Les truites acclimatées dans le Tsiafajavona


Comme la chasse, la pêche constitue l’un des sports de loisirs des Européens et des Malgaches naturalisés sous la colonisation. Dans les environs d’Antananarivo, la pêche en eau douce connait une grande faveur, car il y existe de nombreux lacs, étangs et rivières. «La faune des poissons est cependant moins dense dans celles-ci que dans ceux-là», écrit le Dr Henri Poisson, en 1952. Tous les auteurs, depuis Grandidier, signalent la relative pauvreté en espèces des poissons locaux qui se réduisent à quelques familles et à quelques types. La famille des Cichlides malgaches, la plus répandue sur les Plateaux des environs de la capitale. Et l’auteur de citer le marakely (Paratilapia Polleni), la perche malgache à dents simples et coniques, à livrée souvent brillante et parsemée de points bleus. « C’est un poisson des lacs, étangs ou marais plutôt que des rivières.» Le trondromainty (Ptycho­chromis betsimanus) est le poisson à bosse du lac Itasy. Sa couleur varie du gris au verdâtre presque noir. Il vit en eau plus profonde que le précédent, de préférence dans les fonds de quatre à cinq mètres. La fiana (Ptychochromis betsilanus) est le poisson des rivières du Betsileo, de couleur gris plombé, plus gris que les deux précédentes espèces, à chair plus grasse, plus molle et bien moins savoureuse. On la pêche dans des nasses, à la ligne, au ver de terre, ou bien on la pique à la foène. Ces Cichlides vivent en famille, casaniers et cantonnés souvent dans des endroits très limités. «Il y a des trous où l’on pourra en pêcher beaucoup alors que tout à côté, il n’y aura rien.» Ces poissons sont voraces et se jettent sur n’importe quel appât : sauterelles, mouches, viande, vers, etc. Ils ne se prennent qu’en saison chaude. La pauvreté des rivières et des cours d’eau est, en partie, compensée par les poissons introduits. Le plus répandu est le cyprin doré (Carassius auratus) «qui a pullulé depuis que Jean Laborde l’a importé ». La carpe miroir (Cyprinus carpio specularia) est introduite par le Dr Legendre en 1914. Elle se répand rapidement partout. Les écrevisses, qui parviennent à de belles dimensions, sont abondantes ainsi que les anguilles. On prend aussi des crabes d’eau douce (Telphusa) à la main ou au panier. La pêche sportive se pratique également. En 1922, Louvel, chef du service des Eaux et forêts, fait un premier essai d’élevage des Salmonidés à la station d’Anala­mazaotra. Quelques années plus tard, en 1926, cet élevage est transféré dans l’Ankaratra, à Manjakatompo, dans le massif Tsiafajavona, à 2644 mètres d’altitude. Cet élevage qui porte alors sur l’acclimatation de truites arc-en-ciel (Salmo irideus) et de truites communes françaises (Salmo) réussit, grâce aux efforts et à l’ingéniosité de son fondateur. Les rivières du bassin de l’Ankaratra sont empoissonnées et, «dans ces eaux assez claires, assez froides et suffisamment pourvues en insectes, crustacés, vers, etc., les poissons prospèrent et atteignent un poids élevés. » Leur chair est souvent saumonée et ils ne se reproduisent que difficilement. En 1930, la concession de la pêche à la truite est louée à la Société de chasse et de pêche de la Grande ile. De cette époque date l’existence à Antananarivo d’une pêche sportive pratiquée soit au vif avec des grenouilles, soit au ver de terre, soit à la mouche artificielle. La pêche à la truite ressemble plus à un sport qu’à une pêche tranquille. Elle se pratique dans des sites particulièrement pittoresques, quelques-uns même sauvages, toujours grandioses. La période autorisée est celle des fortes chaleurs et des pluies, à partir du mois de décembre. Les endroits de pêche les plus proches d’Antananarivo, sont Ambatolampy, Sabotsy et la arde ’Andriambilanandry. De là, on atteint très facilement les rivières dites «Andranomary I et II la grande rivière (Tavolotara, Ambondrono et Anteja), Ambadinangavo et Antsijorano. « L’élevage de la truite ne s’est pas limité à l’Ankaratra, mais a été étendu à d’autres régions du centre près d’Antsirabe et de Betafo, à Ambohimahasoa, à Mandraka et à Faratsiho. »
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