La mort racontée autrement


«La mort ne surprend pas le sage, il est toujours prêt à partir » disait le sage Jean de la Fontaine. Grégoire Lacroix, disait que « la mort c'est juste un examen où tout le monde est reçu ». La mort, un thème bien singulier qui a tant fait couler d’encre, de larmes, de sueurs, de sangs. La mort qui a vu tant de vivants mourir de peine, de tristesse, de mélancolie, de dépression, d’abat­tement. Mais certaines morts ont vu des joies, des satisfactions, des rires, des contentements, de la jouissance. La mort, un thème bien singulier car elle suscite l’effroi, la fuite autant que la curiosité de l’être humain. Il y a une chose dont on est certain, dans cette vie, personne n’en sortira vivant. Certains attendent la mort mais ils ne sont toujours pas sur la liste. D’autres se donnent la mort mais elle ne se laisse pas saisir si facilement. Ceux-ci la fuient mais elle les fauche sans crier gare et les attend au tournant. Ceux-là donnent la mort, avec ou sans raison. Les uns meurent dans une grande souffrance, les autres dans la plus grande douceur d’une nuit, sans peine, après une journée remplie de joie. Beaucoup traversent le long couloir tout seul ne pouvant appeler qui que ce soit. Quelques-uns ont la chance de tenir la main d’un être aimé. Des vivants sont morts sans que le souffle de la vie les ait quittés. Ces enfants qu’on cache, qu’on ignore, qu’on tue à coup de faux diagnostics et de surmédications. Toutes ces familles, ces mères, pères, frères et sœurs, grands-parents qui sont là, spectateurs impuissants de la mort bien vivante et vivace d’un être chéri ou quelquefois haï et stigmatisé. Des enfants sans voie ni voix qui sont actuellement des morts-vivants sans droits et sans avenir. Questionné sur le fait qu’ils n’ont pas mentionné le sort des personnes en situation de handicap dans leurs programmes, les candidats du premier panel durant le débat pour les candidats à la présidentielle organisée par la FES mercredi dernier ont eu une réponse honteuse. Ils disaient qu’ils ont parlé des urgences. À croire que le sort de ces personnes vulnérables et marginalisées, dans un environnement déjà insoutenable pour des personnes valides et acceptées par la société, n’est point plus urgent. La mort est multiforme et elle peut se vivre tout au long de toute une vie. La mort, thème choisi par le cinquième festival de l’art urbain qui se déroule actuellement à Antananarivo. Bien singulier disait-on au début de ce texto car permet à de multiples artistes d’ici et d’ailleurs de revenir sur le sens de la vie et de sa finalité. Danseurs, peintres, chanteurs, slameurs et tant d’autres talents collaborent pour donner souffle à cet évènement qui ranime l’espoir en l’art en tant que passeur de message et de songes. L’Is’art Gallerie met en avant cette nouvelle génération engagée qui croit en son pouvoir de faire changer des lignes avec les talents artistiques qui n’attendent qu’un coup de pouce pour grandir. Un art et des artistes engagés qui luttent pour que naissent ou renaisse une relation plus patriotique entre les citoyens et ce beau pays. Durant le festival, Antananarivo sera gratifié de spectacles, de fresques, de prestations de haut niveau. « On pourrait considérer que fleurir une tombe c'est de l'acharnement thérapeutique, mais c'est surtout faire douter la mort de sa victoire » (Grégoire Lacroix). L’appui du festival de l’art urbain à des initiatives sociales est aussi comme un peu de miel sur le riz rouge du sosoa du matin des enfants de l’Akany Avoko. Merci à tous les artistes qui ont acceptés de les soutenir en reversant une partie des fonds récoltés par la vente des œuvres d’art qui sont exposées au FIAT Behoririka, partenaire et mécène de l’évènement.
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