Maparricide


Divorce, cassure, dislocation. La déclaration de Andry Rajoelina sur deux plateaux de télévision a sonné le glas à l’alliance, que l’on savait éphémère, entre Mapar et Tim. Le gourou du Mapar a clairement affirmé qu’à partir du moment où un gouvernement est en place pour organiser les élections, le mouvement du parvis de l’hôtel de ville n’a plus aucune raison d’être. Autrement dit les députés Mapar n’y participeront plus. Ce qui fut fait dès hier où les députés Tim ont été bien seuls. Du coup ils ont dû trouver une parade pour tenter de continuer le mouvement malgré tout. Après avoir été baptisé « mouvement pour le changement » quand des députés ont été nommés ministres et ont abandonné le parvis, la foule et l’insolence des mots à l’endroit du Président , les rescapés ont annoncé hier que désormais il s’agit d’un mouvement syndical soutenu par les députés. Voilà donc le cuirassé « potemtim » disloqué par ce Maparricide que l’on sentait venir. La position du Mapar montre l’omnipotence de Andry Rajoelina envers ses partisans dont la virulence sur le parvis n’a d’égal que la soumission à leur maître. Quand le Premier ministre a été nommé, les députés Mapar ont crié haut et fort à la trahison avant de faire profil bas, après s’être fait remonter les bretelles par Rajoelina. C’est pareil quand le gouvernement Christian Ntsay a été nommé avec des vieux singes honnis par le peuple du parvis. Les députés Mapar laissés à quai ont continué à amuser la galerie sur le parvis jusqu’à ce que Rajoelina leur fait signe de laisser le terrain aux irréductibles du Tim. Qu’on le veuille ou non, le mouvement a pris un sale coup et on se demande jusqu’à quand il peut tenir. Un bon test pour le Tim pour savoir s’il peut faire cavalier seul, et s’il a encore un fond de popularité comme le laissent supposer les tournées impromptues de Ravalomanana un peu partout. Même si les ténors de l’alliance Mapar-Tim ont toujours affirmé que le rapprochement était limité dans le temps, et que seule la bataille contre les lois électorales les unit, on s’attendait à ce que cette relation incestueuse aille plus loin. Pour Mapar, les choses sont désormais claires. Il s’agit d’anticiper la présidentielle en l’organisant le plus tôt possible de manière à ce que le président de la République démissionne deux mois avant le scrutin, faute d’avoir été déchu par la Haute Cour Constitutionnelle. Avec le Premier ministre et le ministre de l’intérieur comme alliés, Mapar est bien armé pour parvenir à ses fins. La Ceni aura beau proposer une date, le gouvernement choisira vraisemblablement début octobre. Mais la messe est loin d’être dite étant donné que les débats risquent d’être houleux en conseil des ministres où les éléments du HVM sont majoritaires. Quand au Tim, Ravalomanana semble en perte de vitesse et se soucie plus de son patrimoine que de la présidentielle. Avec l’industrie, l’eau et l’enseignement technique comme ministères, on voit mal comment on peut gagner l’élection au demi-tour. Le seul intérêt c’est de pouvoir rouvrir les usines et magasins AAA par l’entremise de Guy Rivo Randrianarisoa ministre des finances. Pour Mapar, le Tim n’est même pas un allié de poids en terme électoral. Quand on voit l’incapacité de l’administration Tim à gérer la capitale où l’anarchie n’a jamais été aussi étouffante, on en conclut qu’entre 2002 et 2018, la popularité de Ravalomanana a été divisée par dix. Il est loin le temps où Ravalomanana respirait l’ordre, la discipline, la prospérité. C’était à une époque où la seule prière que l’on récitait par cœur était Tim is money.
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