Charte de Bonne Conduite - Des préceptes anachroniques


Les candidats à la présidentielle sont sollicités pour adhérer à une charte de bonne conduite. Plusieurs points du document ont déjà été piétinés durant cette précampagne. Le mal est fait. Une charte de bonne conduite et d’intégrité des candidats pour une élection présidentielle apaisée est l’ambition affichée, hier, lors d’une rencontre avec la presse au siège du Conseil du Fampihavanana Malagasy (CFM), à Ampe­filoha. Un texte élaboré par une douzaine d’entités, dont des organes constitutionnels, indépendants et la société civile. Le texte veut une exemplarité avant, pendant et après le scrutin. Pour la période pré-électorale, des préceptes ont, pourtant, déjà été foulés par des prétendants à la magistrature suprême et leurs écuries politiques. Le texte prévoit, par exemple, que les candidats s’engagent à mobiliser leurs partisans à vérifier leur inscription dans la liste électorale, alors que la liste qui sera utilisée le 7 novembre a été arrêtée définitivement, le 15 avril. La Commission électorale nationale indépendante (CENI), qui fait partie des rédacteurs de la charte a déjà lancé pareil appel durant la période de révision de la liste électorale, mais en vain. Les faits durant cette précampagne indiquent, par ailleurs, que plusieurs candidats privilégient les divertissements aux débats d’idées constructives et réalistes. Une pratique qui risque de monter en puissance durant la période officielle de propagande, que dénonce, pourtant, la charte. Non contraignante « Tenir un langage modéré, non agressif et garder un comportement respectueux de notre culture », ou encore « éviter tout propos discriminatoire basé sur l’origine sociale, l’ethnie, le sexe, la religion », soutient le texte publié, hier. Les écarts de langage s’entendent dans les discours de campagne de plusieurs candidats. L’un d’eux a même déjà affirmé son aversion pour l’homosexualité sur un plateau de télévision. Les invectives pleuvent entre les partisans de quelques camps sur les réseaux sociaux. La charte veut, du reste, que les candidats ne fassent pas « de dépenses ostentatoires, abusives et déplacées », au mépris de la pauvreté ambiante. La campagne électorale n’a pas encore officiellement démarré que des candidats mettent déjà le paquet, depuis plusieurs semaines. Il est demandé au candidat signataire d’informer le public sur le montant, la nature et la provenance de leurs fonds de campagne. Alors que la plupart des candidats bénéficient d’un financement international, le texte requiert un refus d’appui risquant d’hypothéquer les intérêts nationaux. Il semble utopique, pourtant, qu’un accord de financement de campagne, notamment, international, soit sans contrepartie, une fois le candidat élu. « Nous ne souhaitons pas faire de procès d’intention. Seulement, c’est, parce qu’il y a des excès que la charte est opportune », réagit Alphonse Maka, président du CFM. Il ajoute, « tout le monde est conscient qu’il y a des risques, même la communauté internationale, c’est pour cela qu’il y a ces émissaires. Il n’est pas trop tard pour s’assurer d’un processus électoral sain, pour responsabiliser et assainir la scène politique ». Avoir une alternance garante d’une stabilité politique, d’une paix durable et d’un développement, est l’ambition des rédacteurs de la charte. Le texte veut, notamment, que les signataires « respectent le verdict des urnes ». Sans valeur juridique et non contraignante, ils comptent ainsi, sur la bonne foi des candidats et de leurs partisans pour l’effectivité de ses préceptes. « Nous verrons s’ils sont vraiment des hommes d’État et respecteront leur engagement », déclare le numéro un de l’organe réconciliateur. Vingt-huit candidats ont été présents ou représentés lors de la publication de la charte, hier. La cérémonie de signature est prévue pour la première semaine d’octobre. « Nous allons faire un matraquage pour que toute la nation soit au fait du contenu de cette charte et qui l’a signé ou pas », indique Alphonse Maka. D’aucuns souhaitent que contrairement à des faits, les signataires s’en tiennent à leur engagement.
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