Évêques du diable


Il est de la conférence des évêques comme il est du Sefafi, les deux semblent prêcher dans le désert. Les déclarations se suivent et se ressemblent, d'un côté comme de l'autre, à fréquence régulière sans que cela fasse sourciller le pouvoir. Jusqu'ici, ils enfoncent une porte ouverte en mettant le doigt sur des maux que tout le monde connaît, que les citoyens constatent et vivent au quotidien au point de frôler la banalité. Il serait peut-être mieux que le Sefafi et les évêques fassent une introspection, balaient d'abord devant leurs portes pour retrouver une certaine crédibilité, une notoriété reconnue pour qu'ils soient écoutés et entendus, voire craints. Si la société en arrive à cette situation où tous les repères, toutes les valeurs morales, toutes les éthiques ne sont plus que des souvenirs, le Sefafi et les évêques en particulier, l'Église en général, ont failli à leur mission. Le premier ambitionne d'être une plateforme d'éducation de la vie nationale alors que l'Église prétend épanouir tout homme et tout l'homme. Si les bandits osent voler la quête, les cloches, violent les bonnes sœurs et tuent les prêtres comme on égorge un poulet,  c'est qu'ils estiment que l'Église est tout, sauf une institution qui respire l'honnêteté, la droiture et la justice. Les histoires de pédophilie à travers le monde, les malversations au Vatican, la mauvaise conduite de certains prélats de l'Église ont fini par éclabousser toute l'institution, voire la démystifier. L'implication de l'Église à travers le FFKM, et les hommes d'église, dans les affaires politiques ne fait qu'aggraver la situation. On ne peut pas à la fois réclamer la laïcité de l'État tout en s'immisçant dans les complications politiques. La seule vertu qui reste à l'Église est celle de servir de refuge aux politiciens véreux qui savent très bien qu'il suffit de faire le tour de toutes les paroisses et de toutes les confessions pour que la population vous vénère plus qu'un Dieu, pour que l'électorat donne sa voix les yeux bandés. Les évêques ne peuvent pas reprocher aux Présidents qui se sont succédé leur manque de sainteté. Mieux, ils savaient par cœur l'évangile selon Joël et Marc et le font répéter aux ministres pendant le conseil du gouvernement. S'il n'y a que des citoyens sans âme, sans aucun patriotisme, il faut en vouloir aux éducateurs dont font partie le Sefafi et l'Église. Si les ministres sont tous des voleurs, c'est que les sermons et les liturgies  n'ont pas été assez forts pour intimider et n'ont aucune portée. C'est que ni l'enfer ni la prison ne fait plus peur. Si les forces de l'ordre deviennent des bandits en treillis tout en étant des croyants pratiquants, c'est que l'Église ne sert que pour une notoriété sociale, pour sauvegarder une certaine image. Si les juges sont pour la plupart corrompus, c'est qu'ils savent pertinemment que le jugement dernier n'aura pas lieu et qu'ils n'auront pas à être traduits devant le procureur ou le substitut de Dieu pour répondre de leurs actes. À la longue et à l'image du syndicat des magistrats, le Sefafi et les évêques finiront par être taxés de déstabilisation. Par Sylvain Ranjalahy
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