Rien ne remplace la peste


Fidèle au poste. C’est le moins que l’on puisse dire concernant la peste. Cette maladie moyenâgeuse avait fait deux cents morts l’année dernière et compte déjà quelques victimes cette année. La voilà donc qui se mêle de la bataille électorale débarquant en pleine campagne à la grande joie de ceux qui voulaient sinon annuler du moins reporter l’élection pour diverses raisons. Si la peste était aussi coriace que l’année dernière, elle pourrait constituer un cas de force majeure et cause d’annulation ou de report de l’élection. L’année passée, les écoles ont du être fermées pendant des mois et les rassemblements populaires étaient interdits au grand dam des organisateurs de spectacles, tous annulés. À en juger cette mesure c’est toute la période de la campagne électorale qui est hypothéquée. Les meetings doivent être logiquement interdits. Reste à savoir qui du Premier ministre et du Chef de l’État par intérim prendra cette décision capitale. La position de Christian Ntsay est très délicate étant donné que son camp, celui de Andry Rajoelina, ne voudrait pas entendre parler de report quelle qu’en soit la raison. Il s’agit de faire le choix entre la santé de 22 millions de personnes et le rêve de trente-six candidats.  La décision est d’autant plus difficile à prendre que d’aucuns argueront une pure invention de l’État pour pouvoir reculer l’élection. L’année dernière les proches des victimes ne voulaient pas y croire évoquant une affabulation de l’Etat pour pouvoir bénéficier d’aides internationales. Faute de vouloir trancher, le gouvernement ferait peut-être mieux de procéder d’abord à un référendum avant l’élection. On n’en est pas encore là. Et si on veut qu’on  n’en arrive pas là ces candidats doivent concevoir une politique nationale de santé pour éradiquer toutes les épidémies en particulier la peste, une maladie de la pauvreté et de la saleté. Aucun candidat ne s’y intéresse pour le moment, obnubilé par les Îles éparses, l’insécurité, la corruption, les infrastructures, les ressources minières, l’énergie... Personne ne parle des objectifs du développement durable qui constitue un baromètre de la pauvreté pour les Nations Unies. Madagascar n’a réussi aucun des défis posés par l’ODD et c’est la raison pour laquelle le sujet est complètement occulté. C’est un pari impossible à gagner étant donné qu’il est aberrant d’inciter la population à laver les mains en diverses occasions alors que l’eau est rationnée dans les bornes fontaines et que certains quartiers d’Antananarivo en sont privés toute la journée, toute la semaine, tout le mois, toute l’année. La peneau... rie est hélas une triste réalité. Inutile de parler de la situation dans le deep south sec et aride , à Ambovombe ou à Ampanihy où l’eau est aussi précieuse que l’or et le silence. C’est toute l’incohérence des projets financés par des bailleurs qui ne tiennent pas compte de certaines réalités. On consacre des centaines de millions de dollars pour protéger la faune et la flore alors que la population vivant dans la forêt meurt de faim et tue les lémuriens pour survivre. Le problème se complique d’une année à l’autre avec l’accroissement démographique, grandeur directement proportionnelle à l’augmentation de la population des rats dont un couple peut avoir un million de rejetons en un an. C’est dire la tâche qui attend les responsables courageux de la santé publique dans la lutte contre la peste. Plus de population, plus de pauvreté signifient plus de saleté, plus de maladies. Une équation à aucune inconnue et résumée par une formule toute simple, n’en déplaise à un organisme de service public dont on a emprunté la parodie, rien ne remplace la peste. Hélas.
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