Blanchiment d'argent - Des politiciens véreux tenus à l’œil par le Samifin


Le service des renseignements financiers a livré, hier, son rapport d’activités 2017. Des fonds issus de fraudes et de trafics de bois de rose seraient utilisés par des politiciens. Secret de polichinelle. La Haute cour de justice aura du pain sur la planche. De hautes personnalités seraient impliquées dans des affaires de blanchiment de capitaux selon le Service des renseignements financiers (Samifin). En marge de la présentation du rapport d’activités 2017 et de la célébration du Xe anniversaire de cette entité, Boto Tsara Dia Lamina, directeur général du Samifin révèle l’implication de certains politiciens véreux qui utiliseraient des fonds issus de diverses fraudes et d’expor­tation illicite de bois de rose. Dans un rapport publié dans le site du Samifin, il est effectivement rapporté les typologies marquantes de l’année 2017. Il s’agit entre autres, du cas d’une personne politiquement exposée et opérateur économique malgache régulièrement associé et/ou impliqué dans des trafics illicites de bois de rose et dans d’autres infractions économiques et financières. De plus cet opérateur est cité dans les Panama papers en 2016. Il a été également poursuivi en 2017 par la justice d’un État membre de l’Union européenne pour enrichissement illicite, fraude fiscale et blanchiment d’argent. Démunis « Je suis tenu par les se­crets de l’enquête mais j’ai raison de dire que de hautes personnalités sont impliquées dans des dossiers de blanchiment d’argent », affirme-t-il Malgré la multiplicité des déclarations d’opérations suspectes (DOS) reçues et traitées par le Samifin, rares sont les cas aboutissant à des condamnations. En 2017, cent sept DOS évaluées à 233 milliards d’ariary ont été transmises au Parquet dont une seule a abouti à un règlement définitif. La faiblesse des résultats est liée à la désuétude de l’actuelle loi sur le blanchiment d’argent et du financement du terrorisme. Vieux de quatorze ans, ce texte ne correspond plus au contexte actuel. À titre d’illustration, le texte de 2004 qualifie le blanchiment d’argent comme un crime. Ainsi, toute affaire liée à cette infraction doit être jugée par la Cour criminelle. Cependant, cette juridiction ne statue que deux fois par an d’où le résultat mitigé obtenu. La loi sur le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme a été actualisée. Déposés par le gouvernement auprès de l’Assemblée nationale en novembre 2017 avec celui sur le recouvrement des avoirs illicites, les projets de loi sont toujours en attente d’adoption malgré les recommandations récurrentes du Fonds monétaire international (FMI) à chaque mission d’évaluation à Madagascar. Toutefois, cette loi apporte un nouveau souffle dans la lutte contre ce fléau. « Nous avons proposé que les infractions liées au blanchiment d’argent soient muées en délit. Ainsi, le traitement des dossiers prendront une certaine célérité », explique Boto Tsara Dia Lamina. En attendant la promulgation des nouvelles lois, les délinquants peuvent toujours agir à leur guise. Par ailleurs, en tant que membre du Groupe d’action financière (GAFI), les instruments juridiques sur le blanchiment d’argent à Madagascar sont jugés non conformes. Ainsi, la Grande île fait partie, depuis juin, des pays à suivi renforcé, pénalisant ainsi les transactions financières au niveau international.
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