Fianarantsoa - Les participants lancent un défi à l'État


Les résolutions du séminaire de Fianarantsoa demandent à l'État de solutionner les maux actuels. Ce serait la preuve qu'il est toujours maître de la situation. Le défi est lancé. Les parties prenantes au séminaire de Fianaran­tsoa veulent, visiblement, mettre l'État dos au mur. Une pression politique, notamment, pour l'amener à ouvrir le dialogue. Des échanges dont l'objectif final sera une remise à plat du système étatique et l'édification d'une nouvelle Constitution. « Si les tenants du pouvoir actuel s'estiment toujours à même de diriger le pays, qu'ils démontrent, dans les plus brefs délais, qu'ils peuvent mettre fin à la souffrance de la population », lance la résolution adoptée hier dans la capitale du Betsileo. Dans le cas contraire, les séminaristes qui estiment que « la crise profonde dans laquelle notre pays est englué nécessite une concertation entre Malgaches, afin de mettre en place des bases légitimes et acceptées de tous comme la Consti­tution et la loi électorale ». Le séminaire qui s'est tenu mardi et hier est intitulé « Fanarenam-pirenena tena izy », librement traduit en « le véritable redressement du pays ». Il est organisé par le « Kaomitin'ny fahamarinana, fandriampahalemana, fiadanana » (K3F) ou Comité pour la vérité, la sécurité et le bien-être. Les cogitations qui se sont tenues dans la grande salle de collèges saint François Xavier de Fianaran­tsoa, ont pour objectif de trouver des solutions aux causes de la paupérisation de la population et la dépravation sociale, entre autres, la corruption généralisée. Selon les organisateurs, « huit-cents personnes » représentant les partis politiques, la société civile et les entités religieuses y ont participé. Seulement, la participation massive des acteurs politiques ont éclipsé la dimension socio-économique du rendez-vous. Des candidats annoncés ou pressentis à la présidentielle comme Marc Ravalomanana, Saraha Rabeharisoa, Eliana Bezaza, le pasteur Mailhol et le député Harry Andraina­rivo ont pris part à l'évènement. Des figures de la politique, absents de l'arène depuis plusieurs mois, y sont également réapparus. Transition Les Bejamin Andriam­parany, ou encore Guy Maxime Ralaiseheno, Roger Ralison et Emile Ratefi­nanahary, entre autres, sont sortis de l'ombre. La résolution adoptée hier affirme que l'absence à cause de la perte de crédibilité des entités censées la dire et la faire respecter, ainsi que l'insécurité, empêche le bien-être de chaque individu. « Le constat de tous est que le pouvoir actuel est défaillant et doit se retirer » reste le non-dit des résolutions, comme l'affirme Emile Ratefinanahary. Mettant en avant l'alternance démocratique, les décideurs n'ont pas l'intention de quitter le pouvoir sans passer par des élections. « Le processus électoral n'en est qu'à ses débuts, nous constatons déjà que le cadre juridique est déjà une source de profond désaccord. Ce séminaire a été organisé dans le but d'éviter une nouvelle crise. Nous allons travailler depuis la base pour concrétiser cette résolution. Nous allons discuter avec le pouvoir afin de le convaincre d'y adhérer », indique-t-il. Comme il l'a déjà affirmé à maintes reprises, le pouvoir refuse toute discussion dont la finalité serait de mettre en place « une nouvelle transition politique ». En cas de refus de l'État, les cogitations de Fianarantsoa n'indiquent pas de plan B. Les récents évènements indiquent, d'autant plus, que l'État tend à affirmer son autorité et sa présence en matant toute tentative de dissidence politique. À l'instar des accords de réconciliations, la résolution d'hier risque de rester lettre morte. Garry Fabrice Ranaivoson
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