A pesteriori


Cent morts. Ce chiffre fatidique sera bientôt atteint puis dépassé par le nombre de ceux qui ont payé de leur vie l’épidémie de peste. Si en deux mois, on en est à ce chiffre, par déduction arithmétique, on devrait arriver au quadruple à la fin de la saison pesteuse en mars 2018. C’est d’autant plus possible qu’une partie de la population n’y croit pas du tout et refuse de respecter les consignes pour limiter la propagation de la bactérie. Ce qui complique la mission des personnels de santé et affaiblit toutes les stratégies de lutte mises en place. Des comportements de désobéissance civile séquelles indélébiles du coup d’Etat de 2009 qui a généré une anarchie totale dans la société. On devra donc ronger son frein pendant six mois avant que la peste parte pour une pour une trêve cyclique avant de réapparaître pendant sa saison de prédilection. Du moins en supposant que les choses soient fidèles aux prévisions. Dans le passé, ici comme ailleurs, les épidémies de peste ont duré plusieurs années. Rien n’est donc sûr et les craintes sont d’autant plus justifiées que la peste a trouvé une île paradisiaque, une nature cinq étoiles qu’elle pourrait demander un visa de long séjour aux autorités des frontières. On se demande bien si Antananarivo et les autres villes, pourraient encore redevenir des agglomérations propres un jour avec cette crasse épaisse qui s’incruste jusqu’aux os. Le fait est que malgré les efforts entrepris par le Samva pour ramasser les ordures entassées depuis plusieurs années, il reste des endroits où il est difficile de se frayer un chemin, où on vit au milieu de saletés indescriptibles et qui sont devenues les seuls décors d’une existence inhumaine. Dès maintenant il faut songer à l’après peste pour ne pas tomber dans la précipitation et la désorganisation comme c’est le cas cette année. Il ne faut pas se contenter de ressasser qu’il s’agit de la saison pesteuse et de la subir comme une fatalité, sans rien entreprendre. Il faut relancer les projets de traitement des ordures, trouver un nouveau système de ramassage, quitte à privatiser la voirie. Ce qui est certain, c’est qu’avec les moyens dont ils disposent actuellement, les faibles ressources générées par les frais administratifs, aucune commune ne peut assurer convenablement le ramassage des ordures. Pire, le problème s’étend dans les communes rurales où il n’existe ni bac à ordures, ni décharges. On a intérêt à réfléchir dès maintenant aux solutions et aux dispositions qu’il faut prendre sans concession sinon le bilan risque d’être encore plus catastrophique. L’erreur serait de dormir sur ses « lauriers » quand on aura vaincu le cru 2017 de la peste. Pour le moment, on est encore en plein dedans. Par Sylvain Ranjalahy
Plus récente Plus ancienne