Transport nationale - Un danger public sur la RN 4


Il croyait que son frère allait se faire lyncher par un chauffard de ligne concurrent et des passagers. Mais ayant fait une mauvaise chute, un cinquantenaire se retrouve à l’hôpital. Dommage collatéral. Un père de famille de 58 ans est alité depuis le 2 avril au Centre hospitalier universitaire Joseph Ravoahangy-Andrianavalona à Ampefiloha, depuis dix sept jours. Avec un traumatisme du bassin, une fracture du fémur droit et une autre de la main gauche. Ce, pour avoir voulu secourir son frère, le matin du lundi de Pâques, vers 4 heures, du côté de Talatamaty. La victime a tenté de sauter par la vitre du taxi-brousse en voyant son frère encerclé par quelques passagers d’un autre véhicule de transport national. À l’origine de ce triste incident, le chauffeur d’une coopérative nationale exploitant la ligne Mahajanga-Antananarivo (RN 4), a pourchassé et tenté «d’assassiner» le chauffeur et les passagers d’une coopérative concurrente qui travaille sur le même axe, le dimanche de Pâques. Un véritable danger public, d’après les victimes. «Nous étions terrorisés depuis notre départ jusqu’à Talatamaty. Le chauffard n’a cessé de nous poursuivre, de nous gêner le passage. Cela a commencé quelques heures après notre départ de Mahajanga. À chaque fois qu’il a voulu dépasser le véhicule qui nous transportait, le conducteur lui a laissé le passage, mais il a refusé. Ou bien il l’a fait, mais du côté droit de la chaussée. Pire encore, il a allumé ses projecteurs arrière quand il nous a dépassés, éblouissant totalement notre chauffeur. En outre, à chaque fois, il a refusé de nous céder le passage, sauf près d’un ravin. Afin d’éviter un accident, notre conducteur a alors décidé de rouler très lentement pour lui donner une longue avance sur nous. Mais quelle n’a été notre surprise quand on l’a vu devant nous, à nous attendre au bord de la route. Mon épouse était complètement terrorisée cette nuit-là», raconte Hery, le frère de la victime hospitalisée. Attitude dangereuse Arrivé à une station-service de Talatamaty vers 4 heures du matin, le 2 avril, le car s’est arrêté et le passager, assis à l’avant avec sa femme, est sorti avec le chauffeur pour s’approcher de leur poursuivant. «Je lui ai fait savoir qu’il mettait en danger la vie des passagers aussi bien les miens que les siens sa façon de conduire et son comportement dangereux. Mais il a rétorqué que c’est notre chauffeur qui l’a provoqué. Puis, quelques passagers sont descendus pour nous encercler, notre conducteur et moi. Mon frère Jean, resté dans le car, a aussitôt pensé au pire et a sauté par la vitre car il n’est pas arrivé à ouvrir la portière», explique Hery. «Ils étaient huit personnes dont le chauffeur du taxi-brousse à l’entourer; j’ai vu que le ton montait et j’ai pensé au pire. J’ai demandé à ma belle-sœur, placée à l’avant, d’ouvrir la portière pour pouvoir sortir, mais elle n’y arrivait pas. Je suis resté coincé derrière, près de la portière. Pris de panique, je l’ai escaladée, mais j’ai fait une mauvaise chute», confie la victime. Depuis le 2 avril, Jean est admis à l’hôpital d’Ampefiloha où il a subi déjà plusieurs interventions. Il est resté allongé depuis dix neuf jours avec impossibilité de bouger son membre inférieur, la main gauche plâtré pendant deux mois. Ses activités professionnelles sont ainsi suspendues et compromises. Le pronostic vital est engagé, mais les médecins ne désespèrent pas. Le traitement consiste en deux tractions par des sacs de sable à partir de deux poulies en métal, insérées dans sa jambe et sa hanche. L’intervention a nécessité par deux fois une anesthésie générale. L’ATT de Mahajanga, la direction générale du ministère des Transports ainsi que la direction générale des deux coopératives ont été informés de l’incident provoqué par danger public. Vero Andrianarisoa
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