« Un espace de toutes les possibilités »


«Que ce soit en matière de dévelop­pement économique équitable et durable, d’édu­cation, de coopération, de sécurité et de démocratie, ou encore du rôle et de la place des jeunes et des femmes, la Francophonie est un espace de toutes les possibilités et de toutes les solutions. » C’est un extrait du communiqué envoyé par l’organisation de la francophonie dont le 16e sommet s’ouvre bientôt en terre malgache. Un évènement dont la portée n’est pas négligeable en termes d’échanges, de rencontres, de projets et de défis communs, mais dont l’organisation et la communication autour de l’évènement ont complètement noyé l’intérêt du citoyen lambda. D’abord, cette solidarité gouvernementale qui fonctionne à deux vitesses : un appel à une mobilisation générale, une union/unité nationale pour un évènement ponctuel, mais qui reste insensible à la détresse quotidienne et la misère quasi-généralisée dans l’ensemble du territoire. D’un côté, demander l’appui et la contribution de tous pour organiser le sommet francophone, quitte à exiger d’une population aux abois de se réjouir et de se plier en quatre pour donner bonne mine à l’Antananarivo francophone…Mais de l’autre côté, laisser les citoyens livrés à eux-mêmes pour régler des situations qui en fait, sont du ressort de l’État et ne faire que le minimum de présence syndicale pour l’île malgachophone, toujours sur les rotules. C’est d’autant plus indignant que, dans le fond, la francophonie ne touche qu’une faible minorité de Malgaches, dont la plupart font face à de lourdes difficultés dans leurs vies de Malgaches. Paradoxale­ment, les valeurs que, théoriquement, le concept du sommet véhicule peut se transformer en des solutions pour cette majorité mise de côté : mais comment atteindre cette majorité puisqu’elle n’est pas vraiment – ou pas du tout – ni associée, ni même concernée. Alors on est en droit de s’attendre à ce que cette semaine relève le défi posé par l’OIF : « un espace de toutes les possibilités et de toutes les solutions ». Croisons les doigts pour que la partie malgache prenne chaque opportunité offerte par des telles rencontres avec lucidité et clairvoyance, avec une participation active, avisée et citoyenne – et une présence physique sans aucun visage somnolent, comme on constate dans certaine institution jugée sérieuse et hautement représentative des électeurs. Espérons des avancées concrètes sur lesquelles on pourrait mesurer les efforts de Madagascar, en gardant en tête une démarche gagnante dans laquelle l’on n’occupera plus l’éternelle place du grand perdant. Des avancées concrètes qui servent l’intérêt de la majorité oubliée, pour qui, le thème de la « Croissance partagée et dévelop­pement responsable » serait bénéfique, si des solutions politiques et économiques sont proposées. Espérons aussi que la cacophonie incom­préhensible autour de l’organisation de cet évènement sera considérée comme la leçon à retenir pour les prochains grands rendez-vous malgaches, qu’ils soient nationaux ou internationaux. Et ainsi comprendre que l’idée du « firaisankina » malgache n’est pas un « havako raha misy patsa », mais une solidarité quotidienne, partagée, respectée et commune. Autrement, l’on pourrait bien conclure que finalement, tout l’enjeu de l’accueil de cet évènement est de redorer le seul blason d’une administration en chute libre. Et si c’est l’idée, c’est… un peu raté pour l’instant. Par Mialisoa Randriamampianina
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