avec l’avenir de la capitale. Ce palmarès déshonorant illustre la faillite de tous les projets concernant le traitement des ordures. Transformation en compost ou installation d’incinérateur, aucun n’a été concrétisé. Il reste à penser à compacter en lingots et exporter les or... dures. Trafiquants, êtes-vous là ? Par Sylvain Ranjalahy  
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