Liantsoa Harivola Ramamonjy - « Les activités apaisent la frustration des autistes »


Liantsoa Harivola Ramamonjy, responsable pédagogique dans un centre spécialisé, explique qu'il importe d'asseoir une relation de confiance chez un enfant autiste. • Vous enseignez dans un centre spécialisé, quelle méthodologie appliquez-vous pour communiquer avec les enfants autistes ? - « Notre centre Malinjo accueille à la fois des enfants autistes, trisomiques et ceux affectés par le retard intellectuel. Mais quand nous parlons d'enfants autistes, il faut comprendre qu'ils ont leur monde dans lequel ils se sentent en sécurité. Leurs parents, frères et sœurs leur servent de repère. Au premier abord, nous créons une relation de confiance car, sans cela, il nous sera impossible de les initier à une activité. Nous devenons, par la suite, leur référent et leur repère. » • Quel programme développez-vous pour rendre effectif les apprentissages ? « Notre centre adopte ce qu'on appelle le Programme éducatif individuel (PEI), qui change tous les trois mois. En premier lieu, nous accompagnons les enfants à acquérir leur autonomie, la manière de faire la toilette, d'utiliser un papier hygiénique et de s'habiller. Ensuite, nous leur démontrons le respect de la discipline par des activités telles que le coloriage. Les lignes délimitent ainsi l'espace à colorer et qu'il ne faut pas gribouiller n'importe où. » • Les parents ont leur manière à la maison, le centre détient la sienne, comment les parents devraient-ils assurer la continuité des activités à la maison ? - « Soulignons que ce sont, avant tout, des êtres humains avant d'être autistes. N'oublions pas non plus que ce sont des futés. Ils écoutent, ils comprennent mais expriment leur égo car ils croient que les autres doivent entrer dans leur bulle. Notre programme prévoit des activités qui les responsabilisent pour qu'ils dupliquent les modèles d'apprentissage chez eux, comme l'art de préparer le couvert à table. La communication entre parents et éducateurs facilite l'entente. Si l'enfant subit une crise la nuit, les parents auront intérêt à nous faire part de l'incident car nous pouvons nous tromper sur l'état de l'enfant qui somnole pendant la journée. » • Quelle est la place des médicaments chez un enfant autiste ? - « Le faux diagnostic perturbe tout. Des fois, un enfant s'agite et ce geste pourrait être pris pour une crise d'épilepsie. Les parents consultent un médecin, qui prescrit, par la suite, un traitement. Tout compte fait, le médicament ne résout pas le problème mais diminue juste l'hyperactivité. À mon avis, un enfant autiste ne doit pas prendre de médicaments. » • Quelle thérapie proposez-vous dans ce cas ? - « Il n'y a que les activités. Elles apportent le calme et le contrôle, privilégient la socialisation, apaisent la frustration. Par le biais de la scolarisation, le sport et l'ergothérapie, nous parvenons à détecter des talents. Si certains enfants ignorent l'écriture mais ils exploitent leur mémoire visuelle et savent manipuler des téléphones et l'ordinateur, d'autres maîtrisent la lecture ou encore le dessin. » Propos recueillis par Farah Raharijaona
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