La foule, l’argent, le pouvoir - Des candidats à armes égales


Les trois supposés grands candidats sont désormais engagés à la course à la présidentielle. Un candidat mise beaucoup sur la foule et un budget colossal mais ses rivaux peuvent lui tenir tête. Les partisans de Andry Rajoe­lina et lui-même se voient déjà à la présidence de la Répu­blique à travers la foule qu’il réunit là où il passe. Une foule compacte et impressionnante mobi­lisée avec des moyens financiers importants et avec le soutien de plusieurs artistes. Animateur et organisateur de show depuis sa jeunesse, Andry Rajoelina est passé maître dans cet art. Pour le moment il est presque seul sur le terrain favorisé par un texte muet sur la pré-campagne électorale et par un Premier ministre issu de Mapar et contraint de fermer les yeux sur les agissements de son parrain. Mais ni la foule, ni l’argent ni le pouvoir n’ont jamais été un garant absolu de la victoire dans une élection. C’est une grossière erreur qui a piégé plusieurs candidats. Ratsiraka avait tout en 2002 , le pouvoir, l’argent et la foule mais s’était fait battre à plate couture par Ravalomanana. Ce dernier était au pouvoir en 2007 mais son candidat s’est fait bouffer par Rajoelina aux communales. Plusieurs candidats en lice pour la présidentielle de novembre ont au moins les mêmes moyens que Rajoelina. À commencer par son meil­leur ennemi Rajaonarimam­piana qu’il avait soutenu en 2013 mais qui s’est détourné de lui une fois élu. Le président de la République rameute également la foule partout où il passe pour des inaugurations. Désillusions En quatre ans il s’est constitué un important trésor de guerre pour pouvoir briguer un nouveau mandat. Même si son pouvoir a été sérieusement réduit par la crise qui a failli l’emporter, il a encore les moyens de tenir en respect son ancien patron pendant la Transition. Surtout s’il fait un tandem avec l’ancien président Marc Ravalomanana destitué par Rajoelina en 2009 comme on le chuchote. La popularité de Ravalomanana reste importante comme en témoigne la foule qui s’agglutine spontanément sur son passage d’un bout à l’autre du pays. Ses moyens financiers semblent également intacts malgré les pillages de ses sociétés en 2009. Ses contributions financières pour l’égli­se FJKM à l’occasion de son 50e anniversaire prouvent qu’il a encore les moyens de ses ambitions malgré une relative discrétion ces derniers temps. D’autres candidats disposent également des moyens insoupçonnés et arrivent à remplir facilement les enceintes des spectacles. Le pasteur Mailhol, par deux fois, à montré qu’il n’a aucune peine à remplir le Coliseum d’Antsonjombe sans recourir au coup de pouce des artistes et sans tam tam médiatique. La fortune du pasteur de l’église Apokalypsy n’est plus à démontrer et après l’essai raté de 2013 à cause d’une erreur de prophétie, il a suffisamment les moyens pour regarder ses adversaires les yeux dans les yeux. Le candidat Roland Ratsi­raka a également rempli sans coup férir le Coliseum d’Antsonjombe hier. Il a montré, par l’occasion, que le show il s’y connaît et il n’a rien à envier à l’ancien Dj. L’ancien ministre Paul Rabary dispose aussi de grands moyens à ce qu’il parait et bénéficie de soutiens importants. La foule, l’argent et le pouvoir semblent ainsi être des dénominateurs communs à plusieurs candidats. Ils risquent d’être insuffisants pour l’emporter et causer d’énormes désillusions à celui qui se voit déjà Président avant l’heure.
Plus récente Plus ancienne