Puissance et déboire


Peut-on encore espérer une solution aux problèmes de la Jirama qui affecte ses abonnés ? Malheureux abonnés qui sont de véritables dindons de la farce. Ils n’ont pas à subir les problèmes financiers et matériels de la Jirama même s’ils ne représentent que 16 % de la population comme aimait le ressasser la Banque mondiale pour minimiser le problème. Un abonnement vaut un approvisionnement de tous les instants sauf en cas de force majeure. L’image de la population des 67 ha faisant une queue monstrueuse hier derrière un camion citerne de fortune pour distribuer de l’eau après la rupture d’un tuyau par des travaux d’assainissement, est juste pitoyable. La déveine semble harceler la Jirama. Outre les problèmes financiers incommensurables par ci, des pépins par là viennent aggraver la situation déjà invivable. Rupture de tuyau, coupure ou vol de câbles, explosion de transfo, destruction de poteaux, ensablement de turbine, faible niveau de l’étiage... Tous les jours sont un parcours du combattant autant pour les abonnés que pour les techniciens de la Jirama. Les dépanneurs de la Jirama doivent accomplir des miracles au quotidien pour rétablir des situations a priori désespérées. La vétusté des infrastructures de distribution d’eau et d’électricité constitue une autre paire de manche dans la galère de la Jirama. Tout doit être rénové. Or cela demande beaucoup de sous et techniquement c’est très compliqué, étant donné l’absence de politique d’urbanisation qui fait que les réseaux de distribution sous terre sont fonctions des constructions illicites un peu partout dans la ville. Tout le monde est au bout du rouleau. Le délestage est revenu plus fort que jamais dès le départ de l’ancien président Rajaonarimampianina dont on se moquait des explications. La question n’est plus une histoire de puissance disponible. Avec toutes les sociétés qui opèrent dans l’électricité, l’offre vaut désormais le double de la demande. Seulement, la Jirama est devenue la cliente de ses fournisseurs et leur doit une somme astronomique pour l’achat de gazole puis de fuel. Sans paiement, point d’électricité. Voilà en termes simples l’équation à zéro inconnu qui résume la situation de la Jirama. Ni la hausse du tarif, ni les subventions illimitées octroyées par l’état n’ont pas pu rétablir l’etat des finances de la Jirama. Avec les sommes englouties par la Jirama depuis 2009 grâce aux subventions de l’état, on aurait pu construire des centrales hydroélectriques ou solaires pour dénouer l’écheveau une bonne fois pour toutes. Mais on a préféré prendre des palliatifs pour contenir la colère populaire qui couve et qui risque de tout souffler sur son passage. Et on reste prisonnier de l’engrenage tendu par les fournisseurs. Peut-être jusqu’à l’éternité à l’allure où vont les choses. On se demande même si ces sommes ont été utilisées pour les raisons évoquées. Quand on sait que la Jirama achète plus cher que le prix à la pompe et que des contrats pour des travaux fictifs par des entreprises tout aussi fictives ont été signés, on réalise d’où viennent les difficultés de la Jirama. Un audit a été effectué, certains dirigeants de la Jirama ont subi des enquêtes mais tout le monde est aujourd’hui tranquille. La Jirama continue sa descente irrépressible aux enfers sans aucun espoir d’absout. Pourtant en 2008 les comptes de la Jirama étaient nettement créditeurs. Un an de Transition a suffi pour tout anéantir et plonger le pays dans les ténèbres
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