Un Président, ce n’est « rien »


Un candidat sélectionné pour le second tour conteste les résultats du premier tour. Entre nous, le contraire aurait étonné. Etonné du genre à faire faire un demi-tour à la planète terre, faire arrêter la lune et tarir la voie lactée. De l’autre côté, les enchères des zéros virgules montent, vu les déclarations d’allégeance ici et là. Malgré cela on peut se féliciter d’avoir fait sortir par un trou de quelques pour cent de voix un Président démocratiquement élu. Lui aussi, a trouvé la grandeur de crier au scandale au lieu de choisir la grande porte de l’humilité. On aurait aussi été abasourdi par un remerciement au peuple pour lui avoir accordé cinq longues et interminables années de douce descente aux enfers. Si on n’est pas encore bien conscient de ce qui s’est passé, l’ariary équivaut ce jour à 4 200 Euros. Pour encore enfoncer un peu plus le clous, un « petit » franc comorien vaut misérable­ment 8,47 ariary. D’une manière simpliste, un Comorien débarquant à Madagascar sera neuf fois plus riche qu’en restant sur son île. Un francoDjiboutien égal à 20,50 ariary, un franc CFA de l’Ouest Africain à 6,36 ariary. Une roupie mauri­cienne équivaut à presque 106 ariary. Pour tomber, on est tombé bien bas, à croire que pire que ce que nous vivons actuellement n’existe pas. Sur ce sujet, on ne peut que vous rassurer. Pire que ça ? Oui ! Cela existe encore et on est en bon chemin pour vraiment toucher le fond, le vrai de vrai. Un Président, ce n’est « rien ». Pourquoi un tel titre alors qu’on est dans une période déjà assez tendue ? Au contraire, on est en train d’élire le CHEF d’état, celui qui va poser son derrière sur les chaises de la magistrature Suprême durant cinq bonnes années. Qui plus est, deviendra avec sa femme les Raiamandreny c’est-à-dire les parents de ce pays et de ce peuple. Par analogie, le pays sera donc leur maison et le peuple leurs enfants. Un Président (et sa femme, et toute sa famille) n’est « rien » ou plutôt ne devrait être rien. Pour bien comprendre notre pensée imaginez la scène suivante. Le Président (peu importe celui qui sera élu) est comme quelqu’un qui vient d’être recruté pour travailler dans la plus grande réserve d’or du monde entier. Il y a également dans cette réserve d’innombrables et d’inimaginables trésors : les plus grosses pierres précieuses et toutes autres richesses possibles et inimaginables. Dès le premier jour de travail, on lui confie toutes les clés, tous les codes. On lui montre les différents systèmes de sécurité. On lui fait une formation sur comment déjouer ce système. Et au final, on lui dit qu’il est maintenant seul aux commandes et que tous les autres employés, responsables partent en vacances et lui confient les « clés du château » durant cinq années. Le diable a tenté le Christ avec un bout de pain, un être humain dans toute sa splendeur ne sera-t-il pas tenté de prendre un peu, puis encore un peu, encore plus jusqu’à tout prendre de ces richesses, comme du miel sans protection ? Car de toute façon, personne n’est là pour l’en empêcher. Un Président n’est « rien ». Dans un système démocratique où le peuple et tous les autres instruments de contrôle et de balise prennent leurs responsabilités, un Président devrait être « rien ». Alors, il faut d’ores et déjà aller au-delà de ce vote. Il est important de se dire que pour les cinq années à venir, nous devons nous jurer de prendre en main notre destin. Nous avons le devoir de changer ce système de « faiseurs de dieux » contre vents et marées.
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