James Ratsima - « Une élection au forceps met en péril le pays »


Le nationaliste James Ratsima s’oppose à la tenue de l’élection présiden-tielle. Elle risque de créer un trouble sanglant selon ce professeur. Tout le monde voulait la tenue d’une élection pour mettre fin au calvaire de l’ère Rajaonarimampianina. Vous prônez le contraire, pourquoi ? Voyez-vous même la situation. Les trente-six candidats ne sont pas du même avis. Il n’y a que les présumés favoris qui veulent aller à l’élection ainsi que l’État, sous la pression de la communauté internationale qui finance le scrutin. Je pense que toutes les conditions ne sont pas réunies pour organiser une élection crédible. Un pays souverain et indépendant doit pouvoir financer son élection. L’amiral Ratsiraka a rappelé qu’il n’y a jamais eu de financement étranger dans les élections à son époque. Ce qui n’est pas le cas. Une élection financée par les étrangers ne sera jamais crédible. Ils feront élire leur candidat et on leur sera redevable pour l’éternité. La population n’a malheureusement pas le choix mais à l’allure où va l’atmosphère, j’appréhende un trouble post-électoral sanglant à cause d’éventuelles fraudes lesquelles semblent une certitude. Mais la situation a changé depuis. La pauvreté est passée par là et on est sous perfusion des bailleurs de fonds. Même le budget de l’État est subventionné de l’étranger. L’appui étranger ne serait-il pas alors nécessaire ? On a tout pour ne pas vivre de la charité étrangère ou de l’aumônerie internationale. Il suffirait de bien gérer nos ressources naturelles pour subvenir à nos besoins. Pourquoi on les donne aux étrangers et ils nous donnent des miettes après ? Nous avons tout perdu et nos richesses et notre âme. Faites-vous allusion aux îles éparses dont vous réclamez la restitution ? Absolument, comment des îles situées dans le territoire maritime malgache peuvent-elles appartenir à la France? C’est une aberration de l’histoire. Normalement avec la fin de la colonisation, ces îles auraient dû être restituées à leur propriétaire naturel. Mais comme ces bouts de terre regorgent de richesses marines, gazières ou pétrolières, ceci explique cela. Les Nations Unies ont déjà sorti une résolution en 1979 grâce aux interventions de l’amiral Ratsiraka que ses successeurs n’ont pas repris. Croyez-vous que parmi les candidats à la présidentielle, il y en a qui peuvent boucler l’affaire ? Il y en a au moins deux qui en font leur cheval de bataille. Mais ce sont tous les candidats qui doivent mener cette bataille nationale et internationale. S’ils ne le font pas, je les prends comme complices de cette occupation étrangère y compris la Haute Cour Constitutionnelle qui a validé leur candidature et qui protège les auteurs de coup d’État. Il s’agit d’un devoir patriotique inéluctable et sacré. Tous les candidats doivent avoir le courage de revendiquer ces îles par tous les moyens. Je leur lance un appel pour au moins une gesticulation participative. Comment comptez-vous y parvenir étant donné qu’en dehors des Nations Unies, il n’existe pas d’autres voies? Je suis actuellement en train de monter le Mandan’ny Tia Tanindrazana Malagasy ou Front patriotique malgache. C’est une plateforme de lutte contre l’invasion étrangère. Je lance un appel à tous les citoyens pour grossir les rangs de cette plateforme dont l’objectif est de mettre fin à l’accaparement des terres par les étrangers avec la complicité des autorités bien évidemment. Puisqu’il n’y a pas que les îles éparses. Que ce soit à Moramanga, à Tanjombato, à Ankorondrano et à Tsaralalana  le Malgache a été chassé. C’est juste inacceptable. Et le plus grave est que tous les secteurs de développement ont été cédés aux étrangers. On a beau parler d’indépendance énergétique mais la Jirama n’a plus rien. Elle doit acheter aux sociétés fournisseurs d’énergie qui sont toutes étrangères. L’hydrocarbure est le monopole de sociétés étrangères de même que les banques et les mines. Il ne nous reste que la pauvreté. Il faut ouvrir les yeux. Si nous ne réagissons pas, le pays sera vendu en package. Il est encore temps. Propos recueillis par Herisetra
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