Voyage au fil de l’eau dans le Nord-ouest


Durant son séjour à Madagascar, à partir de juillet 1864, l’aide-naturaliste au Musée royal d’histoire naturelle des Pays-Bas, François Pollen, choisit Nosy Be comme l’une de ses bases pour ses expéditions sur la Grande-terre. C’est à cette occasion qu’il rencontre le jeune roi de Nosy Faly avec qui il se lie d’amitié (lire précédente Note). Le jeune roi est resté un an chez les missionnaires jésuites à la Ressource, dans l’ile de La Réunion, quand son père décède. D’après François Pollen, il se hâte de rentrer devant les tentatives de son oncle Tsimatahotro de s’emparer du trône (Un voyageur hollandais sur la côte Nord-ouest en 1864, texte présenté par Y. G. Paillard). « Le jeune Ndrivotsi qui avait assez bien profité des instructions des jésuites pour le peu de temps qu’il était resté parmi eux, leur prouva sa reconnaissance en leur accordant de professer librement leur religion dans ses États, et fit honneur à son nom chrétien de François-Xavier Andrianjalahy II. » C’est ainsi que la Société de Jésus fait bâtir une église et une école sur un plateau élevé, un des plus magnifiques et des plus fertiles de Nosy Faly. Mais, commente François Pollen, « l’indifférence des indigènes pour la religion chrétienne obligera les jésuites d’abandonner leurs tentatives pour prêcher parmi eux l’Évangile, malgré les bonnes dispositions du jeune roi en leur faveur ». Quelques années plus tard, ces édifices ne sont plus que ruines et, en l’absence des prêtres, Ndrivotsi retombe sous l’influence de ses femmes, « dans les idées religieuses de son peuple » et « oublia une grande partie des bons principes qu’il avait reçus ». Son oncle Dindila exerce également une grande influence sur lui. Lui aussi a été éduqué chez les jésuites de la Ressource où il est resté cinq ans, mais son défaut est de s’adonner à la boisson trop souvent. En octobre 1864, François Pollen et son ami, Douwe Casparius Van Dam décident de rendre une nouvelle visite au jeune roi. Durant ce second séjour, ils constatent « plusieurs préparatifs solennels ». Curieux, ils se renseignent et apprennent que le temps est venu pour le roi, sa famille, ses ministres, ses hauts dignitaires et une grande partie de ses sujets et de ses esclaves, d’entreprendre, « pour la première fois », un pèlerinage au tombeau de son père. Le but étant « de faire des prières et des sacrifices en l’honneur du feu roi et de renouveler le serment que son successeur avait prêté, de gouverner son peuple avec justice et bonté, selon les lois du pays ». Les deux Hollandais émettent le souhait « d’être les spectateurs et compagnons de ce pèlerinage», mais la permission ne leur est accordé que sur consentement de la famille royale, des ministres et des vieux dignitaires consultés. Sans ce consentement, « il est défendu à quiconque et surtout à des étrangers de voir le tombeau royal qui est sacré, sous peine de mort ». La permission leur est finalement donnée. Le jour du départ est annoncé par « un bruit féroce de tam-tam et de cornes de bœuf ». Des dizaines de petites et grandes pirogues attendent sur la plage pour conduire les invités au lieu de débarquement. « Le roi et ses deux frères souhaitent prendre place dans notre canot américain que nous avions, pour la circonstance, orné avec les pavillons tricolores de France et de Hollande. » Une grande embarcation suit dans laquelle prennent place les épouses, la mère et les sœurs du roi, ainsi qu’un groupe de joueurs de tam-tam et de cornes de bœuf. Viennent ensuite une multitude de canots qui embarquent ses ministres, hauts dignitaires, sujets et esclaves, tous armés. Tout au long du voyage, d’autres embarcations rejoignent le cortège. Vers midi, le canot des Blancs arrivent à destination. « Pendant que nous attendions (les autres pirogues), nous offrîmes au roi et aux princes un bon verre de cognac, puis dès l’arrivée des autres embarcations, nous nous mîmes en route. J’avais envoyé mes domestiques en avant avec nos bagages, tandis que nous, en compagnie du roi, des princes et de ses ministres, nous prenions un petit sentier jusqu’au pied du promontoire Ambato, dans les forêts duquel se trouve le tombeau royal. » Ce petit sentier parcourt d’abord une forêt de palétuviers, puis une autre plus étroite, remplie de toutes sortes d’essences. Au pied des arbres, se trouvent des arbustes dont quelques-uns sont en fleurs et reliés par de grosses lianes qui, « pendant des branches de ces majestueuses colonnes, formaient une forêt impénétrable ». Texte : Pela Ravalitera - Photo : Cassam Aly Ndandahizara
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